Sp. Icilius

RE, IX, 1, 854-855, n° 5 (auteur : Fr. Münzer) ; BNP, 6, 706, n° 3 (auteur : Chr. Müller) et G. Niccolini, FTP, p. 16-17.

Sources

Calp. hist., frgt 25 Chassignet (= frgt 23 P1 et 2 = frgt 30 F = frgt 24 B, apud Liv., 2, 58, 1) ; D.H., 6, 88, 4 à 6, 89, 2 ; D.S., 11, 68, 8 (Sp. Acilius correspond à Sp. Icilius) et Liv., 2, 58, 1-2.

Notice

Sp. Icilius aurait été tribun de la plèbe en 470 mais le nom de ce personnage ne va pas sans poser quelques problèmes d’identification[1]. En revanche, la tradition manuscrite à son propos est assez nette. Certes, Diodore ne mentionne qu’un Σπόριος Ἀκίλιος mais la transformation en Icilius ne pose aucun problème. En effet, le texte de Tite-Live parle bien d’un Icilius (ilicium d’après la tradition symmachienne mais la correction est obvie). D’autre part, le même Tite-Live, offre déjà un cas d’hésitation entre Icilius et Acilius. En 456, au moment de l’adoption du plebiscitum Icilium de Auentino publicando, certains manuscrits (Mediceus, Harleianus, Parisiensis et Vpsaliensis) donnent une leçon en acilia tandis que le codex Oxoniensis fournit, lui, une leçon en ialia. La correction en Icilius est de l’humaniste Glareanus mais elle se comprend bien et ne pose aucun problème[2].

Les confusions autour de son nom tiennent en fait essentiellement au témoignage de Denys d’Halicarnasse qui, bien que ne mentionnant pas ce collège tribunitien de 470, évoque deux personnages :

  • un Sp. Icilius pour les années 494-493 (Σπόριος Ἰκίλιος), présenté comme ayant fait partie de la délégation de la plèbe au Sénat menée par Brutus ;
  • un Sp. Sicinius (Σπόριος Σικίνιος) présenté comme le chef du collège tribunitien pour l’année 492 et associé à une loi interdisant d’interrompre un tribun de la plèbe s’adressant au peuple[3].

Il est évidemment tentant de rapprocher les trois. En réalité, il faut probablement identifier le premier Sp. Icilius avec C. Icilius Ruga, membre du premier collège tribunitien. Il n’y aurait ainsi eu qu’un seul Icilius en 494 et 493[4]. Par ailleurs, les leçons des manuscrits ne permettent pas d’identifier l’Icilius de 470 à Sp. Sicinius. Il y a donc bien trois personnages différents et notre Sp. Icilius doit être analysé à part, d’autant qu’il nous est parvenu par deux traditions différentes, celle de Diodore de Sicile et celle de Tite-Live.

Le problème est alors que nous ne savons rien du tribunat de ce personnage et l’on peut se demander s’il n’a pas été ajouté à ce collège eu égard au prestige de sa famille et parce qu’il s’agissait du premier collège élu après une modification substantielle dans le mode d’élection des tribuns. Il s’agit donc d’un tribun peu sûr dont l’existence témoigne surtout du prestige des Icilii.

Notes

[1] On se reportera à la notice de C. Icilius Ruga et à notre présentation de la famille des Icilii. Voir aussi G. Smets, « Le prétendu Spurius Icilius dans Denys d’Halicarnasse », dans Annuaire de l’institut de philologie et d’histoire orientale et slave de l’Université libre de Bruxelles, VI, p. 265-269 et notre discussion complète des problèmes de nom dans Th. Lanfranchi, « Le premier collège tribunicien dans les manuscrits de Denys d’Halicarnasse », RPh, 87/2, 2013, p. 99-120.

[2] Liv., 3, 32, 7 et G. Smets, « Le prétendu Spurius Icilius dans Denys d’Halicarnasse », dans Annuaire de l’institut de philologie et d’histoire orientale et slave de l’Université libre de Bruxelles, VI, p. 268-269. Voir aussi Th. Lanfranchi, « Le premier collège tribunicien dans les manuscrits de Denys d’Halicarnasse », RPh, 87/2, 2013, p. 99-120.

[3] Voir la notice de Sp. Sicinius.

[4] Cf. sa notice.