L. Livius

RE, XIII 1, 814-815, n° 4 (auteur : Fr. Münzer), BNP, 7, 742, n° I 1 (auteur : P. Nadig) et G. Niccolini, FTP, p. 70-71.

Sources

Cic., off., 3, 109 ; Liv., 9, 8, 11-15 ; 9, 9 ; 9, 10, 1-2 et Zonar., 7, 26.

Notice

L. Livius fut tribun de la plèbe en 320 avec Q. Maelius et Ti. Numicius. Ce personnage mal connu pourrait être le père de M. Livius Denter[1]. Son nom pose problème car il n’apparaît que chez Tite-Live. À l’inverse, si on trouve bien chez Cicéron un Q. Maelius, L. Livius n’apparaît plus et est remplacé par Ti. Numicius. Cela peut s’expliquer soit par une erreur — peu probable au vu de la différence des noms — soit par le fait qu’il s’agit de deux personnes différentes. L. Livius aurait participé avec Q. Maelius aux négociations sur la sponsio qui suivit le désastre des fourches Caudines. Sur place, un premier accord fut conclu par les consuls, toutefois ce désastre subi par Rome — semblable par certains aspects à celui subi plus tôt contre les Gaulois — est en partie masqué par l’annalistique qui privilégie le sursaut romain. En effet, rentrés à Rome, les consuls conseillèrent au Sénat de ne pas accepter l’accord conclu et, pour tenir leur parole, de les renvoyer aux Samnites. C’est dans ce contexte que les tribuns de la plèbe intervinrent. Ils avaient accepté cette paix et s’opposaient à l’idée de renvoyer aux Samnites les personnes qui s’y étaient engagées. Ils furent contraints de démissionner et furent eux aussi rendus aux Samnites avec les autres otages qui devaient garantir la paix jurée. Nous ne savons rien de plus sur ce tribun.

Toute discussion sur l’existence de ces tribuns doit prendre en compte deux problèmes majeurs. Premièrement, le récit de la bataille des Fourches Caudines et de la sponsio qui aurait suivie a été réécrit par l’annalistique à la lumière de l’histoire d’Hostilius Mancinus. Il y eut en fait bien défaite et un foedus régulier tandis que l’intégralité de l’épisode de la sponsio est fictif, ce qui rend tout à fait douteuse l’intervention de ces tribuns[2]. En outre, si la datation des guerres samnites doit être revue, suivant en cela les hypothèses de M. Sordi et G. Firpo, alors la date de ce tribunat doit être située juste après cette nouvelle date, soit dix ans plus tôt[3]. Si on accepte leur authenticité, comme le souligne Oakley, il ne faut pas pour autant en faire de opposants à l’expansion romaine vers le sud, simplement des partisans d’une forme de temporisation[4]. Si, donc, l’existence d’un Livius à cette époque est possible, le récit de son action est fictif.

Notes

[1] Fr. Münzer, Römische Adelsparteien und Adelsfamilien, Stuttgart : J.-B. Metzler, 1920 (utilisé dans la traduction anglaise de Th. Ridley parue sous le titre Roman aristocratic Parties and Families, Baltimore : JHUP, 1999, p. 207).

[2] Voir sur ce point E. T. Salmon, Samnium and the Samnites, Cambridge : CUP, 1967, p. 226 ; M. Crawford, « Foedus and sponsio », PBSR, 41, 1973, p. 1-7 ; N. Rosenstein, « Imperatores Victi: The Case of C. Hostilius Mancinus », Class. Ant., 5/2, 1986, p. 230-252 et T. J. Cornell, « The Conquest of Italy », dans F. W. Walbank, A. E. Astin, M. W. Frederiksen, R. M. Ogilvie et A. Drummond (éd.), The Cambridge Ancient History (Second Edition), 7/2, The Rise of Rome to 220 B. C., Cambridge : CUP, 1989, p. 370-371.

[3] M. Sordi, « Alessandro e i Romani », RIL, 99, 1965, p. 435-452 ; Ead., « Sulla cronologia Liviana del IV secolo », Helikon, 5, 1965, p. 3-44 ; Ead., « L’excursus sulla colonizzazione romana in Velleio e le guerre sannitiche », Helikon, 6, 1966, p. 627-638 ; Ead., Roma e i Sanniti nel IV secolo a. C., Bologne : Cappelli, 1969. Contra cependant, E. T. Salmon, Samnium and the Samnites, Cambridge : CUP, 1967. E. T. Salmon a critiqué l’ouvrage de M. Sordi dans deux comptes-rendus, un paru dans Phoenix, XXIV, 3, 1970, p. 278-279 et l’autre dans Gnomon, 43, 2, 1971, p. 184-187. Plus récemment, G. Firpo est revenu sur cette question dans un article intitulé, « La cronologia delle guerre sannitiche », Ævum, 68, 1994, p. 33-49. Il reprend les arguments de Salmon et conclut plutôt dans le sens de Sordi et d’une révision de la chronologie des guerres samnites. G. Urso enfin, dans son article « La lex Poetelia Papiria e la data della Battaglia di Caudio », RIL, 1996, p. 113-120 revient lui aussi sur ce sujet et opte pour la nouvelle date de la bataille des fourches caudines.

[4] St. P. Oakley, A Commentary on Livy, Books VI-X, 2, Books VII-VIII, Oxford : Clarendon Press, 1998, p. 675-677.