Publilii

Les Publilii sont une lignée plébéienne romaine d’origine peut-être volsque. Cette interprétation provient du cognomen Volscus donné à un Publilius par Tite-Live et par les fastes capitolins. Le nom même de Publilius, bien que très répandu, est d’interprétation difficile, d’autant que ses plus anciennes formes s’écrivent aussi Poblilius et Poplilius. C’est en fait un dérivé d’un prénom ce qui le rattache à un type de prénom très répandu dans les langues latino-italiques et que l’on retrouve en étrusque — à partir de la forme Puplie qui dérive du latin — mais également en falisque — Poplios — ou en latin — Publius — ce qui complique l’analyse[1]. Il est à peu près certain que la famille n’est pas romaine mais apporter plus de précision est difficile. À côté du gentilice Volscus, ce nom servit aussi à désigner une tribu dont on admet généralement qu’elle se trouvait en territoire volsque et hernique. Cela apporterait un élément supplémentaire en faveur de cette origine[2]. L’enquête épigraphique peut ajouter quelques éléments. Il existe une inscription sans doute antérieure à la deuxième guerre punique venant du Latium (temple de Diane à Nemi) et mentionnant une Poublilia Turpilia[3]. Toutefois, une inscription dans un sanctuaire de ce type ne saurait constituer un indice d’origo. En revanche, on sait que les Turpilii provenaient de Cora où deux Publilii exercèrent aussi des fonctions municipales[4]. Les autres inscriptions, plus tardives, orientent cette fois vers le Latium méridional[5]. Au final, la provenance latiale paraît probable mais quant à opter pour une origine étrusque ou Volsque, nous manquons d’éléments pour le faire. Cette famille est plutôt bien représentée sous la République :

  • Volero Publilius (10), tribun de la plèbe en 472 et 471 ;
  • L. Publilius Philo Vulscus (13), tribun militaire à pouvoirs consulaires en 400 ;
  • Volero Publilius Philo (12), tribun militaire à pouvoirs consulaires en 399 ;
  • Q. Publilius (8), tribun de la plèbe en 384 ;
  • Publilia (15), mère d’un des censeurs de 358 qui ont créé la tribu Publilia d’après Festus ;
  • Q. Publilius Philo (11), quinqueuir mensarii en 352, consul en 339, dictateur en 339, préteur en 336, maître de cavalerie en 335, censeur en 332, consul pour la deuxième fois en 327, proconsul en 326, consul pour la troisième fois puis la quatrième fois en 320 et 315 ;
  • Publilius (2), tribun militaire au moment de la bataille des Fourches Caudines ;
  • C. Publilius (5), fils du (2) devenu esclave de L. Papirius vers 320[6] ;
  • T. Publilius (9), augure de 300 jusqu’à une date inconnue ;
  • T. Publilius Pellio (14), mentionné dans la didascalie du Stichus de Plaute en 200 ;
  • C. Publilius (6), questeur en 146 ;
  • L. Publilius, occupant des fonctions municipales à Cora[7] ;
  • Publilius Flaccus, occupant des fonctions municipales à Cora[8] ;
  • Publilius (3), père de la seconde épouse de Cicéron ;
  • Publilia (17), seconde épouse de Cicéron ;
  • Publilius (4), mentionné dans la correspondance de Cicéron ;
  • Publilius Syrus (28), auteur de mime célèbre de la fin de la République[9] ;
  • P. Publilius (7), édile de Venusia en 35[10] ;
  • Publilius (1), sénateur à une date incertaine[11].

Cette famille fut importante dans l’histoire politique des premiers siècles de la République. Elle le fut particulièrement aux Ve et IVe siècles mais disparut progressivement par la suite avant de s’effacer plus nettement du devant de la scène à la fin du IIe siècle. On la retrouve sous l’Empire. Pour ce qui est des Publilii du début de la République, on ne peut que constater à quel point la tradition les met systématiquement en avant comme une famille plébéienne particulière, ayant joué un rôle important dans l’histoire de la plèbe[12]. Il est possible d’en proposer une reconstitution généalogique. Le premier Publilius est incontestablement le tribun de 472 et la famille dut arriver peu auparavant à Rome. On retrouve ensuite plus tard les deux tribuns militaires à pouvoirs consulaires de 400 et 399. S’ils ont un père différent, ils ont tous les deux pour grand-père un Volero qui ne peut raisonnablement être que le tribun de 472-471. Il convient de supposer que ce dernier eut au moins deux fils mais c’est tout à fait possible. Reste alors la délicate question de Q. Publilius, tribun de la plèbe en 384 et, surtout, du consul de 339 qui est dit Q. Publilius Q. f. Q. n. Philo. Sa généalogie telle que donnée dans les fastes ne permet pas de le rattacher aux tribuns militaires à pouvoirs consulaires. On peut en revanche émettre l’hypothèse, fragile, qu’il pourrait être le fils du tribun de la plèbe de 384. Il faudrait supposer alors que ce dernier descendrait d’un autre Quintus, lui même fils de Volero Publilius. Cette troisième hypothèse est — nous en sommes conscient — particulièrement incertaine. L’ensemble donnerait alors le stemma suivant :

Publilii

Notes

[1] Liv., 5, 12, 10. Voir RE, XXIII 2, 1906-1909 ; W. Schulze, Zur Geschichte lateinischer Eigennamen, Zürich et Hildesheim : Weidmannsche Buchhandlung, 1904, p. 216 ; E. Pais, Ricerche sulla storia e sul diritto pubblico di Roma, Rome : P. Maglione & C. Strini, 2, 1916, p. 133 et n. 1 ; J. Suolahti, The Junior Officers of the Roman Army in the Republican Period. A study on Social Structure, Helsinki : Weilin & Göös, 1955, p. 87 et p. 384 ; J. Reichmuth, Die lateinischen Gentilicia und ihre Beziehungen zu den römischen Individualnamen, Schwyz : Buchdruckerei Erwin Eberhard, 1956, p. 111 et p. 116 ; J. Suolahti, The Roman Censors. A Study on Social Structure, Helsinki : Weilin & Göös, 1963, p. 207-209, p. 537 et p. 715 ; P.-Ch. Ranouil, Recherches sur le patriciat (509-366 av. J.-C.), Paris : Les Belles Lettres, 1975, p. 194-195 ; R. M. Ogilvie, A Commentary on Livy : Books 1-5, Oxford : Clarendon Press, 1984, p. 373 ; O. Salomies, Die römischen Vornamen. Studien zur römischen Namengebung, Helsinki : Societas Scientiarum Fennica, 1987, p. 45-46 et M. Morandi Tarabella, Prosopographia Etrusca, I, Corpus, 1. Etruria meridionale, Rome : L’Erma di Bretschneider, 2004, p. 404-405.

[2] Sur ce point, L. Ross Taylor, The Voting Districts of the Roman Republic, The Thirty Five Urban and Rural Tribes, Rome : American Academy in Rome, 1960, p. 50-53 et p. 249.

[3] CIL, I2, 42 (= XIV, 4270 = ILS, 3234 = ILLRP, 82).

[4] M. Cébeillac-Gervasoni, Les Magistrats des cités italiennes de la seconde guerre punique à Auguste. Le Latium et la Campanie, Rome : EFR, 1998, p. 213-214 n. 4.

[5] CIL, I2, 1367b (= VI, 24628 = ILS, 4420a, Rome), 1510 (= X, 6514 = ILS, 3819, Cora), 1514 (= X, 6528, Cora), 1526 (= X, 5845 = ILLRP, 583, Ferentinum), 2604 (= XI, 7711, Caere, de lecture incertaine) et 2257 (Délos).

[6] Denys d’Halicarnasse, Rome et la conquête de l’Italie : aux IVe et IIIe siècles avant J.-C. (livres XIV à XX des Antiquités romaines), texte traduit et commenté sous la direction de S. Pittia, Paris : Les Belles Lettres, 2002, p. 263-265.

[7] M. Cébeillac-Gervasoni, Les Magistrats des cités italiennes de la seconde guerre punique à Auguste. Le Latium et la Campanie, Rome : EFR, 1998, p. 213-214 n. 4.

[8] Ibid.

[9] H. Bardon, La Littérature latine inconnue, 2, L’époque impériale, Paris : Klincksieck, 1952, p. 329-330.

[10] CIL, I2, 1, p. 66 et InscrIt, XIII, 2, p. 60.

[11] J.-M. David, Le Patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine, Rome : EFR, 1992, p. 673-674.

[12] Cf. les remarques d’A. Momigliano, « Ricerche sulle magistrature romane. III. L’origine del tribunato della plebe », BCAR, 59, 1932, p. 172-173 (= Id., Quarto contributo alla storia degli studi classici e del mondo antico, Rome : Edizioni di storia e letteratura, 1969, p. 308-309).