Sex. Titius

RE, VI A 2, 1563, n° 22 (auteur : Fr. Münzer) et G. Niccolini, FTP, p. 18-19.

Source

D.H., 9, 69, 1.

Notice

Sextus Titius fut tribun de la plèbe en 462 en même temps que C. Terentilius Harsa et son tribunat ne nous est connu que par Denys d’Halicarnasse. Le nom présente quelques variantes peu importantes pour le prénom (σέξστου, ἕκτου ou σέκστου) et la tradition est unanime à lui attribuer un gentilice en Τίτου, corrigé depuis Sigismond de Gehlen en Τιτίου. En tant que tribun, il voulut remettre en avant la question agraire et la faire enfin aboutir (32). Le contexte politique étant déjà suffisamment tendu, la plèbe préféra repousser cette question à une date ultérieure et les démarches de Sextus Titius n’aboutirent pas. Il peut paraître curieux que Tite-Live, qui avait toujours évoqué jusque là les questions agraires, taise le cas de ce tribun. En fait, Ogilvie avance une bonne explication à ce phénomène. Le collège tribunitien de 462 se situe dans le livre trois de l’Histoire romaine. Or, si le livre deux s’était attardé sur les questions sociales en général, et agraires en particulier, le livre trois s’attache, lui, prioritairement, à la question du décemvirat. Dans cette optique, les autres problématiques sont reléguées à l’arrière-plan et Tite-Live met essentiellement en avant ce qui se rattache à ces luttes bien précises[1]. D’où l’insistance sur la proposition de loi de Terentilius Harsa et le silence quant aux actions de Sex. Titius. Il ne s’ensuit pas, selon nous, que l’historicité de ce tribun doive être niée. L’existence de ce nom à date ancienne est, nous l’avons vu, confirmée par des inscriptions et la question agraire n’avait pas encore été réglée en 462. Il est donc tout à fait possible que des tribuns aient continué de s’en préoccuper, en profitant d’un contexte politique troublé qui s’y prêtait à merveille. Dans le cas de Titius, pourtant, il est évident que la figure d’un autre Sex. Titius, tribun de la plèbe en 99 et rapporteur lui aussi d’une proposition de loi agraire dut jouer pour imposer ce nom entre tous, dont la tradition avait gardé le souvenir, à ce moment précis et dans ce contexte bien particulier de la loi agraire[2]. Il n’en demeure pas moins que l’existence de ce tribun est possible.

Notes

[1] R. M. Ogilvie, A Commentary on Livy : Books 1-5, Oxford : Clarendon Press, 1984, p. 411.

[2] Sur cet autre tribun et son plébiscite, voir J.-Cl. Richard, « Sur la rogatio Titia agraria (Obseq. 46) », MEFRA, 103, 2, 1991, p. 589-603.