P. Curiatius

RE, IV 2, 1831-1832, n° 4 (auteur : Fr. Münzer) ; pas d’article dans la BNP et G. Niccolini, FTP, p. 47-48.

Sources

Liv., 5, 11, 4-16 et 5, 12, 1-13.

Notice

P. Curiatius aurait été tribun de la plèbe en 401. Il fit partie d’un collège tribunitien un peu particulier. En effet, les élections pour cette année-là ne permirent pas de pourvoir tous les sièges. Il fut donc décidé d’avoir recours à la cooptation, ce qui allait à l’encontre du plébiscite trebonien de 448 (55). Par ailleurs, on chercha d’abord à nommer des patriciens mais, face aux résistances, des partisans de patriciens furent finalement élus. Or, un des membres de ce même collège était un descendant de L. Trebonius Asper : Cn. Trebonius. Il s’indigna de l’entorse faite aux dispositions de son aïeul. C’est dans ce contexte, et, selon Tite-Live, pour ne pas subir la colère de Trebonius, qu’avec ses collègues M. Metilius et M. Minucius, P. Curiatius aurait inculpé deux tribuns militaires à pouvoirs consulaires de 402. Ils furent condamnés chacun à une amende de 10 000 as ce qui aurait suffit à apaiser la colère des plébéiens à propos de la cooptation. Par la suite, ces mêmes tribuns proposèrent une loi agraire dont nous ne savons rien et tentèrent de bloquer un temps le versement du tribut. Ils finirent par céder après l’élection d’un plébéien tribun militaire à pouvoirs consulaires.

L’historicité de ce personnage est plus que douteuse. On peut rappeler pour commencer que Pais se demandait si le texte de Tite-Live permettait de voir dans Curiatius et les deux autres accusateurs ces tribuns proches des patriciens alors cooptés. En réalité, le texte de Tite-Live est assez limpide et, comme l’a montré Ranouil, les seuls tribuns cooptés furent bien M. Acutius et C. Lacerius[1]. Par ailleurs, ce tribun est à rapprocher de C. Curiatius, tribun de la plèbe en 138 qui, avec son collègue S. Licinius, fit emprisonner deux consuls — P. Cornelius Scipio Nasica et D. Iunius Brutus — pour avoir refusé des exemptions lors d’une levée[2]. La proximité des situations laisse évidemment penser à une rétroprojection de l’annalistique et ce d’autant plus que les deux autres accusateurs, M. Metilius et M. Minucius, sont également sujets à caution[3]. Enfin, s’il existait, P. Curiatius serait le seul plébéien de ce nom attesté avant le IIe siècle. Ce n’est bien sûr pas impossible, mais, ajouté à ce que nous savons par ailleurs, cela rend son historicité très suspecte.

Notes

[1] E. Pais, Ricerche sulla storia e sul diritto pubblico di Roma, Rome : P. Maglione & C. Strini, 3, 1918, p. 71-72 et P.-Ch. Ranouil, Recherches sur le patriciat (509-366 av. J.-C.), Paris : Les Belles Lettres, 1975, p. 132 n. 3.

[2] Sur cet épisode, cf. Cic., leg., 3, 20 ; Liv., perioch. 55 et Val. Max., 3, 7, 3 et son abréviateur Paris, 3, 7, 3.

[3] R. M. Ogilvie, A Commentary on Livy : Books 1-5, Oxford : Clarendon Press, 1984, p. 649 ; P.-Ch. Ranouil, Recherches sur le patriciat (509-366 av. J.-C.), Paris : Les Belles Lettres, 1975, p. 132-133 et les notices de M. Metilius et de M. Minucius.