M. Antistius

RE, I 2, 2547, n° 16 (auteur : E. Klebs) ; BNP, 1, 788, n° I 8 (auteur : K.-L. Elvers) et G. Niccolini, FTP, p. 71.

Sources

Liv., 9, 16, 1-2 et 26, 33, 10.

Notice

M. Antistius, tribun de la plèbe en 319, aurait été à l’origine d’un plébiscite donnant les pleins pouvoirs au Sénat pour parlementer avec des rebelles de Satricum et pour décider de leur sort (138). Il est particulièrement intéressant de relever que Tite-Live fournit deux récits des mêmes événements. Dans le premier, situé dans la continuité chronologique de son ouvrage, le tribun et sa rogatio ne sont pas mentionnés. Ils ne le sont que dans le second récit, qui intervient dans le contexte de la deuxième guerre punique (peut-être à la suite d’un changement dans la source de Tite-Live)[1]. La scène se déroula au moment de la plainte des Campaniens au Sénat. On demanda son avis à un personnage du nom de M. Atilius Regulus pour les décisions à prendre. C’est lui qui rappela le précédent du tribun M. Antistius pour indiquer que le Sénat ne pouvait prendre de décision sans consulter le peuple et sans que ce dernier l’autorisât à agir seul. Il appela donc les tribuns à se mobiliser et son intervention entraîna le tribun L. Atilius[2] à consulter le peuple et à obtenir une délégation de pouvoir afin que le Sénat décidât seul. En dépit du fait que l’existence de la gens Antistia est bien attestée déjà pour cette époque[3], nous pouvons donc nous interroger sur l’existence réelle d’un tel tribun. En effet, cet épisode de 319 ressemble fortement à un précédent fictif inventé dans le but de fournir une justification à un acte politique ultérieur et ce M. Antistius doit être considéré avec suspicion.

Notes

[1] Voir St. P. Oakley, A Commentary on Livy, Books VI-X, 4, Book X, Oxford : Clarendon Press, 2005, p. 486.

[2] Sur ce personnage un peu compliqué à identifier, on se reportera à T. R. S. Broughton, MRR, 1, pour l’année 210 et à RE, II 2, 2077, n° 13, 14, 15 et 16. Concernant la loi qu’il aurait proposée à la suite de l’intervention de M. Atilius Regulus, voir J. von Ungern-Sternberg, Capua im Zweiten Punischen Krieg. Untersuchungen zur römischen Annalistik, Munich, 1975, p. 101-109, qui y voit une invention annalistique postérieure et qui est suivi sur ce point par P. Jal dans Tite-Live, Histoire romaine, XVI, Livre 26, Paris, 1991, p. 132-133, n. 3.

[3] Voir l’opinion d’E. Pais, Ricerche sulla storia e sul diritto pubblico di Roma, Rome : P. Maglione & C. Strini, 3, 1918, p. 22.