M. Sextius

RE, II A 2, 2040, n° 7 (auteur : Fr. Münzer) et G. Niccolini, FTP, p. 43.

Sources

Liv., 4, 49, 7-16 ; 4, 51, 1-8 et Zonar., 7, 20 (qui raconte la mort de Postumius et l’intervention du questeur mais sans le nommer).

Notice

M. Sextius fut tribun de la plèbe en 414. Il présenta un projet de plébiscite agraire et, dans le même temps, annonça qu’il comptait aussi demander l’envoi d’une colonie à Boles (78), reprenant ainsi la proposition de L. Decius (77), tribun de l’année précédente. Le tribun militaire à pouvoirs consulaires M. Postumius Regillensis s’y opposa et menaça ses soldats de dures représailles s’ils essayaient de soutenir le projet. M. Sextius réagit alors tout aussi vivement et le prit régulièrement à parti, ce que donne à voir Tite-Live dans un discours rapporté. M. Sextius est également lié à la mort de Postumius. En effet, parallèlement à ces luttes politiques à Rome, dans le camp militaire de Regillensis, les propos tenus par le tribun militaire choquèrent les soldats qui commencèrent à s’agiter. Un questeur manqua d’être lapidé en voulant ramener l’ordre mais ce fut finalement Postumius lui-même qui mourut lapidé par son armée. Le plébiscite de Sextius ne passa tout de même pas.

Le nom du questeur impliqué est significatif. Les manuscrits offrent un consensus quasi général autour du nom « Sextius » mais, Sigonius proposa de rétablir ce nom en Sestius en partant du principe que, d’après Tite-Live lui-même, il n’y aurait pas eu de questeur plébéien avant 409. Broughton, s’il donne la forme Sextius, y ajoute une note qui montre qu’il suit l’argument de Sigonius. À l’inverse, Münzer, suivi par Ogilvie et par Ranouil, refuse cette correction et pense qu’il faut bien lire Sextius. Ce P. Sextius serait ainsi une figure fictive tirée du tribun de la même année[1]. Il ne faudrait donc pas séparer les deux personnages qui seraient ainsi tous deux d’une authenticité douteuse car l’assassinat de Postumius rappelle celui, très semblable d’un légat prétorien du nom d’A. Postumius Albinus en 90. M. Sextius est par ailleurs un des rares tribuns sur lequel Tite-Live ajoute quelques détails psychologiques. Il est ainsi décrit comme un homme fin et éloquent, sachant s’adresser aussi bien à la foule que donner la réplique à des patriciens cultivés. Le fait que ces détails soient apportés à la figure d’un tribun douteux est tout à fait révélateur du point de vue de la construction livienne de la figure tribunitienne.

Note

[1] RE, II A 2, 2040, n° 7 ; T. R. S. Broughton, MRR, 1, p. 75 ; P.-Ch. Ranouil, Recherches sur le patriciat (509-366 av. J.-C.), Paris : Les Belles Lettres, 1975, p. 134 et R. M. Ogilvie, A Commentary on Livy : Books 1-5, Oxford : Clarendon Press, 1984, p. 610.