Liuii

Les Liuii sont une lignée d’origine disputée entrée dans la citoyenneté romaine au plus tard vers 338. Pais propose une provenance étrusque[1], tandis que d’autres suggèrent une origine prénestine[2] voire latine[3]. Si l’hypothèse étrusque ne peut être évacuée, l’origine latine paraît plus assurée. Nous savons que M. Livius Salinator (33) était de la tribu Pollia, ce qui oriente vers l’origine latiale[4]. Par ailleurs, la tradition sur Salinator lui attribuait aussi des origines à Fidènes, argument de plus en faveur de cette hypothèse[5]. En outre, un préteur nommé M. Livios est également mentionné sur une inscription du IIIe siècle trouvée près de Nemi dans un lieu dit « Il Giardino », ce qui va à nouveau dans le sens de l’origine latiale[6]. Les autres inscriptions latines apportent peu car elles sont plus tardives (Ier siècle)[7]. Les Liuii sont plutôt bien représentés sous la République :

  • Postumius Livius (7), dictateur de Fidènes peu après l’invasion gauloise ;
  • (Livius ?) Drusus (12), peut-être maître de cavalerie en 324 ;
  • L. Livius (4), tribun de la plèbe en 320 ;
  • M. Livius Denter (11), consul en 302, propréteur en 295 et pontife de 300 à après 295 ;
  • M. Livius Salinator (32), décemvir sacris faciundis en 236 ;
  • M. Livius Salinator (33), consul en 219, légat ambassadeur en 218, consul en 207, dictateur en 207, proconsul en 206-205 puis en 204 et censeur en 204 ;
  • M. Livius Macatus (24), préfet de Tarente en 214-209 ;
  • C. Livius Salinator (29, voir 1), édile curule en 204, préteur en 202, légat lieutenant en 199-198, préfet de cavalerie en 193, préfet de la flotte en 191, promagistrat en 190, légat ambassadeur en 190, consul en 188, pontife de 211 à 170 ;
  • C. Livius Drusus (14), préteur vers 150 et consul en 147 ;
  • C. Livius Drusus (15), fils du (14)[8] ;
  • Livius (2), tribun de la plèbe en 146[9] ;
  • M. Livius Drusus (17), tribun de la plèbe en 122, préteur vers 115, consul en 112, proconsul en 111-110, censeur en 109[10] ;
  • M. Livius Drusus (18), tribun militaire vers 105, décemvir stlitibus iudicandis vers 104, questeur vers 102, édile vers 94, tribun de la plèbe en 91, décemvir agris dandis assignandis en 91, quinquevir agris dandis assignandis en 91 et pontife d’une date inconnue jusqu’en 91[11] ;
  • P. Livius (8), affranchi de la tribu Palatina qui apparaît en 92 ;
  • L. Livius Salinator (30 et 31, voir Iulius 453), légat en 82, proscrit en 82[12] ;
  • M. (Livius) Drusus (Claudianus) (19), préteur ou juge en 50[13] ;
  • C. Livius, peut-être légat lieutenant en 40 ;
  • L. Livius Ligus (23), mentionné par une inscription comme questeur de Vénusia en 33 ;
  • L. et C. Livius Ocella (25 et 26 car ce sont le père et le fils), préteur et questeur à une date inconnue à la fin de la République et proscrits en 43[14] ;
  • un M. Livius (5), mentionné sur une inscription républicaine[15] ;
  • un M. Livius (6), mentionné sur une inscription de Gortyne d’époque républicaine ;
  • A. Livius édile à Pompéi[16] ;
  • T. Livius (9), l’historien d’époque augustéenne.

La famille arriva à Rome dans au cours du IVe siècle et, comme les premières magistratures des Liuii datent des années 320, on peut penser à une intégration définitive consécutive au traité de 338. Il s’agissait sans doute d’une famille déjà importante car elle ne tarda guère à se hisser au plus haut rang de la cité romaine et fut parmi les premières familles plébéienne à intégrer la nobilitas. La période d’influence des Liuii se concentre sur les IIIe et IIe siècles et, après le tribun de 91, ils semblent s’effacer quelque peu.

Notes

[1] E. Pais, Ricerche sulla storia e sul diritto pubblico di Roma, Rome : P. Maglione & C. Strini, 2, 1916, p. 140 et 3, 1918, p. 113.

[2] Epigrafia e ordine senatorio. Atti del Colloquio Internazionale AIEGL (Roma, 14-20 maggio 1981), Rome : Edizioni di storia e letteratura, 1982, 2, p. 39 et p. 54.

[3] BNP, 7, 742 ; W. Schulze, Zur Geschichte lateinischer Eigennamen, Zürich et Hildesheim : Weidmannsche Buchhandlung, 1904, p. 178, p. 181 et p. 498 ; J. Reichmuth, Die lateinischen Gentilicia und ihre Beziehungen zu den römischen Individualnamen, Schwyz : Buchdruckerei Erwin Eberhard, 1956, p. 122.

[4] L. Ross Taylor, The Voting Districts of the Roman Republic, The Thirty Five Urban and Rural Tribes, Rome : American Academy in Rome, 1960, p. 226 et p. 274.

[5] Macr., sat., 1, 11 ; Plut., Rom., 29, 4 ; Polyen., 8, 30 et Varro, ling., 6, 18. Voir Fr. Münzer, Römische Adelsparteien und Adelsfamilien, Stuttgart : J.-B. Metzler, 1920 (utilisé dans la traduction anglaise de Th. Ridley parue sous le titre Roman aristocratic Parties and Families, Baltimore : JHUP, 1999, p. 206-216) ; J. Suolahti, The Junior Officers of the Roman Army in the Republican Period. A study on Social Structure, Helsinki : Weilin & Göös, 1955, p. 161, p. 280-281, p. 369 et Id., The Roman Censors. A Study on Social Structure, Helsinki : Weilin & Göös, 1963, p. 325, p. 538-539 et p. 712.

[6] CIL, I2, 41 (= XIV, 4182 = ILS, 3233 = ILLRP, 76 = SupplIt Imagines, CIL XIV, Latium uetus praeter Ostiam, 94). Mommsen fit l’hypothèse qu’il aurait pu s’agir d’un préteur d’Aricia.

[7] CIL, I2, 379 (= XI, 6301 = ILS, 2981 = ILLRP, 24, cippe de Pisaurum) ; 663 (= III, 713 = ILS, 4053 = ILLRP, 210, Samothrace) ; 1093 (= VI, 8289, Rome), 1094 (= VI, 8290, Rome), 1258 (= VI, 13179 = ILLRP, 413, Rome), 1707 (= IX, 352, Canusii) et 1636 (= ILS, 6357a = ILLRP, 649, Pompéi). Sur la datation des cippes de Pisaurum, voir E. Peruzzi, I Romani di Pesaro e i Sabini di Roma, Florence : L. Olschki, 1990, p. 25-37. Ils ne sont pas antérieurs à 184, date de fondation de la colonie.

[8] J.-M. David, Le Patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine, Rome : EFR, 1992, p. 690.

[9] G. Niccolini, FTP, p. 132-133.

[10] Ibid., p. 164-171.

[11] Ibid., p. 216-222 et J.-M. David, Le Patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine, Rome : EFR, 1992, p. 746-747.

[12] Fr. Hinard, Les Proscriptions de la Rome républicaine, Rome : EFR, 1985, p. 366-367.

[13] Ibid., p. 485-486 et J.-M. David, Le Patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine, Rome : EFR, 1992, p. 839-840.

[14] Fr. Hinard, Les Proscriptions de la Rome républicaine, Rome : EFR, 1985, p. 486-487.

[15] CIL, I2, 41 (= XIV, 4182 = ILS, 3233 = ILLRP, 76 = SupplIt Imagines, CIL XIV, Latium uetus praeter Ostiam, 94).

[16] M. Cébeillac-Gervasoni, Les Magistrats des cités italiennes de la seconde guerre punique à Auguste. Le Latium et la Campanie, Rome : EFR, 1998, p. 122-123.