Curiatii

Cette lignée est peu représentée dans l’histoire de la République. Ses membres portent un nom très célèbre renvoyant à la légende des Horaces et des Curiaces. En effet, « Curiatius » est italique et cette famille serait d’origine albaine selon Carnoy, suivi par Ranouil[1]. Cette origine est explicitement affirmée dans les sources littéraires par Tite-Live et par Denys d’Halicarnasse, ce dernier faisant même des Curiatii, au moment de la destruction d’Albe, une des familles albaines intégrées au patriciat[2]. L’épigraphie n’apporte rien à ce dossier avec une simple inscription tardive de Rome mentionnant une Curiatia[3]. À l’époque républicaine, les représentants des Curiatii sont les suivants :

  • P. Curiatius Fistus Trigeminus (6), consul en 453 et décemvir en 451 ;
  • C. Curiatius consul en 445[4] ? ;
  • P. Curiatius (4), tribun de la plèbe en 401 ;
  • C. Curiatius (3), tribun de la plèbe en 138[5] ;
  • C. Curiatius Trigeminus (10), monétaire vers 135-134 ;
  • C. Curiatius Trigeminus filius (11), monétaire vers 133-126.

On le voit, il s’agit d’une famille peu nombreuse et ce d’autant plus que le tribun de 138 pourrait être identifié à un des deux monétaires qui lui sont contemporains[6]. En tous les cas, on constatera la présence d’une branche patricienne qui s’éteignit très rapidement à l’époque alto-républicaine et d’une branche plébéienne qui fournit les rares Curiatii connus. Il nous semble qu’il faille suivre Ranouil et accepter comme authentique le consul de 453[7]. En revanche, la possibilité d’une branche plébéienne dès le Ve siècle paraît plus discutable et le tribun de 401 a toutes les chances de n’être qu’un doublet de celui de 138 car les actions de ces deux personnages se ressemblent fortement[8].

Notes

[1] P. Willems, Le Sénat de la République romaine, sa composition et ses attributions, Louvain et Paris : Peeters et A. Durand et Pedone-Lauriel, 1, 1878, p. 11, p. 81 et p. 716 ; E. Babelon, Description historique et chronologique des monnaies de la République romaine vulgairement appelées monnaies consulaires, Paris : Rollin et Feuardent, 1885-1886, 1, p. 444-445 ; W. Schulze, Zur Geschichte lateinischer Eigennamen, Zürich et Hildesheim : Weidmannsche Buchhandlung, 1904, p. 287 et p. 355 ; A. Carnoy, « Étymologie des noms romains d’origine étrusque », Ant. Class., 25, 1956, p. 395-396 ; R. M. Ogilvie, A Commentary on Livy : Books 1-5, Oxford : Clarendon Press, 1984, p. 109, p. 123 et p. 450 ; R. E. A. Palmer, The Archaic Community of the Romans, Cambridge : CUP, 1970, p. 133-134 ; P.-Ch. Ranouil, Recherches sur le patriciat (509-366 av. J.-C.), Paris : Les Belles Lettres, 1975, p. 71 n. 2, p. 130-133 et p. 178 et BNP, 3, 1014-1015.

[2] D.H., 3, 29, 7 et Liv., 1, 30, 2.

[3] CIL, I2, 1057 (= VI, 8253 = ILLRP, 883).

[4] Seuls Liv., 4, 1, 1 ; 4, 7, 3 et Cassiodore transmettent ce nom-là.

[5] G. Niccolini, FTP, p. 140-141.

[6] L’hypothèse est de P.-Ch. Ranouil, Recherches sur le patriciat (509-366 av. J.-C.), Paris : Les Belles Lettres, 1975, p. 130.

[7] Sur ce point, voir P.-Ch. Ranouil, Recherches sur le patriciat (509-366 av. J.-C.), Paris : Les Belles Lettres, 1975, p. 118 n. 9, p. 130-133, p. 152 et p. 240 avec la bibliographie.

[8] Voir déjà P.-Ch. Ranouil, Recherches sur le patriciat (509-366 av. J.-C.), Paris : Les Belles Lettres, 1975, p. 87, p. 132-133 et p. 197.