Ælii

Les Ælii sont une famille plébéienne assez ancienne dont existent plusieurs branches différenciées par leurs cognomina : les Ælii Paeti, les Ælii Tuberones ou encore les Ælii Lamiae. Il s’agit d’une famille de nom latin[1] attestée dès le IVe siècle et bien représentée sous l’Empire. Nous possédons quelques inscriptions postérieures à la deuxième guerre punique les mentionnant qui, tout en ne démentant pas l’origine latiale, apportent peu d’indications[2]. Cette famille est probablement originaire du nord du Latium ou d’Étrurie méridionale, sans qu’il soit possible de préciser davantage[3]. Les Ælii Lamiae occupaient des fonctions de magistrats à Formiae à la fin du IIe siècle[4]. Ce sont surtout les Ælii Paeti qui nous intéressent ici mais, pour la période républicaine, les différentes branches de la famille sont bien représentées :

  • P. Ælius (9), questeur en 409 ;
  • P. Ælius Paetus (100), consul en 337, maître de cavalerie en 321 et augure en 300 ;
  • L. Ælius Paetus (99), sans doute le fils du précédent, édile de la plèbe en 296[5] ;
  • C. Ælius Paetus (97), consul en 286 avec M. Valerius ;
  • C. Ælius (5), personnage honoré d’une statue en 285 et peut-­être tribun de la plèbe à cette date[6] ;
  • Q. Ælius Paetus (103), pontife à partir d’une date inconnue jusqu’à 216 ;
  • P. Ælius Paetus (101), sans doute fils du précédent, édile de la plèbe en 204, préteur en 203, maître de cavalerie en 202, décemvir agri assignandi en 201­-200, consul en 201, censeur en 199, triumvir pour fonder une colonie en 199, légat ambassadeur en 196­-195 et 193­-192, et augure de 208 à 174 ;
  • L. Ælius Tubero (152, voir 10), édile de la plèbe en 202, préteur en Sicile en 201, légat ambassadeur en 189-­188, préteur urbain en 177 et triumvir coloniae deducendae en 177 ;
  • Sextus Ælius Paetus Catus (105), également fils du pontife de 216, édile curule en 200, triumvir pour fonder une colonie en 199, consul en 198 et censeur en 194[7] ;
  • Q. Ælius Tubero (153), tribun de la plèbe en 193[8] ;
  • C. Ælius (6, voir Caelius 1), tribun militaire en 178 ;
  • T. Ælius (13), tribun militaire en 178 ;
  • Q. Ælius Paetus (104), peut­-être tribun de la plèbe en 177, préteur en 170, consul en 167 et augure à partir de 174[9] ;
  • Q. Ælius Tubero (154, voir 12), peut-­être tribun de la plèbe en 177 et peut-­être légat lieutenant en 168[10] ;
  • P. Ælius Ligus (84), peut-­être préteur en 175, consul en 172 et légat ambassadeur en 167 ;
  • Ælius Paetus monétaire vers 155-­150 ;
  • Ælius (1), peut­-être tribun de la plèbe vers 153[11] ;
  • P. Ælius Paetus (102), monétaire vers 135-­126 ;
  • L. Ælius (7), mentionné dans un fragment de Cicéron pour une période antérieure à 130[12] ;
  • Q. Ælius Tubero (155), peut­-être tribun de la plèbe ou triumvir vers 130[13] ;
  • L. Ælius Stilo Praeconinus (144), chevalier romain, grammairien et écrivain, fin du IIe­début du Ier siècle[14] ;
  • L. Ælius Lamia (74), père du (73, 75), défenseur de M. Marius Gratidianus[15] ;
  • C. Ælius (Paetus) Staienus (98), questeur en 77 et patronus[16] ;
  • L. Ælius Lamia (73 et 75), princeps equestris ordinis en 58, édile en 45 et préteur peut-­être en 42, il serait né vers 90[17] ;
  • C. Ælius Gallus (58), chevalier romain du milieu du Ier siècle, il fut le premier à faire une expédition en Arabie[18] ;
  • Ælius Ligus (83), tribun de la plèbe en 58[19] ;
  • Q. Ælius Tubero (156), accusateur de Q. Ligarius devant César en 46[20] ;
  • M. Ælius (8), mentionné dans la correspondance de Cicéron en 44[21] ;
  • L. Ælius Tubero (150), relation de Cicéron[22] ;
  • C. Ælius Tubero (148 ou 149), préteur urbain à une date inconnue ;
  • C. Ælius Tubero (148 ou 149), préteur à une date incertaine.

Cette esquisse montre que la branche des Ælii Paeti connut son apogée au IIIe siècle après avoir atteint le consulat pour la première fois en 337 et avoir donc intégré la nobilitas dès le IVe siècle. Elle accéda aux charges religieuses avec l’augurat dès 300 et le pontificat avant 216. Les Ælii Paeti s’effacèrent un peu par la suite puisque seul C. Ælius Paetus Staienus (98) est mentionné par Cicéron mais il s’agit d’une adoption par un Ælius[23]. Cet effacement se fit à partir du IIe siècle au profit d’autres branches de la famille qui perpétuèrent les Ælii sous la République et sous l’Empire. On notera cependant l’existence d’un C. Ælius — sans cognomen — tribun de la plèbe sans doute en 285 et dont Pline mentionne qu’il fut honoré d’une statue[24]. Sur cette base, en partant de C. Ælius Paetus, consul en 286, on peut proposer les rapprochements suivants. Puisqu’il fut consul dix ans après l’édilité plébéienne de L. Ælius Paetus, on peut en inférer qu’il était plus âgé mais sans doute pas assez pour être de la même génération que le consul de 337. Il pourrait donc s’agir d’un frère aîné mais ce n’est qu’une hypothèse. Puis, Q. Ælius Paetus le pontife et ses fils se rattachent probablement à la famille du consul de 337 mais il est impossible de préciser de quelle manière. Reste le cas des deux monétaires du IIe siècle. L’absence totale de renseignements permettant de les positionner dans un arbre généalogique est déjà significative de la perte d’influence de cette famille. Ils sont sans doute des descendants du consul de 201 ou de celui de 198 mais sans qu’il soit possible d’en dire plus.

TEST1

Notes
[1] RE, I 1, 489 ; BNP, 1, 202 et W. Schulze, Zur Geschichte lateinischer Eigennamen, Zürich et Hildesheim : Weidmannsche Buchhandlung, 1904, p. 116 et p. 204.
[2] CIL, I2, 1015 (= VI, 8211 = ILLRP, 873, Rome) et 1390 (= VI, 26947, Rome) ; 1567 (= X, 6131, Formies) et 2102 (= XI, 4595 = ILLRP, 562, Carsulæ).
[3] Cf. J. Suolahti, The Junior Officers of the Roman Army in the Republican Period. A study on Social Structure, Helsinki : Weilin & Göös, 1955, p. 157 et Id., The Roman Censors. A Study on Social Structure, Helsinki : Weilin & Göös, 1963, p. 538 et p. 706.
[4] M. Cébeillac-Gervasoni, Les Magistrats des cités italiennes de la seconde guerre punique à Auguste. Le Latium et la Campanie, Rome : EFR, 1998, p. 242.
[5] St. P. Oakley, A Commentary on Livy, Books VI-X, 2, Books VII-VIII, Oxford : Clarendon Press, 1998, p. 575 et 4, p. 118 et p. 266.
[6] G. Niccolini, FTP, p. 83-­84.
[7] J.­M. David, Le Patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine, Rome : EFR, 1992, p. 667.
[8] G. Niccolini, FTP, p. 108-­109.
[9] Ibid., p. 122.
[10] Ibid., p. 122.
[11] Ibid., p 406-­409 qui le date de 158.
[12] J.­M. David, Le Patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine, Rome : EFR, 1992, p. 721.
[13] G. Niccolini, FTP, p. 414 qui le date de 129 et J.­M. David, Le Patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine, Rome : EFR, 1992, p. 682.
[14] Cl. Nicolet, L’Ordre équestre à l’époque Républicaine (312-43 avant J.-C.), 2, Prosopographie des chevaliers romains, Paris : De Boccard, 1974, p. 765­-766.
[15] J.­M. David, Le Patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine, Rome : EFR, 1992, p. 740­-741.
[16] Ibid., p. 776­-777.
[17] Cl. Nicolet, L’Ordre équestre à l’époque Républicaine (312-43 avant J.-C.), 2, Prosopographie des chevaliers romains, Paris : De Boccard, 1974, p. 762-­765, É. Deniaux, Clientèles et pouvoir à l’époque de Cicéron, Rome : EFR, 1993, p. 439­-441 et E. Badian, Publicans and Sinners. Private Enterprise in the service of the Roman Republic, Ithaca et New York : CoUP, 1972, p. 112 et p. 154 n. 129
[18] Cl. Nicolet, L’Ordre équestre à l’époque Républicaine (312-43 avant J.-C.), 2, Prosopographie des chevaliers romains, Paris : De Boccard, 1974, p. 761.
[19] G. Niccolini, FTP, p. 285­-298 et J. M. David, Le Patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine, Rome : EFR, 1992, p. 814.
[20] J.­M. David, Le Patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine, Rome : EFR, 1992, p. 884.
[21] Cic., Att., 15, 26, 4 et 29, 1.
[22] É. Deniaux, Clientèles et pouvoir à l’époque de Cicéron, Rome : EFR, 1993, p. 193 et p. 202.
[23] Cic., Brut., 241 et Cluent., 72.
[24] Plin., nat., 34, 15 ; Liv., perioch., 11 et volume I, p. 450-451 et p. 706-707.