Sp. Sicinius

Pas d’articles dans la RE. Se reporter cependant à l’article sur Sp. Icilius, IX 1, 854-855, n° 5 (auteur : Fr. Münzer), consulter les notices sur G. Icilius Ruga et sur L. Sicinius L. f. Vellutus et G. Niccolini, FTP, p. 6-7.

Sources

D.H., 7, 14, 2 (sur le tribun de 492) et 7, 17, 2-6 (sur le tribun de 492). 

Notice

Sp. Sicinius aurait été tribun de la plèbe en 492. Ce personnage ne nous est connu que par Denys d’Halicarnasse (sous la forme Σπόριος Σικίνιος) et son existence ne va pas sans poser problème[1]. En effet, pour cette année 492, il est présenté comme le chef du collège tribunitien (dont il est le seul connu), un personnage qui aurait cherché à exciter la foule pour que le droit à la parole des tribuns ne soit pas entravé. Plus loin, toujours chez Denys d’Halicarnasse, il est associé à un plébiscite qui avait pour objet d’empêcher qu’on puisse interrompre un tribun de la plèbe lorsqu’il s’adressait au peuple (17). En cas d’interruption, ce plébiscite prévoyait que les tribuns pouvaient infliger une amende et, en cas de refus de paiement, pouvaient condamner à mort. L’existence d’une telle disposition n’est pas inconnue par ailleurs et il semble bien que la prise de parole des tribuns était protégée. Toutefois aucune des sources sur ce texte ne mentionne un plébiscite ou le nom de la personne qui le promulgua si bien qu’il est difficile d’affirmer l’existence de ce texte comme étant bien un plebiscitum Sicinium. Comme il s’agit assurément d’une très ancienne disposition plébéienne, il était logique de l’associer à une famille aussi ancienne et aussi importante[2].

Plus significative encore est la présence de ce tribun à cette date. On sait en effet qu’un autre Sicinius eut un rôle de premier plan lors des débuts du tribunat de la plèbe, et qu’un Icilius joua également un rôle majeur lors des années 494-493. Or, Sylburg préconisait de lire le texte de Denys d’Halicarnasse avec une leçon sans sigma, transformant le nom Σπόριος Σικίνιος en Σπόριος Ἰκίλιος et posant la question de l’identité ou non de ces différents personnages[3]. La modification proposée en son temps par Sylburg n’est pas satisfaisante car elle obéit trop à un désir de simplifier un problème complexe sans qu’aucun argument décisif ne vienne la renforcer. Il est plus judicieux de conserver le nom Sp. Sicinius. Reste alors l’identification ou non avec L. Sicinius Vellutus. Cette question est d’autant plus importante que Sicinius Vellutus est censé avoir été édile de la plèbe au moment où Sp. Sicinius exerça son tribunat. Le texte de Denys d’Halicarnasse fournit un argument allant dans le sens de deux personnes différentes puisqu’il indique de façon nette que, au moment où il s’adressa à la foule, Sp. Sicinius prit à témoin Iunius Brutus et Sicinius, anciens tribuns et alors édiles. Il est donc patent que, pour lui, il y avait là deux tribuns différents. Pour autant, voir ainsi deux Sicinius, à si peu de temps de distance, jouer des rôles si marquants ne laisse pas de surprendre. S’il en fut ainsi, il est probable qu’ils devaient être de la même famille (des frères, ou des cousins, moins probablement un père et un fils). Or ceci, Denys ne le dit pas alors qu’il est plutôt friand de ce genre de détails. Ainsi, en l’absence de tout autre témoignage, nous pensons qu’il s’agit bien de deux personnes différentes et que ce second tribun, s’il demeure suspect, ne doit pas être écarté pour autant.

Notes

[1] Le nom est cependant bien attesté. Voir les autres notices sur les Sicinii et notre présentation de cette famille. Voir aussi notre discussion complète des problèmes de noms dans Th. Lanfranchi, « Le premier collège tribunicien dans les manuscrits de Denys d’Halicarnasse », RPh, 87/2, 2013, p. 99-120..

[2] Les références indirectes à cette disposition se trouvent chez Cic., Sest., 79 ; D.H., 7, 17, 5 ; Liv., 3, 14, 5 ; Plin., Ep., 1, 23, 2 ; Paris, 9, 5, 2 et Val. Max., 9, 5, 2. Voir également Th., Mommsen, Le Droit public romain, traduit de l’allemand par P. F. Girard, Paris : E. Thorin, 1889-1896 (réimprimé par de Boccard à Paris en 1984-1985), 3, p. 332 et n. 1 ; Th. Mommsen, Histoire romaine, traduction par C. A. Alexandre, édition établie et présentée par Cl. Nicolet, Paris : Robert Laffont, 1985, 1, p. 205 mais qui parle d’une loi Icilia ; G. Rotondi, LPPR, p. 193-194 ; A. Alföldi, Early Rome and the Latins, Ann Arbor : UMP, 1963, p. 91-92 et p. 95-96 ; D. Flach, Die Gesetze der frühen römischen Republik. Text und Kommentar, Darmstadt : Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 1994, p. 79-82 n° 15 et B. Santalucia, Studi di diritto penale romano, Rome : L’« Erma » di Bretschneider, 1994, p. 69.

[3] Se reporter à nos notices pour chacun de ces tribuns.