M. Flavius

RE, VI 2, 2528-2529, n° 19 (auteur : Fr. Münzer) ; pas d’article dans la BNP et G. Niccolini, FTP, p. 68-69.

Sources

Liv., 8, 22, 1-4 et 8, 37, 8-12 ; Paris, 8, 1, 7 et 9, 10, 1 ; Plin., nat., 7, 136 ; Val. Max., 8, 1, 7 et 9, 10, 1.

Notice

Ce personnage fut tribun de la plèbe en 327 et en 323[1]. L’année précédant son premier tribunat — 328 donc — fut marquée par la mort de sa mère et Flavius organisa à cette occasion une distribution de viande[2]. Tite-Live expose que cette distribution fut perçue par une partie du peuple comme une forme de rétribution visant à le remercier de l’avoir acquitté lors d’un précédant procès. En effet, Flavius avait été accusé pour une affaire d’adultère par l’édile C. Valerius et, si l’on en croit Valère Maxime, n’aurait dû son acquittement qu’à des circonstances particulières et à l’intransigeance de Valerius. En dépit de l’erreur sur le praenomen de Flavius chez Valère Maxime, la référence au nombre de tribus indique sans aucun doute qu’il s’agit là du même personnage. Dater ce procès est en revanche un peu plus complexe. Broughton identifie Valerius avec le consul de 331 et propose de placer le procès en 329. Oakley est plus évasif et propose, lui, 329 ou 328[3]. Suite à ces événements, il est visible que ce personnage s’était acquis une certaine notoriété puisqu’il fut facilement élu in absentia. Nous ne savons en revanche rien du contenu concret de son premier tribunat.

En 323, lors de son second tribunat, il proposa un plébiscite visant à punir les Tusculans pour avoir aidé les Véliternes et les Privernates à faire la guerre contre Rome (137). L’importance de cet acte, déjà perçue par Mommsen, a surtout été mise en lumière par L. Ross Taylor. En effet, une telle accusation posait problème puisqu’en 323, la dernière occurrence d’un combat entre Rome et ces peuples datait de 338 et que Flavius reprochait donc à Tusculum une défection remontant à 341-340 et restée impunie. Il aurait été pour le moins surprenant de demander un châtiment des Tusculans pour ce motif. En fait, l’action du tribun était bien plus pragmatique et visait à empêcher l’élection au consulat d’un personnage originaire de Tusculum : L. Fulvius. Par cette proposition, il cherchait donc à gêner le pouvoir exercé par les Tusculans dans l’assemblée centuriate ce qui suppose qu’à cette date au moins, l’ensemble des Tusculans avait acquis la citoyenneté romaine[4]. Ce combat était une véritable attaque contre la citoyenneté des Tusculans et la décision du Sénat en 338 de conserver à ce peuple la citoyenneté. Ce fut un échec puisque L. Fulvius fut élu consul pour 322. Toutes les tribus refusèrent la rogatio de Flavius sauf une qui, selon Ross Taylor, était sa propre tribu.

Notes

[1] E. Pais, Ricerche sulla storia e sul diritto pubblico di Roma, Rome : P. Maglione & C. Strini, 3, 1918, p. 84-85 identifie déjà les deux tribunats à un seul personnage.

[2] D’autres exemples plus tardifs de cette pratique sont connus, cf. Vir. ill., 32, 4 et Liv., 39, 46, 2.

[3] T. R. S. Broughton, MRR, 1, p. 144 ; St. P. Oakley, A Commentary on Livy, Books VI-X, 2, Books VII-VIII, Oxford : Clarendon Press, 1998, p. 625-627.

[4] Th. Mommsen, Le Droit pénal romain, traduit de l’allemand par J. Duquesne, Paris : A. Fontemoing, 1907, 1, p. 85 ; L. Ross Taylor, The Voting Districts of the Roman Republic, The Thirty Five Urban and Rural Tribes, Rome : American Academy in Rome, 1960, p. 214 et p. 302 ; M. Humbert, Municipium et civitas sine suffragio. L’organisation de la conquête jusqu’à la guerre sociale, Rome : EFR, 1978, p. 158-159 ; K.-J. Hölkeskamp, Die Entstehung der Nobilität. Studien zur sozialen und politischen Geschichte der Römischen Republik im 4. Jhdt. v. Chr., Stuttgart : Fr. Steiner Verlag, 1987, p. 180 et St. P. Oakley, A Commentary on Livy, Books VI-X, 2, Books VII-VIII, Oxford : Clarendon Press, 1998, p. 755-756.