M. Decius

RE, IV 2, 2277, n° 8 (auteur Fr. Münzer) ; pas d’article dans la BNP et G. Niccolini, FTP, p. 72-73.

Source

Liv., 9, 30, 3-4.

Notice

M. Decius fut tribun de la plèbe en 311. C’était sans doute un parent de P. Decius Mus, consul en 340, et de P. Decius Mucius, consul en 308, 297 et 295[1]. Il fut un des trois membres connus de ce collège tribunitien avec L. Atilius et C. Marcius Rutilus Censorinus. Comme ses collègues, à l’origine d’une mesure sur l’encadrement de l’armée, il proposa un plébiscite créant des duouiri nauales dont l’élection fut confiée au peuple (143). Il s’agissait de sous-officiers commandant chacun une escadre de dix navires, soit une flotte de vingt navires[2].

Si ce plébiscite est intéressant c’est qu’il se situe dans un contexte particulièrement révélateur quant à la naissance de la marine romaine. En 338, Rome battit Antium et fit installer les rostres sur le forum, même si aucune bataille navale n’est mentionnée dans nos sources et qu’il n’y en eut sans doute pas. Par ailleurs, la fin du IVe siècle fut également la période des premières fondations de colonies maritimes : Ostie en 338, Terracine en 329 et Pontiae insulae en 313. La construction de la uia Appia compléta, sur terre, le dispositif des colonies de bords de mer. L’action de ce tribun se situe donc dans le contexte de l’intérêt naissant des Romains pour la mer et des débuts de la marine de guerre romaine[3]. Comme le souligne J. Heurgon, il ouvrait la voie à une politique maritime romaine digne de ce nom. Il n’est d’ailleurs pas anodin que les deux premières authentiques opérations romaines en mer ne se fussent déroulées qu’après l’adoption de ce plébiscite[4]. Tous ces éléments ont poussé à voir dans ce tribun un personnage proche d’Ap. Claudius Caecus et ce d’autant plus que, peu de temps après, le traité romano-carthaginois de 306 est parfois attribué à Ap. Claudius. En l’état actuel de la documentation, et même si cette hypothèse est plausible, rien ne permet de l’affirmer[5]. En revanche, l’historicité d’un tel tribun est certaine.

Notes

[1] St. P. Oakley, A Commentary on Livy, Books VI-X, 3, Book IX, Oxford : Clarendon Press, 2005, p. 396.

[2] Sur l’explication du nombre de bateaux commandés, voir J. H. Thiel, A History of roman Sea-Power before the Second punic War, Amsterdam : North-Holland publishing company, 1954, p. 9, n. 21.

[3] J. Heurgon, Recherches sur l’histoire, la religion et la civilisation de Capoue préromaine des origines à la deuxième guerre punique, Rome : EFR, 1942, p. 277 ; J. H. Thiel, A History of roman Sea-Power before the Second punic War, Amsterdam : North-Holland publishing company, 1954, p. 3-59 ; R. Meiggs, Roman Ostia, Oxford : Clarendon Press, 1960, p. 20-27 ; A. Alföldi, Early Rome and the Latins, Ann Arbor : UMP, 1963, p. 347-349 ; St. P. Oakley, A Commentary on Livy, Books VI-X, 3, Book IX, Oxford : Clarendon Press, 2005, p. 394-396 et en dernier lieu M. Humm, Appius Claudius Caecus. La République accomplie, Rome : EFR, 2005, p. 142, n. 37.

[4] J. H. Thiel, A History of roman Sea-Power before the Second punic War, Amsterdam : North-Holland publishing company, 1954, p. 4-10.

[5] J. H. Thiel, A History of roman Sea-Power before the Second punic War, Amsterdam : North-Holland publishing company, 1954, p. 12-14 et p. 41-43 ; et M. Humm, Appius Claudius Caecus. La République accomplie, Rome : EFR, 2005, loc. cit.