Sex. Tempanius

RE, V A 1, 472-473 (auteur : Fr. Münzer) et G. Niccolini, FTP, p. 40.

Sources

Liv., 4, 38, 1-5 ; 4, 39, 4-9 ; 4, 40, 6-9 ; 4, 41, 1-7 et 4, 42, 1-2 ; Paris, 3, 2, 8 ; Val. Max., 3, 2, 8 et 6, 5, 2.

Notice

Sextus Tempanius fut tribun de la plèbe en 422. Son nom est un hapax car il ne se retrouve absolument nulle part[1]. La plupart du temps, il est orthographié « Tempanius », mais Ogilvie proposa en son temps une écriture en « Tampanius ». Sa démonstration repose sur le fait que certains manuscrits de la tradition nicomachienne mentionnent cette leçon en « Tampanius » et que la langue étrusque offre de son côté une large gamme de noms en « Tamp- », de même que la langue Volsque. Il relève aussi l’existence de Tampii à Préneste[2]. Il lui semble donc évident que la forme véritable et originelle était « Tampanius ». La démonstration est séduisante mais il est alors curieux que dans sa propre édition du livre IV de l’Ab Vrbe Condita, Ogilvie choisisse de faire apparaître la graphie « Tempanius » dans le texte et se contente de rejeter celle en « Tampanius » dans l’apparat critique. L’hypothèse demeure intéressante mais l’accord de la tradition manuscrite symmachienne semble tout de même commander le respect de la graphie traditionnelle.

Sex. Tempanius apparaît pour la première fois en 423, lors de l’accusation menée par les tribuns de la plèbe contre C. Sempronius Atratinus au motif qu’il aurait abandonné l’armée lors d’une campagne contre les Volsques. Il fut appelé à témoigner par le tribun C. Iunius qui espérait que son témoignage serait déterminant pour obtenir la condamnation du consul. Il devait les décevoir en produisant un témoignage qui ne l’accabla pas, tout au contraire. Nous apprenons alors qu’il servit sous les ordres d’Atratinus comme un des commandants de cavalerie et que son comportement à l’armée fut exemplaire. Ce cas est intéressant à plus d’un titre. C’est en effet un des plus anciens officiers militaires connus et, selon Suolahti, c’est même le premier préfet mentionné. Il s’agit donc d’un plébéien déjà assez haut placé et le peu que nous savons de sa carrière permet de supposer qu’il y avait là, au moyen de l’armée, une possibilité pour les plébéiens de se hisser dans l’échelle sociale de Rome. Suolahti n’hésite d’ailleurs pas à lui donner une origine qu’il qualifie de « rural equestrian class » ou « of equestrian descent »[3].

L’année suivante, en 422, il fut à son tour élu tribun de la plèbe. C’est au cours de cette année que le tribun L. Hortensius assigna à nouveau en justice C. Sempronius Atratinus. Quatre de ses collègues s’opposèrent alors à lui et le contraignirent à suspendre la procédure. Comme nous ne connaissons que cinq noms de tribuns pour l’année 422, nous pouvons supposer que Sex. Tempanius fit partie de ce groupe de quatre tribuns, mais il ne s’agit là que d’une hypothèse. L’existence d’un tel personnage ne nous semble guère faire de doute car on voit mal pourquoi son nom aurait été ajouté aux fastes tribunitiens et en particulier à cette date. Par ailleurs, ce collège comporte le personnage de Ti. Antistius, mieux attesté, ce qui renforce son caractère historique. Il est donc probable que la mémoire de ces tribuns défendant un patricien s’était conservée, associée à des noms bien caractérisés. Expliquer comment reste plus difficile et l’hypothèse d’Ogilvie d’un monument commémoratif n’est pas impossible sans pouvoir s’appuyer sur aucun élément véritablement tangible[4].

Notes

[1] De façon très significative, W. Schulze, Zur Geschichte lateinischer Eigennamen, Zürich et Hildesheim : Weidmannsche Buchhandlung, 1904, n’étudie pas ce nom qui n’apparaît qu’au travers de formes dérivées telles que « Tampianus » lorsqu’il étudie les noms étrusques de type « taφane », p. 277.

[2] R. M. Ogilvie, A Commentary on Livy : Books 1-5, Oxford : Clarendon Press, 1984, p. 593-594.

[3] J. Suolahti, The Junior Officers of the Roman Army in the Republican Period. A study on Social Structure, Helsinki : Weilin & Göös, 1955, p. 260, p. 280 et p. 294. Le sens de ces expressions est problématique et on notera que Cl. Nicolet ne retient aucun Tempanius dans l’ordre équestre. É. Belot, Histoire des chevaliers romains considérée dans ses rapports avec les différentes constitutions de Rome depuis le temps des rois jusqu’au temps des Gracques, 1, Paris : A. Durand et Pedone-Lauriel, 1866, p. 165-166 le mentionne juste avec son grade de « décurion des chevaliers ». Mais il reconnaît le rang de chevaliers à des plébéiens comme Sp. Maelius un peu plus loin, en particulier p. 168-174. Il faut donc sans doute comprendre que J. Suolahti désigne une famille typique de celles de ces principes des régions entourant Rome et ayant migré dans l’Vrbs. Ce ne sont donc pas encore à proprement parler des nobiles mais ils sont plus proches des patriciens que des plébéiens. Voir également J. Gagé, Enquêtes sur les structures sociales et religieuses de la Rome primitive, Bruxelles : Latomus, 1977, p. 247-248 et p. 310-312.

[4] R. M. Ogilvie, A Commentary on Livy : Books 1-5, Oxford : Clarendon Press, 1984, p. 596.