Poetelii

Les Poetelii sont une très ancienne lignée plébéienne à l’origine méconnue[1]. L’enquête onomastique est rendue compliquée par des formes différentes du nom dans les manuscrits et les fastes : on trouve la leçon « Poetilius »[2], la leçon « Petilius »[3], la leçon « Potilius »[4] ou encore la leçon « Poetirius »[5]. On retrouve par ailleurs cette hésitation des manuscrits liviens pour tous les Poetelii connus. C’est en fait seulement à la suite d’une correction de Sigonius, suivie depuis par tous les éditeurs de Tite-Live, que le nom a été rétabli en Poetelius. Cette correction prend sa source dans les fastes capitolins qui, pour tous les Poetelii consuls, les appellent bien Poetelii et il convient donc de rétablir ainsi la leçon des manuscrits[6]. Pour autant, les formes « Poetilius » et « Poetelius » ne se trouve pas dans les études onomastiques mais on trouve « Petilius » qui est très proche. Il en va de même pour l’épigraphie républicaine ou ils sont absents mais où l’on trouve Petilius sans que ces inscriptions, toutes tardives, apportent beaucoup d’enseignements quant à l’origine de cette famille[7]. En revanche, ce pourrait être un nom d’origine étrusque — à partir de la forme petlnaś — attesté par l’épigraphie pour le milieu du Ve siècle[8]. L’hypothèse étrusque paraît la plus solide même si Suolahti penche pour le Latium, ce qui n’est pas forcément contradictoire[9]. Sous la République, les Poetelii attestés sont les suivants :

  • Q. Poetelius Libo Visolus (4), décemvir en 450-449 ;
  • Poetelius (1), tribun de la plèbe en 442 et 441 ;
  • C. Poetelius Libo Visolus (7), consul en 360, tribun de la plèbe en 358, puis consul pour la deuxième fois en 346 et pour la troisième fois en 326 ;
  • C. Poetelius Libo Visolus (8), dictateur en 313 ;
  • M. Poetelius Libo (6), consul en 314 et maître de cavalerie en 313 ;
  • C. Poetelius (2), candidat malheureux à l’édilité curule en 304, battu par Gn. Flavius ;
  • P. Poetelius (3), légat ambassadeur en 210.

Cette famille émergea donc sur la scène politique romaine avec le consulat de C. Poetilius Libo Visolus en 360. Pour autant, notre personnage n’est pas le premier à apparaître puisqu’un Q. Poetilius aurait fait partie du second collège décemviral. L’authenticité de ce collège étant particulièrement contestable, il n’est pas évident que ce personnage ait existé. Nous sommes en tous les cas en présence d’une famille bien attestée, particulièrement pour les IVe et IIIe siècles. Comme elle atteignit très tôt le consulat et qu’elle se singularise par l’emploi de deux cognomina, on peut penser que son arrivée à Rome était assez ancienne et, donc, que la possibilité de Poetelii dès le Ve siècle n’est nullement exclue. Ils s’éteignirent complètement par la suite avec le légat envoyé en 210 auprès du roi Syphax de Numidie. Il est possible de dresser une généalogie de cette famille, ce que fit Münzer[10].

Notes

[1] P. Willems, Le Sénat de la République romaine, sa composition et ses attributions, Louvain et Paris : Peeters et A. Durand et Pedone-Lauriel, 1, 1878, p. 58 se fonde sur le Poetelius décemvir pour supposer l’existence d’une branche patricienne de cette famille mais sa démonstration est des plus fragiles selon nous et rien ne permet d’assurer que ce Poetelius fut bien patricien.

[2] Dans les Codices Veronensis rescriptus, Harleianus, Parisiensis et Upsaliensis.

[3] Dans les Codices Bambergensis, Oxoniensis, Romanus et Aginnensis.

[4] Dans le Codex Floriacensis.

[5] Dans le Codex Mediceus.

[6] CIL, I2, 1, p. 20-21.

[7] CIL, I2, 926 (Tannetum) ; 928 et 941 ( ?) ; 790 (Rome) ; 1134 (Rome) ; 1296 (Rome) ; 2010 (Clusium).

[8] Cf. H. Rix, ET, Fe 1.2.

[9] BNP, 11, 442 (qui n’apporte pas grand chose) ; W. Schulze, Zur Geschichte lateinischer Eigennamen, Zürich et Hildesheim : Weidmannsche Buchhandlung, 1904, p. 205 ; A. Carnoy, « Étymologie des noms romains d’origine étrusque », Ant. Class., 25, 1956, p. 386-407, p. 400 ; J. Suolahti, The Roman Censors. A Study on Social Structure, Helsinki : Weilin & Göös, 1963, p. 212-215 et p. 714 ; R. M. Ogilvie, A Commentary on Livy : Books 1-5, Oxford : Clarendon Press, 1984, p. 461 et p. 552.

[10] RE, XXI 1, 1163-1164 (auteur : Fr. Münzer).