Cassii

Les Cassii sont à coup sûr une famille plébéienne, en dépit de l’appartenance patricienne certaine du plus ancien Cassius connu : Sp. Cassius Vecellinus[1]. La branche patricienne ne survécut sans doute pas à la disgrâce de ce dernier et fut remplacée par une branche plébéienne. Les Cassii sont probablement d’origine latine et seraient venu du Latium nord[2]. Une seule attestation épigraphique est antérieure à la deuxième guerre punique et Mommsen voulut y lire le nom de Sp. Cassius, ce qui paraît compliqué car l’inscription date sans doute de la fin du IIIe siècle[3]. Cela atteste toutefois d’une présence ancienne dans le Latium qui confirmerait l’origine possible de cette famille. L’on trouve d’ailleurs aussi peut-être mention d’une Cassia sur un miroir de Préneste datant de la charnière des IVe-IIIe siècles[4]. Les autres attestations épigraphiques sont plus tardives et n’apportent rien, même si elles sont majoritairement romaines[5]. Les Cassii sont bien représentés sous la République :

  • Sp. Cassius Vicellinus (91), consul en 502, maître de cavalerie en 501, consul pour la deuxième fois en 493, consul pour la troisième fois en 486 et peut-être tribun de la plèbe la même année ;
  • Q. Cassius (20), tribun militaire en 252 ;
  • C. Cassius Longinus (55), tribun militaire en 178, préteur urbain en 174, décemvir agris dandis assignandis en 173, consul en 171, tribun militaire en 170-168, censeur en 154 ;
  • Q. Cassius Longinus (69), préteur urbain en 167 et consul en 164 ;
  • L. Cassius Hemina (47), l’annaliste[6] ;
  • L. Cassius Longinus Ravilla (72), tribun de la plèbe en 137, préteur vers 130, consul en 127, censeur en 125, membre de la commission spéciale sur les vestales en 113[7] ;
  • C. Cassius Longinus (56), préteur vers 127, consul en 124 ;
  • C. Cassius Longinus (57), monétaire vers 119-110, préteur en 99, consul en 96 et promagistrat en 87 ;
  • L. Cassius Longinus (62), peut-être préteur pérégrin en 111, consul en 107 ;
  • un Cassius Sabaco (85), ami intime de Marius expulsé du Sénat en 115[8] ;
  • L. Cassius Longinus (63), tribun de la plèbe en 104[9] ;
  • un C. Cassius (Longinus ?) peut-être consul en 96[10] ;
  • L. Cassius Caeicianus (32), monétaire vers 93-91 ;
  • C. Cassius Longinus (58), monétaire vers 83, préteur vers 76, consul en 73, proconsul en Gaule cisalpine en 72 ;
  • C. Cassius (10), peut-être préteur en 90, proconsul d’Asie en 89-88 ;
  • L. Cassius (12), tribun de la plèbe en 89[11] ;
  • L. Cassius Longinus (64), monétaire vers 76, préteur de maiestate en 66 et tribun militaire en 69[12] ;
  • M. Cassius (18), préteur avant 73 ;
  • Q. Cassius Longinus (70), monétaire vers 57, questeur sous Pompée en Espagne vers 52, tribun de la plèbe en 49, propréteur en Espagne en 49-47 et augure vers 57-47[13] ;
  • Cassius, tribun de la plèbe en 56[14] ;
  • C. Cassius Longinus (59), questeur en Syrie en 53, proquesteur en Syrie en 52-51, tribun de la plèbe en 49, préfet dans la flotte pompéienne en 49-48, légat lieutenant sous César en 47-46, préteur pérégrin en 44, curateur de l’annone en 44, peut-être proconsul de Cyrénaïque en 44, proconsul en Syrie en 43-42, consul désigné en 41, peut-être quindécemvir sacris faciundis en 42 et un des meurtriers de César[15] ;
  • Cassius Barba, officier de la garde de César[16] ;
  • L. Cassius Longinus (65), frère du précédent, triumvir monetalis vers 52, proconsul en 48 et tribun de la plèbe en 44[17] ;
  • Cassius (1), fils du césaricide ;
  • L. Cassius (14), légat lieutenant ou préfet de la marine en 48 ;
  • Cassius Scaeva (87), centurion sous César en 48 ;
  • Q. Cassius (21), légat lieutenant en 48 et peut-être préteur en 44 ;
  • L. Cassius (15), neveu du Cassius césaricide, soldat dans une légion en Syrie en 43 et proscrit par les triumvirs[18] ;
  • C. Cassius Parmensis (80), questeur en 43 et proquesteur en 42, proscrit sous le second triumvirat[19].

C’est donc une famille d’importance. Soulignons cependant la longue éclipse entre Sp. Cassius et les premiers représentants plébéiens de la famille, au IIIe siècle. Par ailleurs, c’est surtout avec sa division en différentes branches et avec l’apparition des Cassii Longini au IIe siècle que cette famille occupa durablement le devant de la scène. Cela implique sans doute une émergence des Cassii plébéiens plutôt au IIIe siècle. Ils demeurèrent une famille importante jusqu’à la fin de la République (un des meurtriers de César fut un Cassius) et perdurèrent sous l’Empire.

Notes

[1] Tac., ann., 6, 15, 1.

[2] W. Schulze, Zur Geschichte lateinischer Eigennamen, Zürich et Hildesheim : Weidmannsche Buchhandlung, 1904, p. 423 et RE, III 2, 1749-1753, n° 91 (auteur : Fr. Münzer) penchent cependant pour une origine étrusque. En revanche, E. Babelon, Description historique et chronologique des monnaies de la République romaine vulgairement appelées monnaies consulaires, Paris : Rollin et Feuardent, 1885-1886, 1, p. 323-324 ; J. Suolahti, The Junior Officers of the Roman Army in the Republican Period. A study on Social Structure, Helsinki : Weilin & Göös, 1955, p. 155, p. 284-285 et p. 351 ; Id., The Roman Censors. A Study on Social Structure, Helsinki : Weilin & Göös, 1963, p. 153-154, p. 529, p. 539 et p. 708 ; R. M. Ogilvie, A Commentary on Livy : Books 1-5, Oxford : Clarendon Press, 1984, p. 277-278 ; P.-Ch. Ranouil, Recherches sur le patriciat (509-366 av. J.-C.), Paris : Les Belles Lettres, 1975, p. 76-81, p. 150-151, p. 171-173, p. 186-187 et p. 212 et J. Hadas-Lebel, Le Bilinguisme étrusco-latin. Contribution à l’étude de la romanisation de l’étrurie, Louvain : Peeters, 2004, p. 366 pensent à une origine latine.

[3] CIL, I2, 112 (= XIV, 3088 = ILLRP, 848 = SupplIt Imagines, CIL XIV, Latium uetus praeter Ostiam, 511, Préneste).

[4] CIL, I2, 559 (= XIV, 4104 = ILS, 8564 = SupplIt Imagines, CIL XIV, Latium uetus praeter Ostiam, 787, Latium).

[5] CIL, I2, 889 (= V, 1928 = ILLRP, 1001, Rome) ; 896 (= ILLRP, 1010, Rome) ; 978 (= VI, 167 = ILS, 3682 = ILLRP, 97, Rome) ; 987 (= VI, 361 = ILS, 3103, Rome) ; 1272 (= VI, 14496, Rome) et 1410 (= VI, 28560, Rome). Sinon, cf. CIL, I2, 2054 (= XI, 1993, Pérouse) ; 2076 (= XI, 2031, Pérouse) ; 2085 (= XI, 1855, Arrezzo) ; 2114 (= XI, 5503, Assise) ; et plus loin 697 (=VIII, 10477, 1 = ILLRP, 1180a, Carthage) ; 774 (= III, 588 = ILS, 39 = ILLRP, 400, Mont Ossa) ; 2661 (= ILLRP, 695, Faventiae) et 2666 (Faventiae).

[6] RE, III 2, 1723-1725, n° 47 (auteur : C. Cichorius) et M. Chassignet, L’Annalistique romaine, 2, L’Annalistique moyenne, Paris : Les Belles Lettres, 1999, p. IX-XVI avec la bibliographie.

[7] G. Niccolini, FTP, p. 141-142.

[8] Plut., Mar., 5, 3-6.

[9] G. Niccolini, FTP, p. 189-191.

[10] T. R. S. Broughton, MRR, 3, p. 51.

[11] G. Niccolini, FTP, p. 225-229.

[12] T. R. S. Broughton, MRR, 3, p. 50 qui propose donc d’identifier L. Cassius (13) à L. Cassius Longinus (64). Cependant, Cl. Nicolet, L’Ordre équestre à l’époque Républicaine (312-43 avant J.-C.), 2, Prosopographie des chevaliers romains, Paris : De Boccard, 1974, p. 828-829 continue de séparer les deux.

[13] G. Niccolini, FTP, p. 329-335.

[14] Ibid., p. 303-308.

[15] G. Niccolini, FTP, p. 329-335 ; Fr. Hinard, Les Proscriptions de la Rome républicaine, Rome : EFR, 1985, p. 448 et É. Deniaux, Clientèles et pouvoir à l’époque de Cicéron, Rome : EFR, 1993, p. 395-396.

[16] T. R. S. Broughton, MRR, 3, p. 51.

[17] G. Niccolini, FTP, p. 346-353 ; Cl. Nicolet, L’Ordre équestre à l’époque Républicaine (312-43 avant J.-C.), 2, Prosopographie des chevaliers romains, Paris : De Boccard, 1974, p. 829-830 ; Fr. Hinard, Les Proscriptions de la Rome républicaine, Rome : EFR, 1985, p. 448-449 et J.-M. David, Le Patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine, Rome : EFR, 1992, p. 888-889.

[18] App., BC, 4, 63 et Fr. Hinard, Les Proscriptions de la Rome républicaine, Rome : EFR, 1985, p. 447.

[19] Fr. Hinard, Les Proscriptions de la Rome républicaine, Rome : EFR, 1985, p. 449.