Pomponii

Ce nom est celui d’une vieille famille plébéienne d’origine étrusque qui se prétendait descendante du roi Numa Pompilius[1]. Cette généalogie fictive est d’ailleurs célébrée par un denier du monétaire L. Pomponius Molo (22) et se fixa sans dans le courant ou vers la fin du IIIe siècle[2]. Cette origine se lit assez bien par le nom Pomponius qui est peut-être un dérivé de l’étrusque Pumpu[3] ou, plus probablement, Pumpn et Pumpune[4]. Une origine à partir du prénom italique (osque) Pompo a également été proposée et ce nom est attesté par l’épigraphie méridionale[5]. L’origine étrusque semble préférable, surtout que l’on connaît un T. Pomponius de l’époque de la deuxième guerre punique dont nous savons qu’il venait de Véies[6]. Notons également que les principales attestations tarquiniennes se concentrent en particulier sur une période qui va de la toute fin du IVe siècle au dernier quart du IIIe siècle. Peut-être peut-on imaginer une installation à Rome durant cette période. L’épigraphie latine apporte peu puisque seules trois inscriptions du Latium antérieures à la deuxième guerre punique sont conservées[7]. Le reste du dossier épigraphique ne permet pas de préciser davantage mais montre une bonne implantation méridionale par la suite[8]. Il s’agit d’une famille très bien représentée sous la République puisque sont attestés :

  • M. Pomponius (6), tribun de la plèbe en 449 ;
  • M. Pomponius Rufus (7), tribun militaire à pouvoirs consulaires en 399 ;
  • Q. Pomponius (13), tribun de la plèbe en 395 et 394 ;
  • M. Pomponius (8), tribun de la plèbe en 362 ;
  • M’. Pomponius (Matho) (15), grand-père des (17) et (18) ;
  • M’. Pomponius (Matho) (16), père des (17) et (18) ;
  • M’. Pomponius Matho (17), consul en 233 et pontife à partir d’une date inconnue jusqu’à 211 ;
  • M. Pomponius Matho (18, voir 21), consul en 231, maître de cavalerie en 217, préteur peut-être en 216, peut-être propréteur en 215 et 214, augure ou décemvir sacris faciundis à partir d’une date inconnue jusqu’à 204 ;
  • Pomponia (28), sœur des (17) et (18) ;
  • Sex. Pomponius (14), légal lieutenant de la flotte en 218 ;
  • M. Pomponius Matho (20), préteur pérégrin peut-être en 217 et 216, propréteur en 215-214, augure ou décemvir sacris faciundis à partir d’une date inconnue jusqu’à 204 ;
  • Pomponius, propréteur en 214 ;
  • T. Pomponius Veientanus (27), préfet des alliés en 213[9] ;
  • L. Pomponius (4), monétaire vers 209 ;
  • M. Pomponius Matho (19), fils du (18), édile plébéien en 207, légat ambassadeur en 205, préteur en 204, propréteur en 203-202 ;
  • M. Pomponius (9), tribun de la plèbe en 167 et préteur urbain en 161[10] ;
  • L. Pomponius, monétaire vers 112-108 ;
  • un M. Pomponius (Rufus ?) (24), chevalier et ami de C. Gracchus[11] ;
  • C. Pomponius, questeur vers le début du Ier siècle ;
  • Q. Pomponius préteur à Cora avant la guerre sociale[12] ;
  • L. Pomponius Molo (22), monétaire vers 95-91 ;
  • Cn. Pomponius (3), peut-être tribun de la plèbe en 90[13] ;
  • L. Pomponius (5), peut-être le fils du (3) ;
  • M. Pomponius (25), édile plébéien en 82 ;
  • M. Pomponius, préfet de cavalerie en 72 ;
  • Q. Pomponius Rufus (26), monétaire vers 71 ;
  • Q. Pomponius Musa (23), monétaire vers 68 ;
  • M. Pomponius (10, voir 1), légat lieutenant propréteur en 67 ;
  • P. Pomponius (12), plébéien ami de Clodius ;
  • T. Pomponius (suppl. VIII), le père d’Atticus[14] ;
  • T. Pomponius Atticus (suppl. VIII, 102), ami intime de Cicéron[15] ;
  • M. Pomponius Dionysius Thrax (14a), affranchi d’Atticus ;
  • (Pomponia ?) Caecilia Attica (78), fille d’Atticus ;
  • M. Pomponius (11, voir 2), peut-être légat lieutenant ou préfet de la marine en 48, peut-être le proscrit de 43 du même nom[16] ;
  • Pomp(onius) M. f. Vic(tor), peut-être questeur ad aerarium en Afrique en 47-46 ;
  • Pomponius, peut-être tribun de la plèbe en 45[17].

La présence précoce de cognomina dans cette lignée indique plutôt une arrivée ancienne à Rome, à la fin du Ve siècle. Elle s’est par la suite maintenue tout au long de la République en étant particulièrement puissante au IIIe siècle. À partir de la fin du IIIe siècle et du dernier consulat d’un Pomponius, les Pomponii perdirent en importance politique et ne dépassèrent alors plus le niveau de la préture. On les retrouve en revanche sous l’Empire, où ils furent nombreux et occupèrent à nouveau des fonctions importantes. Ils connurent donc une certaine éclipse aux deux derniers siècles de la République. Sur les Pomponii les plus anciens, il est possible de proposer des reconstitutions généalogiques. Dans ce cadre, M. Pomponius Rufus apparaît un peu isolé car nous savons par les fastes qu’il était fils et petit-fils de Lucius, ce qui interdit de le rapprocher du tribun de la plèbe de 449. On peut en revanche raisonnablement supposer une filiation entre les tribuns de la plèbe de 449, 395 et 362 même si aucun élément ne permet de l’affirmer avec une absolue certitude :

Pomponii

Par ailleurs, la généalogie des Pomponii Mathones est également restituable. Là encore, un personnage est plus complexe à positionner : M. Pomponius Matho (20). La Realencyclopädie propose d’en faire un cousin des (17) et (18), ce qui est possible.

Notes

[1] Le lien entre les Pomponii et Numa Pompilius se trouve esquissé notamment chez Nep., Att., 1, 1 et chez Plut., Num., 21, 1-2. Voir E. Babelon, Description historique et chronologique des monnaies de la République romaine vulgairement appelées monnaies consulaires, Paris : Rollin et Feuardent, 1885-1886, 2, p. 356 et K. Buraselis, « Numa Pompilius und die gens Pomponia », Historia, 25, 1976, p. 378-380.

[2] E. Babelon, Description historique et chronologique des monnaies de la République romaine vulgairement appelées monnaies consulaires, Paris : Rollin et Feuardent, 1885-1886, 2, p. 359, n° 6 = RRC, 334/1. Cf. M. Humm, Appius Claudius Caecus. La République accomplie, Rome : EFR, 2005, p. 552.

[3] Les Pumpu sont par ailleurs bien attestés en Étrurie méridionale — particulièrement à Tarquinia — et, plus tardivement, dans la région de Pérouse et d’Orvieto. Cf. H. Rix, ET, Ta. 5.6, 7.82, 7.83 ; 7.84 ; Cl. 1.218, 1.434, 1.647, 1.742, 1.812, 1.813, 1.943, 1.944, 1.945, 1.1157, 1.1158, 1.1160, 1.1161, 1.1666, 1.1718, 1.2163, 1.2164, 1.2166, 1.2173, 1.2445 ; Pe 1.260, 1.262, 1.264, 1.265, 1.266, 1.267, 1.269, 1.339, 1.341, 1.342, 1.345, 1.346, 1.697, 1.874 1.1161, 1.1162 et 2.7 ; Vs 1.49 et 2.38 ; Vc 1.101 ; Co 1.16 et Ar 4.4. Voir aussi, M. Morandi Tarabella, Prosopographia Etrusca, I, Corpus, 1. Etruria meridionale, Rome : L’Erma di Bretschneider, 2004, p. 395-402.

[4] IIIe siècle : H. Rix, ET, Ta 1.184 et Ta 1.228. IIIe-Ier siècle : H. Rix, ET, Ta 2.38. On le trouve aussi sur des inscriptions plus tardives : H. Rix, ET, Cl. 1.2174, 1.2175 ; Pe 1.157, 1.270, 1.632, 1.633, 1. 801, 1.857, 1.956, 1.1164 ; Co 1.31 ; AV 1.8 ; AH 1.16. La date de l’inscription AV 1.8 est disputée : Rix la juge récente mais M. Morandi Tarabella, Prosopographia Etrusca, I, Corpus, 1. Etruria meridionale, Rome : L’Erma di Bretschneider, 2004, p. 403 la place au milieu du IVe siècle.

[5] Environ 550 : Imag. Ital., 1, p. 226-227 Aufinum 1 (= H. Rix, ST, p. 69, Sp AQ 2). Environ 500 : Imag. Ital., 1, p. 240-241 Superaequum 1 (= H. Rix, ST, p. 69 Sp AQ 1) ; Imag. Ital., 1, p. 178-179 Vrbs Salvia 1 (= H. Rix, ST, p. 67 Sp MC 1) ; Imag. Ital., 1, p. 180-181 Vrbs Salvia 2 (= H. Rix, ST, p. 67 Sp MC 2) ; Imag. Ital., 1, p. 192-193 Asculum Picenum 2 (= H. Rix, ST, p. 68, Sp AP 2) et Imag. Ital., 1, p. 194-195 Asculum Picenum 3 (= H. Rix, ST, p. 68 Sp TE 1). Environ 250 : Imag. Ital., 1, p. 334-335 Marruuium 2 (= H. Rix, ST, p. 66 VM 4). 200-150 : Imag. Ital., 1, p. 317 Sulmo 12 et Imag. Ital., 1, p. 147 Interamna Nahars 2. Il existe des encore des attestations, mais plus tardives (200-100) : Imag. Ital., 1, p. 253 Interpromium 2 (= H. Rix, ST, p. 78 MV 3) ; Imag. Ital., 1, p. 250 Superaequum 6 (= H. Rix, ST, p. 74 Pg 26) et Imag. Ital., 3, p. 1327 Velia 1 (= H. Rix, ST, p. 133 tLu 15).

[6] Pour la bibliographie sur cette question, cf. BNP, 11, 575 ; W. Schulze, Zur Geschichte lateinischer Eigennamen, Zürich et Hildesheim : Weidmannsche Buchhandlung, 1904, p. 212 ; E. Pais, Ricerche sulla storia e sul diritto pubblico di Roma, Rome : P. Maglione & C. Strini, 3, 1918, p. 164-165 ; J. Suolahti, The Junior Officers of the Roman Army in the Republican Period. A study on Social Structure, Helsinki : Weilin & Göös, 1955, p. 284 et p. 382 ; J. Reichmuth, Die lateinischen Gentilicia und ihre Beziehungen zu den römischen Individualnamen, Schwyz : Buchdruckerei Erwin Eberhard, 1956, p. 97 ; H. Rix, Das Etruskische Cognomen. Untersuchungen zu System, Morphologie und Verwendung der Personennamen auf den jüngeren Inschriften Nordetruriens, Wiesbaden : Otto Harrassowitz, 1963, p. 176 et p. 181 ; P.-Ch. Ranouil, Recherches sur le patriciat (509-366 av. J.-C.), Paris : Les Belles Lettres, 1975, p. 195-196 et p. 199 ; M. Lejeune, L’Anthroponymie osque, Paris : Les Belles Lettres, 1976, p. 111 et p. 143 ; Epigrafia e ordine senatorio. Atti del Colloquio Internazionale AIEGL (Roma, 14-20 maggio 1981), Rome : Edizioni di storia e letteratura, 1982, 2, p. 56 ; R. M. Ogilvie, A Commentary on Livy : Books 1-5, Oxford : Clarendon Press, 1984, p. 496 et O. Salomies, Die römischen Vornamen. Studien zur römischen Namengebung, Helsinki : Societas Scientiarum Fennica, 1987, p. 87.

[7] IIIe-IIe siècle : CIL, I2, 546 (=XI, 6720, 21 = ILLRP, 1249) et 2473.

[8] CIL, I2, I2, 247 (= XIV, 3217 = SupplIt Imagines, CIL XIV, Latium uetus praeter Ostiam, 471, Préneste) ; 1228 (= VI, 10588 = SupplIt Imagines, CIL VI, 1, Musei Capitolini, 259, Rome) ; 1246 (= VI, 5970 = SupplIt Imagines, CIL VI, 2, Musei Vaticani, 1, Antiquarium comunale del Celio, 3083, Rome) ; 1336 (= VI, 2338 = ILLRP, 827, Rome) ; 1367a et b (= VI, 24627 = ILS, 4420 et = VI, 24628 = ILS, 4420a, Rome) ; 2514 (= VI, 1324 = ILS, 6075 = ILLRP, 704, Rome) ; 672 (= X, 3773 = ILS, 7274 = ILLRP, 705, Capoue) ; 674 (= X, 3775 = ILS, 3770 = ILLRP, 707, Capoue) ; 678 (= X, 3778 = ILS, 3397 = ILLRP, 715, Capoue) ; 1856 (= IX, 4325 = ILLRP, 532, Amiterne) ; 1879 (= IX, 4384, Amiterne) ; 1534 (= X, 5104, Atina) ; 1662a (= IV, 27 = ILLRP, 1135, Pompéi) ; 1513 (= X, 6527 = ILS, 6131 = ILLRP, 573, Cora) ; 1614 (= ILLRP, 1146, Cumes) ; 1763 (= ILLRP, 44, Antinum) ; 832 (= IX, 4541 = ILLRP, 1275a, Nursia) ; 2350a (= XI, 6691, 19 = ILLRP, 1240, Bologne) ; 2055 (= XI, 1995, Pérouse) ; 2056 (= XI, 1996, Pérouse) ; 1699 (= IX, 171, Brindisi) ; 755 (= VIII, 10525 = ILS, 6094 = ILLRP, 1069, Tuneti) ; 788 (= VIII, 977 = ILS, 5320 = ILLRP, 580, Curubi) et 2261 (= III, 7166, Casus).

[9] Cl. Nicolet, L’Ordre équestre à l’époque Républicaine (312-43 avant J.-C.) 2, Prosopographie des chevaliers romains, Paris : De Boccard, 1974, p. 991-992 et E. Badian, Publicans and Sinners. Private Enterprise in the service of the Roman Republic, Ithaca et New York : CoUP, 1972, p. 18 et p. 121 n. 23.

[10] G. Niccolini, FTP, p. 127-128.

[11] Cl. Nicolet, L’Ordre équestre à l’époque Républicaine (312-43 avant J.-C.) 2, Prosopographie des chevaliers romains, Paris : De Boccard, 1974, p. 990-991.

[12] M. Cébeillac-Gervasoni, Les Magistrats des cités italiennes de la seconde guerre punique à Auguste. Le Latium et la Campanie, Rome : EFR, 1998, p. 68-69.

[13] G. Niccolini, FTP, p. 222-225 et J.-M. David, Le Patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine, Rome : EFR, 1992, p. 749-750.

[14] Cl. Nicolet, L’Ordre équestre à l’époque Républicaine (312-43 avant J.-C.) 2, Prosopographie des chevaliers romains, Paris : De Boccard, 1974, p. 989.

[15] Ibid., 2, p. 990 ; Fr. Hinard, Les Proscriptions de la Rome républicaine, Rome : EFR, 1985, p. 508 et É. Deniaux, Clientèles et pouvoir à l’époque de Cicéron, Rome : EFR, 1993, p. 543-545.

[16] Fr. Hinard, Les Proscriptions de la Rome républicaine, Rome : EFR, 1985, p. 507.

[17] G. Niccolini, FTP, p. 343-345.