C. Calvius Cicero

RE, III 1, 1413, n° 2 (auteur : Fr. Münzer) ; BNP, 2, 1007 (auteur : K.-L. Elvers) et G. Niccolini, FTP, p. 26-27.

Source

Liv., 3, 31, 5-6.

Notice

C. Calvius Cicero aurait été tribun de la plèbe en 454. Le nom de ce personnage est par lui-même déjà assez surprenant car le gentilice Calvius est peu courant sous la République[1]. Un certain nombre de manuscrits proposent d’ailleurs une leçon non en Calvius mais en Claudius : Claudio (E, O, P, U), ou Clauio Claudio (M et H). Cela signifierait que l’on aurait ici affaire à un C. Claudius et non pas à un C. Calvius. Les Claudii étant, à cette date, une importante famille patricienne dont il n’est pas sûr qu’une stirps plébéienne soit déjà issue, cette hypothèse paraît peu probable et il convient de conserver la leçon en Calvius, suivant une correction de Weissenborn. Cela témoigne toutefois d’une incertitude quant au nom qui ajoute un argument contre l’authenticité des Caluii archaïques. L’autre point surprenant est le cognomen du personnage. Au vu de sa signification, il n’est pas totalement invraisemblable même si les surnoms étaient rares à cette date[2]. Une invention de l’annalistique antérieure à Tite-Live n’est pas à exclure. Étant donné que le seul Cicéron qui aurait pu justifier un tel ajout avant Tite-Live est M. Tullius Cicero, Ogilvie pense qu’on peut attribuer l’ajout de ce cognomen à un auteur comme Valerius Antias[3]. Dans tous les cas, cette falsification date du dernier siècle de la République et alimente les doutes sur l’authenticité du personnage.

Lors de son tribunat, ce tribun fut l’accusateur du consul de l’année précédente : T. Romilius Rocus Vaticanus au motif que le butin pris lors de la bataille de l’Algide avait été vendu pour renflouer le trésor public et non distribué aux soldats. Le consul fut condamné à une amende de 10 000 as. Denys d’Halicarnasse ne mentionne jamais C. Calvius Cicero et attribue la mise en accusation de Romilius à L. Sicinius Dentatus. Par ailleurs, cette mise en accusation d’un ancien consul eut lieu en même temps que celle de l’autre ancien consul — C. Veturius Cicurinus — par L. Alienus, ancien tribun et édile de la plèbe cette année-là. Enfin, ces différents procès se déroulèrent alors que les tribuns s’efforçaient de faire accepter une loi de lotissement agraire. Il s’agit donc d’un contexte de forte tension avec le patriciat et l’analyse de la mention de ces procès ne peut se faire sans en tenir compte. Le but était moins de se venger des consuls que de faire pression sur le patriciat afin d’obtenir satisfaction quant à la loi visée. Dès lors, si l’historicité de C. Calvius Cicero est douteuse, il est en revanche probable que ce type d’affrontements put avoir eu lieu à ce moment.

Notes

[1] RE, III 1, 1413-1414 les articles sur les Caluii ; W. Schulze, Zur Geschichte lateinischer Eigennamen, Zürich et Hildesheim : Weidmannsche Buchhandlung, 1904, p. 139 et R. M. Ogilvie, A Commentary on Livy : Books 1-5, Oxford : Clarendon Press, 1984, p. 448.

[2] I. Kajanto, The Latin Cognomina, Helsinki : Societas scientiarum fennica, 1965, p. 89, p. 118-119 et p. 335.

[3] R. M. Ogilvie, A Commentary on Livy : Books 1-5, Oxford : Clarendon Press, 1984, p. 448 et volume I p. 591.