Menenii

Les Menenii sont une très ancienne lignée pour laquelle une origine étrusque a été proposée[1]. Il n’existe cependant pas de gentilice étrusque de ce type et il n’y a pas d’attestation républicaine de cette famille dans l’épigraphie. Préciser son origine est donc très délicat même si on peut noter que ce nom est proche de celui de la tribu Menenia. Si le nom de cette tribu en dérive, cela renverrait à une origine latiale, vers Préneste et Tibur, mais ce n’est nullement certain[2]. L’intérêt de cette famille est qu’elle est un bon exemple de la coexistence d’une stirps patricienne et d’une stirps plébéienne, ce qu’illustrent ses représentants connus pour l’époque républicaine :

  • Agrippa Menenius Lanatus (12), consul en 503, légat envoyé en 493 ;
  • Menenius Lanatus (17), consul en 477 ;
  • Menenius Lanatus (18), consul en 452 et 440 ;
  • Agrippa Menenius Lanatus (4, 13 et 14), triumvir coloniae deducendae en 442, consul en 439, tribun militaire à pouvoirs consulaires en 419 et 417 ;
  • Menenius Lanatus (16, voir 10 et 18), consul en 440 ;
  • Menenius (8), tribun de la plèbe en 410 ;
  • Licinius Menenius Lanatus (15), tribun militaire à pouvoirs consulaires en 387, 380, 378 et 376 ;
  • Menenius (9), tribun de la plèbe en 384 ;
  • Menenius (7), tribun de la plèbe en 357 ;
  • Menenius (2), proscrit en 43[3].

Il s’agit d’une famille bien représentée aux le Ve et IVe siècles mais qui disparaît ensuite quasi totalement. Le seul Menenius encore attesté est en effet ce proscrit de 43 dont nous ne savons rien. On trouve cependant encore des mentions du nom chez Catulle et Horace qui pourraient se rapporter à ce proscrit mais sans qu’il soit possible de rien affirmer[4]. Enfin, on trouve mention d’un L. Menenius Agrippa chez Valère Maxime mais il est impossible à dater[5]. On ne peut donc pas négliger la présence de Menenii à la fin de la République bien qu’elle fût extrêmement ténue. Ces Menenii tardifs furent à coup sûr plébéien mais, à autant de temps de distance, un lien familial direct est peu probable. Concernant les Menenii du début de la République, la branche patricienne singularisée par le cognomen Lanatus[6] se distingue de la branche plébéienne sans cognomen. L’historicité de ces deux stirpes n’est pas contestable et les Menenii plébéiens sont à conserver. Reconstituer la généalogie de la famille patricienne n’est pas aisé car deux personnages sont difficiles à rattacher. En effet, pour insérer T. Menenius Lanatus (18), qui, d’après les fastes, est fils et petit-fils d’un Agrippa, il faut supposer l’existence d’un second fils au consul de 503. De la même façon, L. Menenius Lanatus (15), tribun militaire à pouvoirs consulaires est fils d’un Titus et petit-fils d’un Titus. Au vu des dates de magistratures, son grand-père pourrait être le consul de 477. Dans ce cas — hypothétique — il faudrait là encore imaginer un personnage intermédiaire qui ne serait pas mentionné dans nos sources, ce qui pourrait donner le stemma suivant :

Menenii 1

Le cas de la branche plébéienne est plus simple et on peut proposer là aussi une filiation entre les trois tribuns connus. Cela donnerait le schéma — toujours hypothétique — suivant :

Menenii 2

Notes

[1] Sur les Menenii, outre RE, XV 1, 838 (auteur : Fr. Münzer), voir BNP, 8, 683 ; W. Schulze, Zur Geschichte lateinischer Eigennamen, Zürich et Hildesheim : Weidmannsche Buchhandlung, 1904, p. 193 et p. 361 ; R. M. Ogilvie, A Commentary on Livy : Books 1-5, Oxford : Clarendon Press, 1984, p. 275 et P.-Ch. Ranouil, Recherches sur le patriciat (509-366 av. J.-C.), Paris : Les Belles Lettres, 1975, p. 113 n. 6, p. 171-175, p. 184, p. 188 et p. 209-210.

[2] Cf. L. Ross Taylor, The Voting Districts of the Roman Republic, The Thirty Five Urban and Rural Tribes, Rome : American Academy in Rome, 1960, p. 43-44 et p. 273.

[3] Fr. Hinard, Les Proscriptions de la Rome républicaine, Rome : EFR, 1985, p. 494.

[4] Catull., 59 et Hor., sat., 2, 3, 286.

[5] Val. Max., 7, 8, 2.

[6] I. Kajanto, The Latin Cognomina, Helsinki : Societas scientiarum fennica, 1965, p. 346.