C. Oppius

RE, XVIII 1, 728-729, n° 7 (auteur : Fr. Münzer), pas d’article dans la BNP et G. Niccolini, FTP, p. 28-32.

Source

Liv., 3, 54, 13.

Notice

C. Oppius aurait été un des membres du collège tribunitien élu en 449, juste après la chute des décemvirs. Si l’historicité et l’ancienneté de la famille à laquelle il appartient ne font aucun doute, le premier Oppius dont l’authenticité soit absolument certaine est cependant C. Oppius, qui fut tribun de la plèbe en 215. On ne trouve pourtant pas moins de trois Oppii différents mêlés aux événements de 450-449 : notre tribun de la plèbe ; Sp. Oppius, membre du second collège décemviral ; et M. Oppius, tribun militaire en 449. Sur chacun d’entre eux, nous ne savons que peu de choses. C. Oppius fit partie de ces tribuns dont Tite-Live indique qu’ils furent élus spe deinde magis quam meritis[1]. Son nom connaît un certain nombre de variantes dans la tradition manuscrite : Oppius (M), copius (O), soppius (H), gopius (P) et g. opius (U). Oppius étant la lecture la plus logique, il faut la conserver. Sp. Oppius apparaît comme un des pires décemvirs et fut poursuivi en justice par P. Numitorius ce qui le poussa au suicide[2]. M. Oppius, enfin, est distingué parmi les tribuns militaires pour commander l’armée revenant vers Rome. Trois personnages différents et dans des camps opposés de surcroît, ce qui ne laisse pas de jeter la suspicion sur leur authenticité. L’existence des trois est hautement improbable, ne serait-ce que parce que le second collège décemviral n’est, en lui-même, guère fiable. Toutefois la présence de ces trois personnages demeure curieuse. Il est évident, suivant une hypothèse d’Ogilvie, qu’au sein des Oppii, il s’était transmis l’idée que la famille avait été mêlée aux troubles que vécut Rome dans ces années[3]. À partir de ce souvenir, les annalistes ont recomposé des listes de magistrats et des actions. Il est difficile d’en dire plus si ce n’est que la présence d’un Oppius dans le second collège décemviral est à peu près impossible[4]. Comme, toutefois, les Oppii sont une famille plébéienne assez ancienne, si un Oppius a bien existé à cette période, il a pu effectivement être tribun de la plèbe ou tribun militaire mais aucun élément décisif ne permet de l’affirmer ou de le nier avec certitude.

Notes

[1] Voir là dessus E. Pais, Ricerche sulla storia e sul diritto pubblico di Roma, Rome : P. Maglione & C. Strini, 3, 1918, p. 201 (cf. également p. 33, p. 150 et p. 165) qui interprétait cette mention de Tite-Live comme une indication de ce que le récit livien dérivait probablement ici d’un récit annalistique récent. Cependant comme il n’apporte aucun élément de justification de cette remarque, il ne nous semble pas qu’il y ait là une hypothèse véritablement probante.

[2] Cf. le volume publié pour plus de détail sur ce procès.

[3] R. M. Ogilvie, A Commentary on Livy : Books 1-5, Oxford : Clarendon Press, 1984, p. 461-462. Cette opinion est combattue par P.-Ch. Ranouil, Recherches sur le patriciat (509-366 av. J.-C.), Paris : Les Belles Lettres, 1975, p. 105 qui penche plutôt en faveur de l’invention tardive d’ancêtres légendaires.

[4] P.-Ch. Ranouil, Recherches sur le patriciat (509-366 av. J.-C.), Paris : Les Belles Lettres, 1975, p. 101-112 pour une démonstration très convaincante de l’anhistoricité de ce second collège décemviral.