C. Lacerius

RE, XII 1, 327 (auteur : Fr. Münzer) ; pas d’article dans la BNP et G. Niccolini, FTP, p. 47-48.

Source

Liv., 5, 10, 3 et 5, 10, 10-11.

Notice

C. Lacerius, personnage au nom extrêmement rare, aurait été tribun de la plèbe en 401. La présence d’un tel nom à si haute époque peut paraître surprenante même si nous en avons des attestations d’époque impériale. Par ailleurs, la présence d’un tel tribun dans ce collège est aussi le fait d’une situation peu ordinaire. En effet, le collège tribunitien de 401 est marqué par une disparité dans sa composition. À l’issue de l’élection, comme le nombre de dix tribuns n’avait pas été atteint, il fut décidé de recourir à la cooptation pour compléter les postes à pourvoir. C. Lacerius fut un des tribuns choisis, et ce grâce à l’appui du patriciat, selon Tite-Live, ce qui laisse supposer qu’il faisait partie de la clientèle d’une gens patricienne ou, du moins, qu’il était proche du patriciat. Un autre tribun de la même année, M. Acutius, fut également coopté de la sorte. Cela allait à l’encontre de la Lex Trebonia de 448, d’où l’ire d’un des membres de ce collège, un dénommé Cn. Trebonius, possible descendant de L. Trebonius Asper.

L’historicité de ce tribun est problématique. Certes, l’absence totale d’autres Lacerii, notamment à la fin de la République plaide en sa faveur. Pour autant, son nom demeure suspect et certains historiens ont bien remarqué qu’on pouvait étymologiquement le rapprocher des verbes lacerare (mettre en morceaux, déchirer, faire souffrir) et acuere (rendre aigu, rendre pointu, aiguiser). Comme la cooptation de ce tribun provoque précisément de fortes tensions et déchirures au sein du collège de 401, on peut estimer que les annalistes tardifs ont pu créer ce personnage de toutes pièces à partir d’un nom de leur époque pour le marquer ironiquement[1].

Note

[1] R. M. Ogilvie, A Commentary on Livy : Books 1-5, Oxford : Clarendon Press, 1984, p. 648.