Titinii

Les Titinii sont une lignée plébéienne assez importante d’origine peut-être étrusque. En effet, ce nom est très certainement un dérivé de l’étrusque Titnie ou Tetnie, latinisé en Titinius, nom attesté par l’épigraphie pour les périodes anciennes[1] mais surtout pour des périodes tardives[2]. Cette famille pourrait provenir d’étrurie méridionale où ce nom est particulièrement bien attesté, notamment à Vulci[3]. Les inscriptions romaines républicaines — tardives — vont d’ailleurs plutôt dans le même sens[4]. À la fin de la République, on retrouve la famille à Minturnae[5]. Les Titinii sont bien attestés sous la République :

  • M. Titinius (10), tribun de la plèbe en 449 ;
  • Sex. Titinius (18), tribun de la plèbe en 439 ;
  • L. Titinius Pansa Saccus (25) tribun militaire à pouvoirs consulaires en 400 et 396[6] ;
  • M. Titinius (11), maître de cavalerie en 302 ;
  • P. Titinius Mena (24), qui aurait introduit les premiers barbiers à Rome depuis la Sicile en 300 ;
  • Titinius (1), auteur latin plus ou moins de l’époque de Plaute[7] ;
  • P. Titinius (16), légat lieutenant en 200 ;
  • M. Titinius Curvus (20, voir 12 et 13), tribun de la plèbe en 192, préteur en 178, proconsul en 177-175[8] ;
  • C. Titinius (5), tribun de la plèbe en 192[9] ;
  • M. Titinius (13, voir 20), préteur urbain en 178 ;
  • M. Titinius (12), monétaire vers 150-133 ;
  • C. Titinius (6), monétaire vers 135-127 ;
  • C. Titinius Gadeus (21), chef de brigands durant la deuxième guerre servile de Sicile ;
  • M. Titinius (14), officier de Licinius Nerva en Sicile en 104 ;
  • C. Titinius (8), chevalier romain attesté vers 100[10] ;
  • Cn. Titinius (9), chevalier romain qui prit la tête de l’ordre équestre vers 91[11] ;
  • C. Titinius (7), meneur d’une mutinerie contre L. Porcius Cato en 89[12] ;
  • Titinius (2), chevalier romain, victime des proscriptions de 82[13] ;
  • Q. Titinius (17), sénateur vers 70[14] ;
  • Titinia (26), d’époque cicéronienne ;
  • Titinius (3), soldat dans l’armée de Cassius en 43-42 ;
  • Titinius (4), légat lieutenant  ou préfet de la marine sous Octavien en 36.

Cette famille se trouve ainsi présente dans les affaires politiques romaines depuis le début jusqu’à la fin de la République. Elle n’entra cependant véritablement sur le devant de la scène politique qu’à la fin du Ve et au début du IVe siècle et n’atteignit jamais le consulat. On peut donc faire l’hypothèse que les Titinii arrivèrent à Rome au moment où l’influence étrusque connut une sorte de renouveau au milieu du Ve siècle avant d’asseoir leur présence par l’exercice du tribunat militaire à pouvoirs consulaires[15]. Ils ne dépassèrent pas un niveau intermédiaire dans la hiérarchie des honneurs et perdurèrent par la suite sous l’Empire où quelques Titinii sont attestés.

Notes

[1] H. Rix, ET, Vs 1.260 ; Vc 1.91, 1.92, 2.43 et 2.44.

[2] H. Rix, ET, Cl. 1.686, 1.780, 1.2415, 1.2416, 1.2417 ; Cr. 1.162 ; Vc 1.9, 1.11, 1.12, 1.46 et AT 1.140.

[3] Cf. les analyses de W. Schulze, Zur Geschichte lateinischer Eigennamen, Zürich et Hildesheim : Weidmannsche Buchhandlung, 1904, p. 242 ; J. Suolahti, The Junior Officers of the Roman Army in the Republican Period. A study on Social Structure, Helsinki : Weilin & Göös, 1955, p. 392 ; A. Carnoy, « Étymologie des noms romains d’origine étrusque », Ant. Class., 25, 1956, p. 404 ; P.-Ch. Ranouil, Recherches sur le patriciat (509-366 av. J.-C.), Paris : Les Belles Lettres, 1975, p. 192-193 R. M. Ogilvie, A Commentary on Livy : Books 1-5, Oxford : Clarendon Press, 1984, p. 496 et M. Morandi Tarabella, Prosopographia Etrusca, I, Corpus, 1. Etruria meridionale, Rome : L’Erma di Bretschneider, 2004, p. 536-539.

[4] CIL, I2, 683 (= ILS, 5734 = ILLRP, 720, Capoue) ; 1169 (= VI, 8365, Rome) ; 1170 (= VI, 8366, Rome) ; 1250 (= VI, 12289, Rome) ; 1696 (= ILS, 3237 = ILLRP, 86, Tarente) ; 2093 (= XI, 6959 = ILS, 5437 = ILLRP, 625, Luna) ; 2094 (= XI, 1347 = ILS, 6602 = ILLRP, 626, Luna) ; 2271 (= II, 3434 = 5927 = ILLRP, 778, Espagne) ; 2570 (= XI, 7722a, Caere) ; 2618 (= XI, 7722e, Caere) ; 2619 (= XI, 7699, Caere) et 2620 (= XI, 7661, Caere).

[5] Epigrafia e ordine senatorio. Atti del Colloquio Internazionale AIEGL (Roma, 14-20 maggio 1981), Rome : Edizioni di storia e letteratura, 1982, 2, p. 35 et p. 57.

[6] Liv., 5, 12, 10 fait de ce personnage un patricien mais ce témoignage isolé est très incertain.

[7] H. Bardon, La Littérature latine inconnue, 1, L’Époque républicaine, Paris : Klincksieck, 1952, p. 39-43

[8] G. Niccolini, FTP, p. 109.

[9] Ibid., p. 109.

[10] Cl. Nicolet, L’Ordre équestre à l’époque Républicaine (312-43 avant J.-C.), 2, Prosopographie des chevaliers romains, Paris : De Boccard, 1974, p. 1038.

[11] Ibid., 2, p. 1039.

[12] J.-M. David, Le Patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine, Rome : EFR, 1992, p. 754-755.

[13] Cl. Nicolet, L’Ordre équestre à l’époque Républicaine (312-43 avant J.-C.), 2, Prosopographie des chevaliers romains, Paris : De Boccard, 1974, p. 1037-1038 et Fr. Hinard, Les Proscriptions de la Rome républicaine, Rome : EFR, 1985, p. 401-402.

[14] Cl. Nicolet, L’Ordre équestre à l’époque Républicaine (312-43 avant J.-C.), 2, Prosopographie des chevaliers romains, Paris : De Boccard, 1974, p. 1039-1040.

[15] P.-Ch. Ranouil, Recherches sur le patriciat (509-366 av. J.-C.), Paris : Les Belles Lettres, 1975, p. 189 et p. 192-193.