Cn. Genucius

RE, VII 1, 1207, n° 4 (auteur : Fr. Münzer) ; BNP, 5, 766, n° 2 (auteur : K.-L. Elvers) et G. Niccolini, FTP, p. 13-14.

Sources

D.H., 9, 37, 2 à 9, 38, 3 et 10, 38, 4-5 ; Liv., 2, 54, 2 à 2, 55, 2 et Zonar., 7, 17.

Notice

Cn. Genucius aurait été tribun de la plèbe en 473. Les manuscrits de Denys d’Halicarnasse fournissent une légère variation sur son prénom lorsqu’il est mentionné en 10, 38, 4-5 mais il s’agit d’un point marginal. Notons par ailleurs que Niccolini proposait de dater ce tribunat de 474 et non de 473. Il se fondait pour cela sur le fait que les nouveaux consuls seraient peut-être entrés en charge le premier septembre et que leurs prédécesseurs auraient été poursuivis à l’automne, avant que les nouveaux tribuns n’entrent en fonction[1]. Cette hypothèse s’appuie sur le texte de Tite-Live qui peut effectivement prêter à confusion sur ce point. Toutefois, elle n’est valable qu’à partir du moment où l’on est sûr que l’entrée en fonction des tribuns se faisait bien le 10 décembre : pour une date aussi haute, nous n’en avons aucune certitude[2]. La date de 473 est donc tout à fait possible.

À l’instar des tribuns de 476 et 475, Cn. Genucius aurait menacé de poursuivre en justice les consuls de l’année précédente, C. Furius Medullinus et C. Manlius Vulso. Il s’appuyait pour cela sur leur refus d’accéder aux demandes agraires de la plèbe. Si l’histoire de Cn. Genucius est, jusque là, ordinaire, elle se distingue par sa fin. En effet, il ne put mettre ses menaces à exécution car il mourut précisément le jour où devait s’ouvrir le procès. On le retrouva sur sa couche, soi-disant assassiné par des patriciens. Le récit de cet assassinat tribunitien est exemplaire des reconstructions annalistiques. En effet, s’il est possible, vu l’importance de la famille des Genucii, que le nom d’un Genucius soit resté associé dans la tradition au meurtre d’un tribun et à une évidente violence des relations patricio-plébéienne dont l’affaire Sp. Cassius offre un précédent éminent, les rebondissements de l’affaire sont anachroniques. D’une part, l’idée de complots patriciens est antidatée[3] ; d’autre part, cet assassinat convoque le souvenir d’autres assassinats politiques postérieurs, tels celui de Scipion Émilien en 129 ou celui de M. Livius Drusus en 91. Nous avons donc affaire ici à une figure dont l’existence historique est possible mais qui a été remaniée par l’historiographie.

Notes

[1] G. Niccolini, FTP, p. 13-14.

[2] Cf. Th. Mommsen, Le Droit public romain, traduit de l’allemand par P. F. Girard, Paris : E. Thorin, 1889-1896 (réimprimé par de Boccard à Paris en 1984-1985), 2, p. 250-251 qui pense que cette date ne fut fixée qu’après la chute des décemvirs.

[3] Voir Tite-Live, Histoire romaine, II, livre II, texte ét. par J. Bayet et tr. par G. Baillet, Paris, 1941, p. 83, n. 1.