Duilii

Les Duilii sont une lignée plébéienne bien représentée aux premiers siècles de la République mais qui disparut complètement de la vie publique à la fin du IIIe siècle[1]. Préciser leur origine géographique est délicat. Ce nom semble bien latin et il est probable que cette famille venait du Latium sans qu’il soit possible de préciser le lieu car il n’en existe pas d’attestation épigraphique[2]. Seul l’éloge de C. Duilius, le consul de 260, a été retrouvé sur le forum mais il n’apporte pas d’indication sur l’origo de la famille[3]. L’orthographe même du nom pose problème, la plus probable étant celle de la RE, « Duilius ». La déformation serait venue d’une fausse étymologie archaïsante à partir de duellum (ancienne forme de bellum) inventée probablement à la fin de la République, et en tous les cas après les victoires du seul Duilius ayant pu pousser à un tel rapprochement : C. Duilius, consul en 260 et premier général à avoir célébré un triomphe naval[4]. Sous la République, sont attestés :

  • un Duilius monétaire à une date assez haute ;
  • M. Duilius (6), tribun de la plèbe en 470 et en 449 ;
  • K. Duilius (4), membre du second collège décemviral ;
  • C. Duilius Longus (8), tribun militaire à pouvoirs consulaires en 399 ;
  • M. Duilius (7), tribun de la plèbe en 357 ;
  • C. Duilius (2), quinqueuir mensarius en 352 ;
  • K. Duilius (5), consul en 366 et triumvir coloniae deducendae en 334 ;
  • C. Duilius (3), consul en 260, censeur en 258 et dictateur en 231 ;
  • un Duilius (1), chef des Italiens durant la guerre sociale ;

Ainsi, à l’exception d’un chef italique, les Duilii disparaissent de Rome à la fin du IIIe siècle. Il est cependant difficile de proposer une quelconque reconstitution généalogique de cette famille. Un point de repère est le nom complet du tribun militaire à pouvoirs consulaires de 399 : C. Duilius K. f. K. n. Longus. Cela permet de le mettre en rapport avec le décemvir K. Duilius décemvir qui pourrait être son père ou son grand-père. Du même coup, K. Duilius consul en 366 pourrait également être le fils de C. Duilius Longus. Par ailleurs, M. Duilius, tribun de la plèbe en 357 et C. Duilius le quinquevir sont peut-être frères mais puisqu’ils ne semblent pas avoir de cognomen, ils ne sont peut-être pas immédiatement parents de Longus. Ce qui donne les propositions suivantes :

Duilii 1

Et :

Duilii 2

Notes

[1] P. Willems, Le Sénat de la République romaine, sa composition et ses attributions, Louvain et Paris : Peeters et A. Durand et Pedone-Lauriel, 1, 1878, p. 56-57 la divise, de façon peu convaincante selon nous, en une branche patricienne et une autre plébéienne différenciées par le prénom et le cognomen.

[2] J. Suolahti, The Roman Censors. A Study on Social Structure, Helsinki : Weilin & Göös, 1963, p. 269-271, p. 537 et p. 710 et P.-Ch. Ranouil, Recherches sur le patriciat (509-366 av. J.-C.), Paris : Les Belles Lettres, 1975, p. 196.

[3] CIL, I2, 25 (= VI, 1300 = InscrIt., XIII, 3, 69 = ILLRP, 319 = SupplIt Imagines, CIL, VI, 1, Musei Capitolini, 140).

[4] Voir à ce sujet BNP, 4, 736 ; W. Schulze, Zur Geschichte lateinischer Eigennamen, Zürich et Hildesheim : Weidmannsche Buchhandlung, 1904, p. 90 ; R. M. Ogilvie, A Commentary on Livy : Books 1-5, Oxford : Clarendon Press, 1984, p. 382-383 et P.-Ch. Ranouil, Recherches sur le patriciat (509-366 av. J.-C.), Paris : Les Belles Lettres, 1975, p. 104 et p. 196. Un passage de Cic., or., 153 montre clairement le rapprochement entre « Duillius » et bellum et renforce l’idée d’une transformation tardive du nom.