L. Alienus

RE, I 2, 1480, n° 2 (auteur : E. Klebs) ; pas d’article dans la BNP et G. Niccolini, FTP, p. 24-25.

Sources

D.H., 10, 31, 1 ; 10, 33, 1 ; 10, 33, 4 ; 10, 48, 3-4 ; Liv., 3, 31, 1-2 et 3, 31, 5-6.

L. Alienus fut tribun de la plèbe en 456 et 455 avec L. Icilius. Il fut aussi édile de la plèbe en 454. Son nom est bien attesté dans la tradition manuscrite : Denys d’Halicarnasse ne l’appelle que Λεύκιος mais Tite-Live fournit son onomastique complète. On notera que Sylburg voulut faire de cet Alienus un Icilius. En tant que tribun, L. Alienus succéda à A. Verginius et à M. Volscius Fictor, réélus cinq années d’affilée et qui s’étaient opposés violemment aux consuls. Il fit donc partie, si l’on en croit Tite-Live, du premier collège de dix tribuns élus sous la République même si nous ne connaissons que deux membres de ce collège. Nous ne savons rien de précis de ce qu’il fit des deux années durant lesquelles il occupa sa charge si ce n’est qu’avec son collègue, il s’opposa lui aussi aux velléités patriciennes, tout particulièrement pour les questions de lotissement de terre.

Son édilité est mieux connue car c’est alors qu’il mit en accusation C. Veturius, le consul de l’année précédente, au motif qu’il aurait vendu le butin pris à la bataille de l’Algide au lieu de le distribuer aux soldats. Il obtint sa condamnation à une amende de 15 000 as. Un tel châtiment ne débloqua pourtant pas la situation puisque les consuls suivants continuèrent de s’opposer vigoureusement aux projets tribunitiens. Toutefois, c’est à la suite de cette affaire, et parce que ce type de querelle devenait récurrent, que fut décidée la création d’une commission législative dont le but était la mise par écrit des lois. Pour cela, on l’aurait d’abord envoyé à Athènes étudier la législation grecque en vue de rédiger le premier code de loi romain.

Il est difficile de trancher quant à l’historicité de ce tribun. Nous avons évoqué, dans la présentation des Alienii, les arguments d’Ogilvie et de Ranouil concernant l’impossibilité des procédures tribunitiennes les plus anciennes. Cependant, l’association de ce personnage au tribunat de L. Icilius tend plutôt à en accréditer l’authenticité. Inversement, l’évocation de cet L. Alienus dans une procédure tribunitienne impliquant un C. Calvius Cicero ne peut se comprendre que suivant un arrière-plan cicéronien tardif[1]. En outre, ce tribun est lié à des événements qui sont extrêmement répétitifs à cette période de l’histoire des tribuns. C’est d’ailleurs plus dans cette répétition que se situe son intérêt et il convient d’analyser ce cas en rapport avec les autres similaires. Il s’agit donc sans doute d’un authentique nom de tribun d’époque alto-républicaine dont l’histoire fut ensuite entièrement reconstruite à la lumière de considérations plus tardives.

Notes

[1] Volume I, p. 591.