Cn. Sicinius (= Cn. Siccius)

RE, II A 2, 2188, n° 1 (auteur : Fr. Münzer) et G. Niccolini, FTP, p. 16-17.

Sources

Calp. hist., frgt 25 Chassignet (= frgt 23 P1et 2 = frgt 30 F = frgt 24 B, apud Liv., 2, 58, 1) ; D.S., 11, 68, 8 Liv., 2, 58, 1-2 et 2, 61, 1-9.

Notice

Cn. Sicinius fut tribun de la plèbe en 470, en même temps que M. Duilius, Sp. Icilius, L. Maecilius et L. Numitorius, dans le premier collège élu après le plébiscite de Volero Publilius. Le principal problème posé par ce personnage tient à son nom. En effet, Pison et Tite-Live l’appellent Cn. Siccius. Or, les Siccii étaient une gens patricienne qui s’éteignit très tôt[1]. La solution tient sans aucun doute à un amalgame des noms car, comme l’exposait Münzer, la confusion était fréquente, dans l’Antiquité, entre les Siccii patriciens et les Sicinii plébéiens[2]. Ce tribun devait donc être un Cn. Sicinius et, d’ailleurs, Diodore de Sicile, à l’inverse de Pison et de Tite-Live, évoque bien un Γάιος Σικίνιος. Cette hypothèse est corroborée par le fait que le collège tribunitien de 449, qui reprend tous les noms du collège de 470, mentionne un Sicinius mais aucun Siccius[3].

Durant son tribunat, il fut l’accusateur, avec son collègue M. Duilius, d’Ap. Claudius, le consul de l’année précédente, qui s’était violemment opposé à toute avancée dans le domaine agraire. Face à cette accusation, Claudius se défendit avec une virulence telle qu’il intimida même les tribuns, qui laissèrent l’affaire traîner en longueur. Ap. Claudius mourut avant l’ouverture du procès et l’affaire s’arrêta là. La présence d’un Sicinius dans une attaque contre un patricien n’est pas surprenante tant il s’agit d’un rôle classique pour un membre de cette famille et on peut alors se demander si c’est vraiment ce tribun qui seconda M. Duilius. En tous les cas, l’authenticité d’un tel tribun à une telle date est tout à fait possible.

Notes

[1] Voir W. Schulze, Zur Geschichte lateinischer Eigennamen, Zürich et Hildesheim : Weidmannsche Buchhandlung, 1904, p. 231, p. 371 et p. 424 ; P.-Ch. Ranouil, Recherches sur le patriciat (509-366 av. J.-C.), Paris : Les Belles Lettres, 1975, p. 90-91 et p. 188-189 et notre présentation des Sicci.

[2] RE, II A 2, 2188 et 2195 aux articles généraux sur les Siccii et les Sicinii.

[3] Pour une hypothèse semblable, voir J.-Cl. Richard, Les Origines de la plèbe romaine : essai sur la formation du dualisme patricio-plébéien, Rome : EFR, 1978, p. 529. Sur ces problèmes de nom, on pourra aussi consulter Th. Lanfranchi, « Le premier collège tribunicien dans les manuscrits de Denys d’Halicarnasse », RPh, 87/2, 2013, p. 99-120.