Titii

Cette lignée plébéienne[1] porte un gentilice qui rend particulièrement complexe l’identification d’une origo. Il dérive en effet du prénom Tite ou Titie, devenu gentilice puis latinisé, mais ce prénom se retrouve dans quasi toutes les langues italiques[2]. Cela se confirme au vu des attestations épigraphiques du nom de Titius. Une inscription de Préneste mentionnant une Titia est antérieure à la deuxième guerre punique[3]. Les autres, bien postérieures, n’apportent guère d’éléments même si l’on peut noter la présence d’un Titius au cognomen Etruscus[4]. De la même façon, l’origine osque n’est pas impossible et il en existe des attestations épigraphiques[5]. Enfin, ce gentilice se retrouve sur des inscriptions étrusques, là aussi fort nombreuses[6]. Sous la République, la famille est plutôt bien représentée :

  • Sex. Titius (22), tribun de la plèbe en 462 ;
  • C. Titius (6), préfet des alliés en 133 ;
  • Sex. Titius (23), tribun de la plèbe en 99[7] ;
  • C. Titius (8), soldat en 89 ;
  • Q. Titius (Mutto ?) (33), monétaire vers 87 ;
  • L. Titius (11 et 21), qui aurait prophétisé la victoire de Sylla sur Mithridate en 86 ;
  • Titius, préteur avant 81[8] ;
  • L. Titius (12), citoyen romain d’Agrigente attesté en 73[9] ;
  • P. Titius (19), peut-être chevalier, mentionné au moment de l’affaire Verrès ;
  • C. Titius (7), chevalier romain et homme de lettres[10] ;
  • Titius (2, voir 38), originaire de Reate et homme de main de Clodius ;
  • T. Titius (26), légat lieutenant en 51[11] ;
  • C. Titius Rufus (37), préteur urbain en 50[12] ;
  • L. Titius Strabo (42), correspondant de Cicéron[13] ;
  • C. Titius Strabo (41), fils ou frère du (42) ;
  • L. Titius (13), tribun militaire en 48 et peut-être 46[14] ;
  • Titius (voir 20), peut-être tribun de la plèbe ou préteur après 46[15] ;
  • Titius, tribun militaire en 46 ;
  • M. Titius Plutus (34), affranchi attesté à Pompéi en 46 ;
  • C. Titius (9), légat lieutenant en 43 ;
  • P. Titius (20), tribun de la plèbe en 43[16] ;
  • M. Titius (18), commandant irrégulier en 40, questeur en 36, proconsul de la flotte en 35-34, consul suffect en 31 et peut-être pontife après 34 ;
  • M. Titius (17), soldat en 36 ;
  • Sex. Titius (25), duumvir de Venusia en 31[17] ;
  • L. Titius (14, voir 15), préteur à une date incertaine[18] ;
  • Titius, peut-être tribun de la plèbe ou préteur à une date incertaine.

Cette lignée est donc bien attestée, tout particulièrement aux deux derniers siècles de la République. Toutefois, par l’épigraphie, on ne peut totalement éliminer l’existence de Titii antérieurs mais sans pouvoir préciser leur provenance.

Notes

[1] P. Willems, Le Sénat de la République romaine, sa composition et ses attributions, Louvain et Paris : Peeters et A. Durand et Pedone-Lauriel, 1, 1878, p. 716 rappelle l’existence de la curia Titia pour suggérer que les Titii pourrait avoir connue une ancienne branche patricienne mais rien dans l’histoire de la famille ne permet d’affirmer cela.

[2] Sur ce nom, voir BNP, 14, 742 ; W. Schulze, Zur Geschichte lateinischer Eigennamen, Zürich et Hildesheim : Weidmannsche Buchhandlung, 1904, p. 243 et p. 425 ; E. Pais, Ricerche sulla storia e sul diritto pubblico di Roma, Rome : P. Maglione & C. Strini, 3, 1918, p. 201-202 (qui optait pour une origine sabine) ; J. Suolahti, The Junior Officers of the Roman Army in the Republican Period. A study on Social Structure, Helsinki : Weilin & Göös, 1955, p. 165, p. 248, p. 283 et p. 391 ; A. Carnoy, « Étymologie des noms romains d’origine étrusque », Ant. Class., 25, 1956, p. 404 ; J. Reichmuth, Die lateinischen Gentilicia und ihre Beziehungen zu den römischen Individualnamen, Schwyz : Buchdruckerei Erwin Eberhard, 1956, p. 94 et O. Salomies, Die römischen Vornamen. Studien zur römischen Namengebung, Helsinki : Societas Scientiarum Fennica, 1987, p. 163-164.

[3] CIL, I2, 320 (= XIV, 3276).

[4] CIL, I2, 1981 (= XI, 3686, Caere) ; 2621 (= XI, 7698, Caere) ; 2023 (= XI, 2404, Clusium) ; 2030 (= XI, 2484, Clusium) ; 777 (= IV, 60 = ILS, 6375 = ILLRP, 763, Pompéi) ; 1777 (= IX, 6323, Corfinium) ; 1925 (= IX, 5623, Vrbs Salvia) ; 1994 (= XI, 2630, Cosa) ; 2271 (= II, 3424 = 5927 = ILLRP, 778, Espagne) ainsi que CIL, XI, 2461 (= CIE, 1614) et 2123.

[5] M. Lejeune, L’Anthroponymie osque, Paris : Les Belles Lettres, 1976, p. 112 et p. 143. 500-400 : Imag. Ital., 1, p. 251-252 Interpromium ( ?) 1 (= H. Rix, ST, p. 69 Sp CH 2). 325-300 : Imag. Ital., 2, p. 878-879 Nola 10 (= H. Rix, ET, Cm 2.74).  300-275 : Imag. Ital., 1, p. 357 Anagnia 14 (= H. Rix., ST, p. 93 He 3). Environ 150 : Imag. Ital., 1, p. 328 Sulmo 20 (= H. Rix, ST, p. 76 Pg 45). Environ 150-100 : Imag. Ital., 2, p. 809 Pompei 124 (= H. Rix., ST, p. 112 tPO 13).

[6] Cf. H. Rix, ET, vol. 1, p. 176 pour le relevé des occurrences et M. Morandi Tarabella, Prosopographia Etrusca, I, Corpus, 1. Etruria meridionale, Rome : L’Erma di Bretschneider, 2004, p. 541-542.

[7] G. Niccolini, FTP, p. 204-205 et p. 413.

[8] Ibid., p. 433.

[9] Cl. Nicolet, L’Ordre équestre à l’époque Républicaine (312-43 avant J.-C.), 2, Prosopographie des chevaliers romains, Paris : De Boccard, 1974, p. 1041-1042.

[10] H. Bardon, La Littérature latine inconnue, 1, L’Époque républicaine, Paris : Klincksieck, 1952, p. 97-99 et p. 132-133 ; Cl. Nicolet, L’Ordre équestre à l’époque Républicaine (312-43 avant J.-C.), 2, Prosopographie des chevaliers romains, Paris : De Boccard, 1974, p. 1040-1041 et J.-M. David, Le Patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine, Rome : EFR, 1992, p. 699-700.

[11] É. Deniaux, Clientèles et pouvoir à l’époque de Cicéron, Rome : EFR, 1993, p. 433-434.

[12] Ibid., p. 434-435.

[13] Cl. Nicolet, L’Ordre équestre à l’époque Républicaine (312-43 avant J.-C.), 2, Prosopographie des chevaliers romains, Paris : De Boccard, 1974, p. 1042-1043 et É. Deniaux, Clientèles et pouvoir à l’époque de Cicéron, Rome : EFR, 1993, p. 561-562.

[14] Cl. Nicolet, L’Ordre équestre à l’époque Républicaine (312-43 avant J.-C.), 2, Prosopographie des chevaliers romains, Paris : De Boccard, 1974, p. 1042.

[15] G. Niccolini, FTP, p. 443.

[16] Ibid., p. 354-359.

[17] CIL, I2, 1, p. 66 et InscrIt, XIII, 2, p. 60.

[18] Fr. Hinard, Les Proscriptions de la Rome républicaine, Rome : EFR, 1985, p. 533-534.