L. Albinius C. f. Paterculus

RE, I 1, 1313, n° 4 (auteur : E. Klebs) ; BNP, 1, 429 n° 4 (auteur : K.-L. Elvers) et G. Niccolini, FTP, p. 1-6.

Sources

Ascon., Corn., 76 et 77 Clark (= p. 60 Stangl) ; Cic., Corn., I, 76 Clark (= p. 60 Stangl) et rep., 2, 59 ; D.H., 6, 96, 2 ; Liv., 2, 33, 1-3 ; Lyd., Mag., 1, 38, 2 et 1, 44, 1-2 ; Pompon., 20-22 (= D., 1, 2, 2, 20-22) ; T. Pomponius Atticus, frgt 3 P² (apud Ascon., Corn., p. 77 Clark = p. 60 Stangl) ; Sempr. Tudit., frgt 4 Chassignet (= frgt 4 P1 et 2, apud Ascon., Corn., p. 77 Clark = p. 60 Stangl) et Zonar., 7, 15.

Notice

L. Albinius C. f. Paterculus fut l’un des membres du premier collège de tribuns en 493. Nous savons très peu de choses sur ce personnage qui est, la plupart du temps, simplement mentionné. Si certains manuscrits d’Asconius proposent des leçons en labinius ou lauinius, elles ont été rétablies depuis en L. Albinius. Son cognomen est étrange car il est bien attesté dans des régions celtes. Cela traduit à coup sûr une invention car les cognomina attestés pour des plébéiens à si haute époque sont rares et souvent problématiques[1]. Pour le reste le nom de ce tribun ne pose pas de difficulté particulière et la tradition manuscrite est bien assurée.

Il est intéressant de noter que L. Albinius est mentionné par toutes nos sources (à l’exception notable de Denys d’Halicarnasse) et que les auteurs qui le citent (particulièrement Tite-Live et C. Sempronius Tuditanus) en font un des premiers tribuns nommés — le verbe latin est bien creo — les autres n’ayant été que cooptés. Il aurait donc été un personnage d’importance au sein de la plèbe. Ajoutons que, d’après Denys d’Halicarnasse, les tribuns de ce collège aurait poussé le peuple à participer au paiement des funérailles d’Agrippa Menenius. Ce nom réapparaît par la suite avec le L. Albinius qui aida les vestales en 390 et avec le tribun consulaire à pouvoir militaire de 379. Ces personnages permettent de supposer l’existence d’une famille plébéienne de ce nom. Ses traces demeurent cependant extrêmement ténues sous la République puisque nous n’en retrouvons ensuite plus aucun membre[2]. Un tel effacement de l’échiquier politique, témoignant d’un maintien dans les plus bas rang de l’échelle sociale romaine, rend douteuses d’éventuelles interpolations et accrédite l’historicité de la présence d’un membre de cette famille dans le premier collège tribunitien ou du moins parmi les premiers tribuns élus[3].

Notes

[1] I. Kajanto, The Latin Cognomina, Helsinki : Societas scientiarum fennica, 1965, p. 18, p. 80, p. 134 et p. 304 et volume I, p. 236-237.

[2] L’hypothèse que le beau-père de Sestius (mentionné par Cic., Sest., 6 et fam. 13, 8) ait été appelé un Albinius n’a plus cours depuis que D. R. Shackleton Bailey a montré qu’il s’agissait d’un Albanius. En revanche, il ne nous semble pas que sa démonstration qui fait du Albinius chargeant les vestales un Albanius soit aussi convaincante. Voir D. R. Shackleton Bailey, « Albanius or Albinius? A Palinode Resung », HSPh, 92, 1989, p. 213-214 et Id., Two Studies in Roman Nomenclature, New York : APhA, 1991, p. 5.

[3] Voir en ce sens J.-Cl. Richard, Les Origines de la plèbe romaine : essai sur la formation du dualisme patricio-plébéien, Rome : EFR, 1978, p. 569-570.