Cn. Ogulnius

RE, XVII 2, 2064, n° 2 (auteur : Fr. Münzer), pas d’article dans la BNP (se reporter à l’article sur son frère) et G. Niccolini, FTP, p. 77.

Sources

Lyd., Mag., 1, 45, 4 ; Liv., 10, 6 ; 10, 7, 1-3 ; 10, 9, 1-2 et 10, 23, 11-13.

Notice

Cn. Ogulnius est un personnage essentiel de l’histoire romaine, mais méconnu, sans doute parce qu’il souffre de l’ombre portée par son frère — Q. Ogulnius Gallus — dont il partagea une partie du cursus mais qui fit une carrière plus brillante. Il est d’abord connu pour le tribunat de la plèbe qu’il exerça, avec son frère, en 300. Leur tribunat fut essentiellement marqué par le plébiscite ogulnien (150). Ce plébiscite fut accepté et est demeuré sous le nom de lex Ogulnia de auguribus et pontificibus. Il ouvrit les collèges de pontifes et d’augures aux plébéiens mais les chiffres exacts sont encore discutés car nous dépendons entièrement, pour l’analyse de son contenu, du texte de Tite-Live, notre seule source avec une notice extrêmement imprécise de Jean le Lydien[1]. On peut s’étonner de ne pas retrouver Cn. et Q. Ogulnius dans les collèges nouvellement élus. En fait, une hypothèse de Münzer et Altheim, reprise par Gagé, l’expliquerait assez bien : Q. Ogulnius, au moins, aurait appartenu au collège des décemvirs ou se préparait à y entrer, comme en attesterait son rôle dans l’ambassade à Épidaure[2].

Par la suite, ce tribun fut, toujours en compagnie de son frère, édile curule en 296. Cette édilité, bien connue, fut marquée par plusieurs événements. Ils utilisèrent les produits des amendes infligées aux usuriers pour financer un certain nombre d’équipements et de monuments. Tite-Live est le plus complet à ce sujet et nous en fournit une liste : des portes de bronze au Capitole, des vases d’argent dans la cella de Jupiter, une statue de Jupiter, le pavement en pierre du premier mille de la uia Appia et, surtout, des représentations des jumeaux Romulus et Remus placées sous une ancienne statue de la louve romaine[3]. Ce dernier monument est sans doute le plus intéressant par sa portée politique visant à symboliser par les jumeaux, les deux catégories de la population — patriciens et plébéiens — enfin réunies sous l’égide la mère patrie[4]. Il convient par ailleurs très certainement de rapprocher ces activités édilitaires des constructions entreprises par Cn. Flavius et C. Marcius Rutilus Censorinus. Se dessine ainsi un mouvement d’ampleur dans lequel un groupe de plébéiens, anciens tribuns, joua un rôle de tout premier plan[5]. Cn. Ogulnius disparaît ensuite de nos sources mais l’authenticité de ce tribun est certaine.

Notes

[1] Voir également Cic., dom., 38 qui fait allusion de manière indirecte à la composition paritaire des collèges de pontifes et d’augures. Cf. le volume publié.

[2] J. Gagé, Apollon romain. Essai sur le culte d’Apollon et le développement du « ritus Graecus » à Rome des origines à Auguste, Rome : EFR, 1955, p. 153 et la notice de Q. Ogulnius.

[3] St. P. Oakley, A Commentary on Livy, Books VI-X, 4, Book X, Oxford : Clarendon Press, 2005, p. 259-267.

[4] C. Dulière, Lupa romana. Recherches d’iconographie et essai d’interprétation, 1, Texte, Bruxelles et Rome : Institut historique belge de Rome, 1979, p. 52-53. Sur la localisation de cette statue, voir C. Dulière, Lupa romana. Recherches d’iconographie et essai d’interprétation, 1, Texte, Bruxelles et Rome : Institut historique belge de Rome, 1979, p. 58-62. Contra, cependant, F. Coarelli, Il Foro romano, 2, Periodo repubblicano e Augusteo, Rome : Edizioni Quasar, 1985, p. 29-33, p. 87-90, p. 101-104 et p. 121-122 qui localise ce monument au comitium. Voir le volume publié.

[5] Voir en dernier lieu M. Humm, Appius Claudius Caecus. La République accomplie, Rome : EFR, 2005, p. 584-588.