Ouinii

Les Ouinii sont une lignée plébéienne romaine à l’origine peu évidente à déterminer. Varron en signale une étymologie animalière[1] mais ce nom pourrait être une construction à partir d’Ovius. Or, ce nom « Ovius » peut dériver à la fois d’un nom étrusque — uvie — ou de l’osque — úviis — ce qui renvoie à deux solutions opposées : une origine étrusque ou une origine osco-campanienne. Les deux types de noms sont attestés par l’épigraphie mais les attestations étrusques sont toutes récentes[2], ce qui n’est pas le cas des attestations osques[3]. La solution campanienne paraît de la sorte plus logique, peut-être depuis Venafrum mais Terracine ou Larinum sont aussi possibles[4]. L’épigraphie latine n’apporte, elle, aucun renseignement. Sous la République, les Ouinii furent très peu nombreux :

  • Ovinius (1), tribun de la plèbe avant 312 ;
  • Q. Ovinius (2), sénateur de la fin de la République[5].

En revanche, ils sont mieux représentés sous l’Empire où l’on connaît un Ovinius Camillus sous le règne d’Alexandre Sévère qui est dit senator antiquae familiae[6]. Comme l’authenticité du tribun de la plèbe ne saurait être mise en doute, il faut supposer que les Ouinii arrivèrent à Rome dans le courant du IVe siècle, ce qui plaiderait à nouveau plutôt en faveur de la provenance méridionale. Toutefois, une solution mixte peut encore être envisagée. Étant donné les rapports entre l’étrurie et la Campanie aux VIe et Ve siècles, il pourrait s’agir d’une famille d’origine étrusque installée dans la région à cette époque, puis, de là, migrant à Rome au IVe siècle.

Notes

[1] Varro., rust., 2, 1, 10.

[2] Cf. H. Rix, ET, Cr 1.147 ; Vs 6.10 ; Vs 6.11 ; VS 6. 28 ; Cl 1.552 et Cl. 1.581.

[3] 330-320 : Imag. Ital., 3, p. 1344-1347 Laos 2 (= H. Rix, ST, p. 131 Lu 46). Avant 300 : Imag. Ital., 2, p. 1040 Bovianum 44 (= H. Rix, ST, p. 87, Sa 46) et Imag. Ital., 3, p. 1333-1335 Buxentum 3 (= H. Rix, ST, p. 130 Lu 45). Environ 300 : Imag. Ital., 3, p. 1348-1349 Laos 3 (= H. Rix, ST, p. 130 Lu 63). IIIe siècle : Imag. Ital., 1, p. 366-367 Campania ou Samnium 2 (= H. Rix, ST, p. 122 ZO 2) et Imag. Ital., 2, p. 640 Pompei 14 (= H. Rix, ST, p ; 105 Po 15). IIIe-IIe siècle : Imag. Ital., 1, p. 219-220 Incerulae 1 (= H. Rix, ST, p. 78 MV 2). IIe siècle : Imag. Ital., 1, p. 303-304 Sulmo 3 (= H. Rix, ST, p. 73 Pg 4) ; Imag. Ital., 2, p. 912 Nuceria Alfaterna 5 (= H. Rix, ST, p. 119 Cm 35) ; Imag. Ital., 2, p. 997 Bovianum 9 (= H. Rix, ST, p. 89 tSa 13 et p. 90 tSa 36) ; Imag. Ital., 2, p. 1011-1012 Bovianum 19 (= H. Rix, ST, p. 89 tSa 20) ; Imag. Ital., 2, p. 1023-1024 Bovianum 28 (= H. Rix, ST, tSa 26) ; Imag. Ital., 2, p. 1072 Bovianum 76 et Imag. Ital., 2, p. 1213 Teruentum 39. Datation inconnue : Imag. Ital., 2, p. 759 Pompei 94 ; Imag. Ital., 2, p. 1101 Bovianum 101 et Imag. Ital., 2, p. 1219 Fagifulae 1 (= H. Rix, ST, p. 84 Sa 15).

[4] BNP, 10, 307 ; W. Schulze, Zur Geschichte lateinischer Eigennamen, Zürich et Hildesheim : Weidmannsche Buchhandlung, 1904, p. 202, p. 234 et p. 481 ; J. Reichmuth, Die lateinischen Gentilicia und ihre Beziehungen zu den römischen Individualnamen, Schwyz : Buchdruckerei Erwin Eberhard, 1956, p. 118 ; H. Rix, Das Etruskische Cognomen. Untersuchungen zu System, Morphologie und Verwendung der Personennamen auf den jüngeren Inschriften Nordetruriens, Wiesbaden : Otto Harrassowitz, 1963, p. 212, p. 222-223, p. 345 et p. 349 ; M. Lejeune, L’Anthroponymie osque, Paris : Les Belles Lettres, 1976, p. 110 et p. 142 ; O. Salomies, Die römischen Vornamen. Studien zur römischen Namengebung, Helsinki : Societas Scientiarum Fennica, 1987, p. 160 ; Epigrafia e ordine senatorio. Atti del Colloquio Internazionale AIEGL (Roma, 14-20 maggio 1981), Rome : Edizioni di storia e letteratura, 1982, 2, p. 55 et M. Morandi Tarabella, Prosopographia Etrusca, I, Corpus, 1. Etruria meridionale, Rome : L’Erma di Bretschneider, 2004, p. 565.

[5] Oros., hist., 6, 19, 20.

[6] SHA, Al. Sev., 48. Voir aussi D., 4, 4, 38 où un Ovinius est mentionné par Paul dans une affaire de vente de terrain et de demande de restitutio in integrum. Notons, de façon intéressante, que le terrain vendu par ledit Ovinius à un Aemilius Laurianus est nommé fundus rutilianus, ce qui renvoit au pays des Rutules et au sud du Latium. Il s’agit bien sûr d’un document tardif mais qui, dans le cas d’une provenance méridionale des Ouinii, pourrait attester du fait qu’ils conservèrent longtemps des intérêts matériels dans ces régions.