Caecilii

Les Caecilii constituent une très importante lignée plébéienne, qui s’est maintenue tout au long de l’histoire républicaine, et dont la branche la plus considérable était celle des Caecilii Metelii. Cette famille, comme un certain nombre d’autres, élabora une tradition lui attribuant des origines mythiques dont il existe deux versions différentes. D’après la première ils descendraient du héros Caeculus, fondateur de Préneste. Dans la seconde, leur ancêtre éponyme serait Caecas, un compagnon d’Énée[1]. Par ailleurs, la femme de Tarquin l’Ancien — Tanaquil — aurait été aussi appelée par certaines sources, Gaia Caecilia[2]. Le nom même des Caecilii est peut-être d’origine étrusque et dérive d’une forme ancienne en Caicilios (Καικίλιος en grec), de la même façon que Caecina dérive de l’étrusque Ceicna[3]. En tous les cas, cette famille semble bien provenir du nord du Latium et non de Rome même, peut-être de Préneste[4]. Elle est très bien attestée par l’épigraphie mais uniquement pour les périodes républicaines tardives, principalement sur des inscriptions du Latium[5], de Campanie[6], quelques inscriptions ultramarines[7] et une de provenance inconnue[8]. Nous laissons volontairement à part les inscriptions concernant des consuls de la fin de la République car elles n’apportent rien au problème qui nous retient ici[9]. L’ensemble va plutôt dans le sens d’une origine latiale même si cet argument est fragile au vu de la date des inscriptions. Si l’on essaye de recenser les Caecilii attestés pour la République, on peut relever :

  • Q. Caecilius (19), tribun de la plèbe en 439 ;
  • L. Caecilius Metellus Denter (92), consul en 284 et préteur en 283 ;
  • C. Caecilius (10a, supb. I, 266), tribun militaire en 260 ;
  • L. Caecilius Metellus (72), consul en 251, proconsul en 250, maître de cavalerie en 249, à nouveau consul en 247, dictateur en 224, pontife avant 243 et grand pontife de 243 à 221 ;
  • L. ( ?) Caecilius Metellus (73), questeur en 214 et tribun de la plèbe en 213[10] ;
  • Q. Caecilius Metellus (81), édile plébéien en 209, édile curule en 208, maître de cavalerie en 207, légat envoyé en 207, consul en 205, dictateur en 205, légat envoyé en 204, décemvir agris dandis assignandis en 201-200, légat ambassadeur en 185-184, commissaire spécial en 183 et pontife à partir de 216 ;
  • M. Caecilius Metellus (76), édile plébéien en 208, préteur urbain et pérégrin en 206, légat ambassadeur en 205 et peut-être à nouveau en 196 ;
  • M. Caecilius (15), légat lieutenant en 200 ;
  • Un C. Caecilius (11) inconnu mentionné dans un discours de Caton l’Ancien[11] ;
  • Caecilius (10), édile de la plèbe en 189 ;
  • L. Caecilius Denter (49), préteur en Sicile en 182 ;
  • M. Caecilius Denter (50), légat ambassadeur en 173 ;
  • M. Caecilius (16), décemvir agris dandis assignandis en 173, légat ambassadeur en 172 ;
  • Q. Caecilius Metellus Macedonicus (94), légat envoyé en 168, peut-être tribun de la plèbe en 154, préteur en 148, promagistrat de 147 à 146, consul en 143, proconsul en 142, légat lieutenant en 136, censeur en 131 et augure avant 140[12] ;
  • (Caecilius) Met(ellus), monétaire vers 155-150 ;
  • Caecilius (voir 10), monétaire vers 150-133 ;
  • Q. (Caecilius) Metellus, monétaire vers 150-133 ;
  • L. Caecilius Metellus Calvus (83), préteur vers 145, consul en 142, proconsul en 141, légat ambassadeur en 140-139 et peut-être légat envoyé en 136 ;
  • Q. Caecilius Ani, sénateur en 129 ;
  • Q. Caecilius Balearicus (82), préteur vers 126, consul en 123, proconsul en 122-121 et censeur en 120 ;
  • C. (Caecilius) Metellus, monétaire vers 125-120 ;
  • M. Caecilius Metellus (77), monétaire vers 125-120, préteur vers 118, consul en 115 et proconsul en Sardaigne de 114 à 111 ;
  • L. Caecilius Metellus Dalmaticus (91), préteur vers 122, consul en 119, proconsul en 118-117, pontife et grand pontife avant 114 ;
  • L. Caecilius Metellus Diadematus (93), préteur vers 120, consul en 117, peut-être proconsul en 116 et censeur en 115 ;
  • Q. Caecilius Metellus (voir 98), monétaire vers 119-110 ;
  • C. Caecilius Metellus Caprarius (84), préteur vers 117, consul en 113, proconsul en 112-111 et censeur en 102 ;
  • Q. Caecilius Metellus Nepos (95), monétaire vers 106, préteur vers 101 et consul en 98 ;
  • Q. Caecilius Metellus Numidicus (97), peut-être monétaire vers 106, préteur vers 112, peut-être promagistrat en 111, consul en 109, proconsul en 108-106, censeur en 102 et augure à partir de 115[13] ;
  • L. Caecilius Metellus (74), monétaire vers 91, préteur en 71, promagistrat en Sicile en 70 et consul en 68 ;
  • Q. Caecilius Metellus Celer (85), tribun de la plèbe en 90 et peut-être édile en 88[14] ;
  • Caecilius Cornutus (44), préteur vers 90 et légat lieutenant en 90-88 ;
  • Q. Caecilius Metellus Pius (98), préteur en 89, proconsul de 88 à 82, légat envoyé en 87, consul en 80, proconsul de 79 à 71, pontife de 97 à 63 et grand pontife de 81 à 63 ;
  • C. Caecilius Metellus (71), sénateur avant 81 ;
  • Q. Caecilius (21), chevalier victime de la première proscription[15] ;
  • Q. Caecilius Metellus Celer (86), peut-être légat lieutenant en 78, peut-être tribun de la plèbe en 68, peut-être édile de la plèbe en 67, légat lieutenant en 66, préteur en 63, proconsul en 62, consul en 60 et augure avant 63[16] ;
  • Q. Caecilius Metellus Creticus (87), préteur en 74, consul en 69, proconsul de 68 à 65 puis de 65 à 62, légat ambassadeur en 60 et pontife avant 73[17] ;
  • Q. Caecilius Niger (101), questeur en Sicile en 72[18] ;
  • M. Caecilius (17), frère du précédent[19] ;
  • M. Caecilius (18), accusateur de L. Calpurnius Bestia ;
  • M. Caecilius Metellus (78), préteur de repetundis en 69 ;
  • Q. Caecilius Metellus Nepos (96), peut-être tribun de la plèbe en 68, légat lieutenant propréteur de 67 à 63, tribun de la plèbe en 62, préteur en 60, consul en 57 et proconsul en 56-55[20] ;
  • Q. (Caecilius) Metellus, tribun de la plèbe et légat lieutenant avant 66 ;
  • L. Caecilius Rufus (110), questeur vers 66, tribun de la plèbe en 63, préteur urbain en 57, proconsul en 56[21] ;
  • M. Caecilius Rufus (111), magistrat municipal de Signia à l’époque républicaine[22] ;
  • C. Caecilius Cornutus (43), tribun de la plèbe en 61, préteur en 57 et promagistrat en Bithynie et dans le Pont en 56[23] ;
  • C. Caecilius, chevalier arbitre d’un arrangement entre Flaccus et Sextilius Andro[24] ;
  • Q. Caecilius Metellus Pius Scipio Nasica (99), tribun de la plèbe en 59, peut-être édile curule en 57, préteur en 55, interroi en 53, consul en 52, proconsul en 49-48 puis en 48-46 et pontife de 63 à 46[25] ;
  • Caecilius (1), questeur en 59[26] ;
  • Q. Caecilius (23), oncle d’Atticus, mort en 58[27] ;
  • Q. Caecilius Atticus, tribun militaire pendant le triumvirat[28] ;
  • L. Caecilius Metellus (75), questeur vers 52 et tribun de la plèbe en 49[29] ;
  • Q. Caecilius Bassus (36), officier pompéien[30] ;
  • T. Caecilius (27), centurion primipile dans le camp pompéien ;
  • un Caecilius architecte[31] ;
  • Caecilius (ou Pomponius), tribun de la plèbe en 45[32] ;
  • Caecilius Bucilianus, sénateur en 44[33] ;
  • un Caecilius sénateur en 44 et frère du précédent, faisant parti des conjurés contre César et victime de la seconde proscription [34] ;
  • M. Caecilius Cornutus (45), préteur urbain en 43 ;
  • (Caecilius) Metellus (70), préteur à la fin de la République.

On constate donc l’importance, dans cette lignée plébéienne, de la branche des Caecilii Metelii qui demeura puissante jusqu’à la fin de la République[35]. Cependant, cette famille ne devint importante qu’à partir du IIIe siècle. Ainsi, entre le tribun de la plèbe de 439 et L. Caecilius Metellus Denter, aucune magistrature n’est attestée, ce qui témoignerait d’une certain éclipse politique au IVe siècle. En fait, il est bien plus probable que les Caecilii, dépourvus d’ancêtres pour cette période, aient inventé ce personnage. Ainsi, les Caecilii n’émergeraient sur la scène politique romaine qu’à partir du IIIe siècle.

Notes

[1] Fest., p. 38 L., s.v. Caeculus.

[2] Auct de praen., 7 ; Fest., p. 85 L., s.v. Gaia Caecilia et Plin., nat., 8, 194. Plut., QR, 30 varie légèrement puisqu’il en fait une bru de Tarquin dont la conduite exemplaire aurait été à l’origine de la formule de mariage des Romains.

[3] E. Babelon, Description historique et chronologique des monnaies de la République romaine vulgairement appelées monnaies consulaires, Paris : Rollin et Feuardent, 1885-1886, I, p. 257-258 ; W. Schulze, Zur Geschichte lateinischer Eigennamen, Zürich et Hildesheim : Weidmannsche Buchhandlung, 1904, p. 75, p. 454 et p. 579 ; J. Suolahti, The Junior Officers of the Roman Army in the Republican Period. A study on Social Structure, Helsinki : Weilin & Göös, 1955, p. 155, p. 157, p. 162 et p. 349 ; J. Reichmuth, Die lateinischen Gentilicia und ihre Beziehungen zu den römischen Individualnamen, Schwyz : Buchdruckerei Erwin Eberhard, 1956, p. 110-111 et p. 116 qui propose une origine dérivée du latin Caecus et J. Suolahti, The Roman Censors. A Study on Social Structure, Helsinki : Weilin & Göös, 1963, p. 403-405, p. 539 et p. 707.

[4] La mention des tribus, même si elle semble aller dans ce sens, apporte peu d’indications. Voir L. Ross Taylor, The Voting Districts of the Roman Republic, The Thirty Five Urban and Rural Tribes, Rome : American Academy in Rome, 1960, p. 198.

[5] CIL, I2, 744 (= VI 1299 = 31590 = ILS, 5800 = ILLRP, 465a, Rome) ; 932 (= ILLRP, 1050, Rome) ; 1033 (= VI, 8229, Rome) ; 1034 (= VI, 8230 = ILS, 7839d = ILLRP, 878, Rome) ; 1035 (= VI, 8231, Rome) ; 1036 (= VI, 8232, Rome) ; 1037 (= VI, 8233, Rome) ; 1261 (= VI, 34695, Rome) ; 1262 (= VI, 13754 = SupplIt Imagines, CIL, VI, 2, Musei Vaticani, 1, Antiquarium communale del Celio, 3072, Rome) ; 1263 (= VI, 2247 = ILS, 4405 = ILLRP, 159, Rome) ; 1264 (= VI, 13783 = SupplIt Imagines, CIL, VI, 2, Musei Vaticani, 1, Antiquarium communale del Celio, 3082, Rome) ; 2422 (Rome) ; 1202 (= VI, 13696 = ILS, 8121 = ILLRP, 970, via Appia) ; 1260 (= VI, 13719, via Labicana mil. III) ; 833 (Gabii ?) ; 761 (= XIV, 2464 = ILS, 880 = ILLRP, 391, Castrimoenium) ; 733 (= XIV, 3588, Tibur) ; 1430 (= XIV, 2090 = ILS, 3097 = ILLRP, 170 = SupplIt Imagines, CIL XIV, Latium uetus praeter Ostiam, 72, Lanuvium) ; 1503 (= X, 5961 = ILS, 5440 = ILLRP, 135, Signia) ; 1555 (= ILLRP, 764, Terracine) et 1556 (= X, 8271, Terracine).

[6] CIL, I2, 681 (= X, 3789 = ILS, 3609 = ILLRP, 718, Capoue) ; 1546 (= X, 5222, Casinum) ; 1645 (= IV, 29 = ILS, 6398 = ILLRP, 1130, Pompéi) ; 1726 (= IX, 1509, Pesco) ; 1759 (= IX, 2802 = ILS, 5896 = ILLRP, 552, Castel di Sangro) ; 2556 (= XI, 7666, Caere) ; 2557 (= XI, 7668, Caere) et 2558 (= XI, 7667, Caere). Avec aussi une attestation en Sicile, CIL, I2, 758 (= X, 219 = ILS, 5330).

[7] CIL, I2, 746 (= III, 531 = ILS, 867 = ILLRP, 374, Argos) ; 2232 (= III, 7212 = ILLRP, 750, Délos) ; 2504 (= ILS, 9417 = ILLRP, 759, Délos) ; 2277 (= II, 3676, Baléares) et 2293 (Narona).

[8] CIL, I2, 955 (= XI, 6673, 4 = ILS, 8646d).

[9] Par exemple CIL, I2, 633 (= V, 2491 = ILS, 5944a = ILLRP, 476) et 634 (= V, 2492 = ILS, 5944).

[10] G. Niccolini, FTP, p. 92-93.

[11] Discours cité par Fest., p. 282 L., s.v. prodidisse.

[12] J.-M. David, Le Patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine, Rome : EFR, 1992, p. 676-677.

[13] Ibid., p. 702-703.

[14] G. Niccolini, FTP, p. 222-225.

[15] Cl. Nicolet, L’Ordre équestre à l’époque Républicaine (312-43 avant J.-C.), 2, Prosopographie des chevaliers romains, Paris : De Boccard, 1974, p. 806-807 et Fr. Hinard, Les Proscriptions de la Rome républicaine, Rome : EFR, 1985, p. 339-340.

[16] J.-M. David, Le Patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine, Rome : EFR, 1992, p. 818-819.

[17] Ibid., p. 758-759.

[18] Cl. Nicolet, L’Ordre équestre à l’époque Républicaine (312-43 avant J.-C.), 2, Prosopographie des chevaliers romains, Paris : De Boccard, 1974, p. 807-808 et J.-M. David, Le Patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine, Rome : EFR, 1992, p. 781-782.

[19] Cl. Nicolet, L’Ordre équestre à l’époque Républicaine (312-43 avant J.-C.), 2, Prosopographie des chevaliers romains, Paris : De Boccard, 1974, p. 807.

[20] J.-M. David, Le Patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine, Rome : EFR, 1992, p. 819-820.

[21] G. Niccolini, FTP, p. 266-272 et J.-M. David, Le Patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine, Rome : EFR, 1992, p. 820.

[22] M. Cébeillac-Gervasoni, Les Magistrats des cités italiennes de la seconde guerre punique à Auguste. Le Latium et la Campanie, Rome : EFR, 1998, p. 72-73, p. 82 n. 38 et p. 182.

[23] G. Niccolini, FTP, p. 275-277.

[24] Cl. Nicolet, L’Ordre équestre à l’époque Républicaine (312-43 avant J.-C.), 2, Prosopographie des chevaliers romains, Paris : De Boccard, 1974, p. 808.

[25] G. Niccolini, FTP, p. 279-285.

[26] T. R. S. Broughton, MRR, 3, p. 35.

[27] Cl. Nicolet, L’Ordre équestre à l’époque Républicaine (312-43 avant J.-C.), 2, Prosopographie des chevaliers romains, Paris : De Boccard, 1974, p. 809-810.

[28] T. R. S. Broughton, MRR, 3, p. 35.

[29] G. Niccolini, FTP, p. 329-335.

[30] Cl. Nicolet, L’Ordre équestre à l’époque Républicaine (312-43 avant J.-C.), 2, Prosopographie des chevaliers romains, Paris : De Boccard, 1974, p. 810-811.

[31] T. R. S. Broughton, MRR, 3, p. 35.

[32] G. Niccolini, FTP, p. 343-345.

[33] Fr. Hinard, Les Proscriptions de la Rome républicaine, Rome : EFR, 1985, p. 435.

[34] T. R. S. Broughton, MRR, 3, p. 35 et Fr. Hinard, Les Proscriptions de la Rome républicaine, Rome : EFR, 1985, p. 434-435.

[35] Pour une généalogie des Caecilii Metellii, voir RE, III 1, 1229-1230 et BNP, 2, p. 874-875.