Sextii

Il s’agit d’une lignée plébéienne assez importante, présente à presque toutes les époques de l’histoire républicaine. Les Sextii sont probablement d’origine latine car le nom paraît proprement romain, même si une origine sabine a été proposée sur la base du cognomen de l’édile de 203[1]. Ce nom pourrait être un composé à partir du latin sex dont on sait qu’il a donné sextus, sestus ou sestilius[2]. Elle serait en ce cas originaire du Latium[3]. De fait, les Sextii sont attestés sur plusieurs inscriptions de Rome et du Latium[4]. Les inscriptions républicaines postérieures n’apportent pas plus d’informations mais ne modifient pas non plus ce tableau[5]. On notera enfin que les Sextii furent souvent confondus avec la gens patricienne des Sestii (les Sestii plébéiens n’apparaissant qu’au Ier siècle)[6]. Sous la République, sont attestés :

  • M. Sextius (7), tribun de la plèbe en 414 ;
  • L. Sextius Sextinus Lateranus (36), tribun de la plèbe de 376 à 367, consul en 366 ;
  • M. Sextius Sabinus (35), édile de la plèbe en 203, préteur en 202 ;
  • C. Sextius Calvinus (20), préteur vers 127, consul en 124 et proconsul en 123-122 ;
  • P. ? Sextius (1, voir 9), questeur en 111 ;
  • C. Sextius Calvinus (21), préteur vers 92[7] ;
  • P. Sextius (9), préteur désigné vers 90 ;
  • Sextius (4), licteur et partisan de Verrès en Sicile ;
  • P. Sextius Baculus (19), primipile dans les légions de Gaule en 57 ;
  • Sextius Naso (33), partisan de Pompée, conjuré 44[8] ;
  • T. Sextius (13), légat lieutenant en 53-50, préteur peut-être vers 45, promagistrat en 44-42 et proconsul de 42 à 40 ;
  • Q. Sextius (Niger) (10), philosophe stoïcien[9] ;
  • M. Sextius (8), mentionné comme duumvir sur une inscription de Capoue d’époque républicaine.

Il s’agit donc d’une lignée peu représentée sous la République mais dont l’authenticité ne fait guère de doute. On la retrouve à Pouzzoles à la fin de la République[10]. Elle est également attestée sous l’Empire. Sa disparition après le consulat de L. Sextius Sextinus Lateranus s’explique assez bien et a fait l’objet de nombreux travaux. Il faut attendre ensuite la fin du IIIe siècle pour la voir revenir sur le devant de la scène politique et, par la suite, sans occuper le premier plan, elle se maintint jusque sous l’Empire.

Notes

[1] P. Willems, Le Sénat de la République romaine, sa composition et ses attributions, Louvain et Paris : Peeters et A. Durand et Pedone-Lauriel, 1, 1878, p. 180.

[2] W. Schulze, Zur Geschichte lateinischer Eigennamen, Zürich et Hildesheim : Weidmannsche Buchhandlung, 1904, ne l’analyse pas mais on pourrait se reporter aux noms voisins comme Sextus, p. 37 et Sextilius p. 166 et p. 455. Voir aussi BNP, 13, 366-367 ; J. Reichmuth, Die lateinischen Gentilicia und ihre Beziehungen zu den römischen Individualnamen, Schwyz : Buchdruckerei Erwin Eberhard, 1956, p. 95 ; G. Giacomelli, La Lingua falisca, Florence : Leo Olschki, 1963, p. 219-220 et A. Ernout et A. Meillet, Dictionnaire étymologique de la langue latine : histoire des mots, Paris : Klincksieck, retirage de la 4e édition augmentée d’additions et de corrections nouvelles par J. André, 1994, p. 621.

[3] Epigrafia e ordine senatorio. Atti del Colloquio Internazionale AIEGL (Roma, 14-20 maggio 1981), Rome : Edizioni di storia e letteratura, 1982, 2, p. 56.

[4] IIIe-IIe siècle : CIL, I2, 466 (= XV, 6149 = ILLRP, 1244), 467 (= XV, 6150 = ILLRP, 1245) et 468a et b (= XV, 6151 = ILLRP, 1246).

[5] CIL, I2, 301 (Préneste), 801 (= VI, 110 = 30694 = ILS, 4015 = ILLRP, 291, Rome), 1255 (= VI, 10325, Rome), 677 (= X, 3779 = ILS, 3340 = ILLRP, 714, Capoue), 681 (= X, 3789 = ILS, 3609 = ILLRP, 718, Capoue) et 1607 (= X, 3726 Volturnum).

[6] Sur les Sestii, voir P.-Ch. Ranouil, Recherches sur le patriciat (509-366 av. J.-C.), Paris : Les Belles Lettres, 1975, p. 134-135, p. 152-153 et p. 241.

[7] J.-M. David, Le Patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine, Rome : EFR, 1992, p. 719.

[8] Fr. Hinard, Les Proscriptions de la Rome républicaine, Rome : EFR, 1985, p. 524.

[9] Cl. Nicolet, L’Ordre équestre à l’époque Républicaine (312-43 avant J.-C.), 2, Prosopographie des chevaliers romains, Paris : De Boccard, 1974, p. 1023-1024.

[10] M. Cébeillac-Gervasoni, Les Magistrats des cités italiennes de la seconde guerre punique à Auguste. Le Latium et la Campanie, Rome : EFR, 1998, p. 44.