Acutii

Cette famille plébéienne est fort méconnue. Ce nom est relativement commun à partir du Ier siècle et il pourrait être d’origine prénestine. On recense en effet un L. Acuti, un M. Acuti et un C. Aquti sur des inscriptions prénestines des IIIe-­IIe siècles[1]. La bibliographie lui attribue parfois une origine étrusque[2], mais il n’existe pas d’attestation de gentilice étrusque proche. On le retrouve aussi sur des inscriptions tardo-­républicaines de Pompéi[3] et sur une inscription de Philae du IIe siècle qui mentionne le voyage d’un Acutius, inscription qui fournit peut-être la tribu de cet individu : Terentina[4]. Si tel est bien le cas, semblable tribu oriente vers quelqu’un provenant de Mineures, Sinuessa ou Teanum Sidicinum[5]. Sont connus :

  • M. Acutius (1), tribun de la plèbe en 401 ;
  • (C ?) Acutius, mentionné sur l’inscription de Philae ;
  • Acutius Rufus (3), qui fut un soutien de Pompée le Grand[6] ;
  • Q. Acutius, sénateur vers 25[7] ;

À l’évidence, il s’agit d’une famille de faible importance qui se hissa difficilement au Sénat à la fin de la République, J.­-M. David faisant même l’hypothèse d’un sénateur nouus pour Q. Acutius. Étant donné qu’ils sont les seuls Acutii connus pour la période républicaine, l’hypothèse qu’ils fussent de la même famille est séduisante, mais indémontrable. Mentionnons, sous l’Empire, Acutia (4), condamnée de maiestatis en 37 après J.-C., Q. Acutius Faienanus légat pro praetore en Lusitanie[8], ou encore Q. Acutius Nerva (2) consul suffect en 100 après J.­C. et probablement gouverneur de Germanie inférieure en 101/102 après J.­C. L’ensemble plaide en faveur de l’authenticité des Acutii anciens dont on discerne mal ce qui aurait sinon motivé l’invention.

Notes
[1] IIIe siècle : CIL, I2, 65 (= XIV, 3047 = ILLRP, 843 = Cippi prenestini, 3,1, Présente). IIIe-IIe siècles :  CIL, I2, 66 (= XIV, 3048 = Cippi prenestini, 3, 2, Préneste) et 86 (= XIV, 3065 = Cippi prenestini, 3, 3, Préneste).
[2] W. Schulze, Zur Geschichte lateinischer Eigennamen, Zürich et Hildesheim : Weidmannsche Buchhandlung, 1904, p. 53, p. 68, p. 384 et p. 403 ; A. Carnoy, « Étymologie des noms romains d’origine étrusque », Ant. Class., 25, 1956, p. 388 et R. M. Ogilvie, A Commentary on Livy : Books 1-5, Oxford : Clarendon Press, 1984, p. 647­-649.
[3] CIL, I2, 1641a, b, d, e, f et g (= IV 2, 4, 10, 12, 14 et 2285) et 1641c (= IV, 7 = ILLRP, 1128). Voir M. Cébeillac-Gervasoni, Les Magistrats des cités italiennes de la seconde guerre punique à Auguste. Le Latium et la Campanie, Rome : EFR, 1998, p. 184.
[4] AE, 1977, 838. L’AE développe l’inscription ainsi : Acu[ti]us [.] f(ilius) Ter(tius ?)… ; mais M. Cébeillac-Gervasoni, Les Magistrats des cités italiennes de la seconde guerre punique à Auguste. Le Latium et la Campanie, Rome : EFR, 1998, p. 177 n. 18 propose d’y lire une référence à la tribu Terentina.
[5] M. Cébeillac-Gervasoni, Les Magistrats des cités italiennes de la seconde guerre punique à Auguste. Le Latium et la Campanie, Rome : EFR, 1998, p. 177 n. 18.
[6] J.­M. David, Le Patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine, Rome : EFR, 1992, p. 883-­884.
[7] PIR, I2, n° 97 ; Epigrafia e ordine senatorio. Atti del Colloquio Internazionale AIEGL (Roma, 14-20 maggio 1981), Rome : Edizioni di storia e letteratura, 1982, 2, p. 364 et J.­M. David, Le Patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine, Rome : EFR, 1992, p. 883.
[8] J.-M. David, Le Patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine, Rome : EFR, 1992, p. 883 avec les références.