C. Laetorius

RE, XII 1, 449, n° 1 (auteur : Fr. Münzer) ; pas d’article dans la BNP (se reporter à la présentation générale des Laetorii, 7, 169-170) et G. Niccolini, FTP, p. 15-16.

Sources

D.H., 9, 46 à 49 et Liv., 2, 56.

Notice

C. Laetorius (dont le prénom nous est donné seulement par Denys d’Halicarnasse : Γάιος Λαιτώριος) aurait été tribun de la plèbe en 471 en même temps que Volero Publilius. Il existe de légères variantes dans la tradition manuscrite. Ainsi, en 9, 46 on trouve une hésitation entre λετώριος (Chisianus 58) et παιτώριος (Urbinas 105). Toutefois, en 9, 48 et en 9, 49, Jacoby l’écrit bien Λαιτώριος sans problème de manuscrit signalé. Comme, chez Tite-Live, la tradition symmachienne est unanime à l’appeler Laetorius, ces variantes doivent être considérées comme marginales et sans conséquence.

En tant que tribun de la plèbe, il est connu pour l’appui qu’il apporta au projet de plébiscite de Volero Publilius (29) qui n’avait pu être voté l’année précédente. Ce plébiscite visait à transférer l’élection des tribuns de la plèbe aux comices tributes[1]. Tite-Live et Denys d’Halicarnasse insistent tous deux sur le rôle décisif joué par ce personnage dans l’adoption du plébiscite de Publilius. C’est en effet lui qui chercha à l’imposer et Denys d’Halicarnasse lui prête un long discours dont le contenu est proche de celui mis dans la bouche de L. Iunius Brutus. En défendant cette loi, C. Laetorius entra en conflit avec le consul Ap. Claudius et il fallut l’intervention du collègue de Claudius — T. Quinctius — pour apaiser la situation. C’est à la suite de ces tensions que le Sénat, après de nouvelles discussions, finit par donner son accord au plébiscite. Si l’affaire est exposée de façon identique dans nos deux sources, il faut toutefois noter une légère variante dans la présentation de ce tribun. En effet, chez Denys d’Halicarnasse, cet homme, pour avoir été un bon soldat, n’en est pas moins quelqu’un d’habile dans les affaires publiques et sachant discourir. À l’inverse, Tite-Live insiste sur le fait que le tribun était un soldat avant tout et, par conséquent, quelqu’un de simple et à l’éloquence maladroite. Cet aspect militaire du personnage est intéressant à la fois dans l’optique de la construction d’une figure générale des tribuns de la plèbe, mais aussi si on rapproche ce tribun du seul autre Laetorius connu pour cette époque : M. Laetorius centurion primipile de la première compagnie choisi pour dédicacer en 495 le temple de Mercure. Or, ce centurion avait déjà été choisi par le peuple afin de se venger de l’action d’Ap. Claudius. Il est donc fort probable que ces figures se soient contaminées mutuellement.

L’histoire des Laetorii associée à l’ensemble des traits archétypaux de ce personnage (soldat, ennemi de Claudius, son action comme tribun) laissent fortement douter de l’authenticité de ce C. Laetorius tel qu’il est présenté dans nos sources[2]. Certes, l’année 471 est tout à fait significative dans l’histoire du tribunat de la plèbe et il est à peu près certain que le plébiscite de Publilius date bien de cette époque, mais la figure de C. Laetorius a été, elle, très largement retravaillée, peut-être à partir de la seule transmission du nom.

Notes

[1] Voir la notice de Volero Publilius et le volume publié pour le sens exact de ce plébiscite.

[2] R. M. Ogilvie, A Commentary on Livy : Books 1-5, Oxford : Clarendon Press, 1984, p. 377 se prononce contre son existence historique.