Curii

Les Curii sont une lignée plébéienne d’origine latine. Ils sont sans doute originaires d’un municipe des environs de Tusculum et peut-être de Nomentum[1]. En revanche, l’idée qu’ils soient d’origine sabine — idée fondée sur un passage du scholiaste de Bobbio et défendue par exemple par Willems, Pais ou Suolahti[2] — provient en réalité d’une erreur d’interprétation du texte et ne doit pas être maintenue[3]. Peu d’inscriptions les mentionnent et elles sont toutes tardives : il est donc difficile d’en tirer des enseignements précis quant à l’origo des Curii[4]. Ils sont assez peu représentés sous la République :

  • M’. Curius Dentatus (9), tribun de la plèbe en 298, consul en 290, préteur suffect en 283, consul pour la deuxième fois en 275 puis pour la troisième fois en 274, censeur en 272, duumvir aquae perducendae en 270 ;
  • M’. Curius (4), tribun de la plèbe en 198[5] ;
  • un M’. Curius (5), apparaissant dans une affaire judiciaire chez Cicéron ;
  • M’. Curius (6), homme d’affaire à Patrae mentionné dans la correspondance de Cicéron[6] ;
  • Q. Curius (1, voir 7), peut-être questeur vers 71 ;
  • Q. Curius (7, voir 1), préteur vers 67[7] ;
  • (Vibius) Curius (2 et 8), proconsul entre 47 et 45[8] ;
  • Curius (3), peut-être légat lieutenant en 35 ;
  • M. Curius, duumvir à Ceretae Marianae à la fin de la République[9].

Cette famille fit donc irruption sur la scène politique romaine avec la personnalité historiquement certaine de M’. Curius Dentatus, sorte d’homme nouveau qui mena une carrière politique très importante et tout à fait cohérente. Elle s’est ensuite maintenue sous la République mais à un niveau assez bas de responsabilité et est peu présente sous l’Empire.

Notes

[1] L. Ross Taylor, The Voting Districts of the Roman Republic, The Thirty Five Urban and Rural Tribes, Rome : American Academy in Rome, 1960, p. 209.

[2] P. Willems, Le Sénat de la République romaine, sa composition et ses attributions, Louvain et Paris : Peeters et A. Durand et Pedone-Lauriel, 1, 1878, p. 180-181 ; E. Pais, Ricerche sulla storia e sul diritto pubblico di Roma, Rome : P. Maglione & C. Strini, 3, 1918, p. 70-71 ; J. Suolahti, The Junior Officers of the Roman Army in the Republican Period. A study on Social Structure, Helsinki : Weilin & Göös, 1955, p. 250, p. 285-286 et p. 358 et Id., The Roman Censors. A Study on Social Structure, Helsinki : Weilin & Göös, 1963, p. 262-264 et p. 709.

[3] Schol. Cic. Bob., p. 80 Stangl ; W. Schulze, Zur Geschichte lateinischer Eigennamen, Zürich et Hildesheim : Weidmannsche Buchhandlung, 1904, p. 286-287 et G. Forni, « Manio Curio Dentato. Uomo democratico », Athenaeum, XLI, 1953, p. 183-187.

[4] CIL, I2, 379 (= XII, 6301 = ILS, 2981 = ILLRP, 24, une Curia sur un cippe de Pisaurum dédié à Mater Matuta) ; 1810 (= IX, 3628) Aveia, 2148 (= V, 6932) Crémone et 2537 (= ILLRP, 466) Casamari. Mentionnons aussi un Couri sur une inscription de Rome : CIL, I2, 1008 (= VI, 36843 = ILLRP, 1265). Sur la datation des cippes de Pisaurum, voir E. Peruzzi, I Romani di Pesaro e i Sabini di Roma, Florence : Leo Olschki, 1990, p. 25-37. Ils ne sont pas antérieurs à 184, date de fondation de la colonie.

[5] G. Niccolini, FTP, p. 105.

[6] É. Deniaux, Clientèles et pouvoir à l’époque de Cicéron, Rome : EFR, 1993, p. 487-489.

[7] Ibid., p. 488.

[8] Ibid., p. 405-406.

[9] M. Cébeillac-Gervasoni, Les Magistrats des cités italiennes de la seconde guerre punique à Auguste. Le Latium et la Campanie, Rome : EFR, 1998, p. 66-67 et p. 85 note 50.