Alienii

Cette famille plébéienne est très mal connue. On a parfois émis l’hypothèse que son nom ait été d’origine étrusque mais sans certitude[1] et elle n’a laissé quasi aucune trace dans l’histoire de la République romaine hormis deux personnages d’importance moyenne au Ier siècle. Leur origine est difficile à préciser. E. Pais rappelle que ce nom fait penser au fleuve Alia (ou Allia) et, surtout, que la suffixation conviendrait plus à une origine du Picenum ou des régions voisines[2]. Il semblerait en outre que la forme « Allienus » soit plus courante à la fin de la République[3]. C’est en tout cas sous cette version qu’elle est attestée, au Ier siècle, sur une inscription de Rome qui renvoie sans doute au préteur de 49[4]. Le reste de la documentation épigraphique est au moins aussi tardif et des Alienii sont ainsi mentionnés à Rome et sur des inscriptions d’Apulie où la famille put s’installer une fois la région passée sous le contrôle de l’Vrbs[5]. Les Alienii républicains sont :

  • L. Alienus (2), tribun de la plèbe en 456/455 puis édile de la plèbe en 454[6] ;
  • Alienus (1), subscriptor de Q. Caecilius en 70[7] ;
  • Allienus (3), légat lieutenant en 61-59, peut-être tribun de la plèbe en 55, préteur en 49, proconsul en Sicile en 48-46 et légat lieutenant de Trebonius puis de Dolabella en 44-43[8].

L’historicité même d’un tel nom pour l’époque ancienne fait débat. Ogilvie en nie la possibilité mais sans apporter d’argument décisif pour étayer cette affirmation[9]. Il en va de même pour P.-Ch. Ranouil qui estime que l’association de ces procès tribunitiens à des noms de famille du Ier siècle est due à l’annalistique et, notamment, à Valerius Antias, qui utilisait cette pratique pour honorer certaines familles de son époque, argument qui pourrait être pertinent dans le cas d’une famille importante, ce qui n’est pas le cas ici[10]. L’historicité d’une telle famille à l’époque alto-républicaine est donc délicate à affirmer car elle a, à tout le moins, fait l’objet d’importantes reconstructions historiographiques[11]. En revanche, imaginer que les Allienii de la fin de République descendent du tribun de 456-455 est très improbable.

Notes

[1] W. Schulz, Zur Geschichte lateinischer Eigennamen, Zürich et Hildesheim : Weidmannsche Buchhandlung, 1904, p. 105 et A. Carnoy, « Étymologie des noms romains d’origine étrusque », Ant. Class., 25, 1956, p. 389. Sans lui attribuer d’origo précise, P. Willems, Le Sénat de la République romaine, sa composition et ses attributions, Louvain et Paris : Peeters et A. Durand et Pedone-Lauriel, 1, 1878, p. 86 n. 9 précise que le nom n’est pas romain.

[2] E. Pais, Ricerche sulla storia e sul diritto pubblico di Roma, Rome : P. Maglione & C. Strini, 3, 1918, p. 19. On trouve déjà cette idée chez P. Willems, P. Willems, Le Sénat de la République romaine, sa composition et ses attributions, Louvain et Paris : Peeters et A. Durand et Pedone-Lauriel, 1, 1878, p. 181 n. 17.

[3] D. R. Shackleton Bailey, Two Studies in Roman Nomenclature, New York : APhA, 1991, p. 6.

[4] CIL, I2, 1237 (= VI, 5961 = ILS, 7850 = ILLRP, 396).

[5] Cf. Epigrafia e ordine senatorio. Atti del Colloquio Internazionale AIEGL (Roma, 14-20 maggio 1981), Rome : Edizioni di storia e letteratura, 2, 1982, p. 148 et p. 159.

[6] G. Niccolini, FTP, p. 24-25.

[7] J.-M. David, Le Patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine, Rome : EFR, 1992, p. 777-778 et volume I p. 591.

[8] Sur ce personnage, se reporter aussi à T. R. S. Broughton, MRR, 3, p. 14-15 et É. Deniaux, Clientèles et pouvoir à l’époque de Cicéron, Rome : EFR, 1993, p. 388-389.

[9] R. M. Ogilvie, A Commentary on Livy : Books 1-5, Oxford : Clarendon Press, 1984, p. 448.

[10] P.-Ch. Ranouil, Recherches sur le patriciat (509-366 av. J.-C.), Paris : Les Belles Lettres, 1975, p. 99.

[11] Sur lesquelles cf. le volume I, p. 591-593.