Albinii

Les Albinii sont une famille plébéienne ancienne et fort méconnue. L’origine du nom pourrait être italique ou romaine, sans précisions supplémentaires possibles. L’historiographie leur a parfois attribué une origine étrusque sur la base d’un gentilice Alb- mais rien ne la prouve. Par ailleurs, ce gentilice doit bien être orthographié Albinius et non Albinus, suivant une correction des manuscrits qui remonte à Sigonius[1]. Peu d’Albinii nous sont connus :

  • L. Albinius C. f. Paterculus (4), membre du premier collège tribunitien en 493[2] ;
  • L. Albinius (2) qui se fit remarquer lors de l’invasion gauloise de 390 par son dévouement envers les Vestales[3] ;
  • M. Albinius (3), tribun militaire à pouvoirs consulaires en 379[4].

Ce sont là les trois seuls Albinii connus pour l’ensemble de la République puisque le C. Albinius (1) mentionné par Cicéron est en fait un Albanius[5]. Ces différentes traces plaident pour l’existence de cette famille plébéienne à une très haute époque et ce d’autant plus qu’elle disparut ensuite complètement de l’échiquier politique pour ne réapparaître que sous l’Empire avec un L. Albinius Saturninus, sénateur et sodalis Antoninianus avant 169 après J.-C.[6], ou un Lucceius Albinus, avocat, qui plaida avec Pline le Jeune dans le procès de Caecilius Classicus[7]. Cela rend douteuse toute hypothèse d’interpolation d’autant que l’histoire de L. Albinius, le protecteur des vestales, est bien attestée. Ce dernier s’illustra lors de la prise de Rome par les Gaulois. Alors qu’il fuyait l’Vrbs avec sa famille, il vit les vestales qui s’en allaient à pied en portant les objets du culte. Il fit descendre sa famille de son chariot pour que les vestales et leurs précieux trésors puissent y prendre place[8]. L’épisode a de fortes probabilités d’être authentique[9].

Notes

[1] W. Schulze, Zur Geschichte lateinischer Eigennamen, Zürich et Hildesheim : Weidmannsche Buchhandlung, 1904, p. 118-120 ; H. Rix, Das Etruskische Cognomen. Untersuchungen zu System, Morphologie und Verwendung der Personennamen auf den jüngeren Inschriften Nordetruriens, Wiesbaden : Otto Harrassowitz, 1963, p. 62 ; R. M. Ogilvie, A Commentary on Livy : Books 1-5, Oxford : Clarendon Press, 1984, p. 313 et p. 724 et P.-Ch. Ranouil, Recherches sur le patriciat (509-366 av. J.-C.), Paris : Les Belles Lettres, 1975, p. 189, p. 197-199 et p. 252-253.

[2] G. Niccolini, FTP, p. 1-6.

[3] CIL, I2, I, p. 191.

[4] CIL, I2, I, p. 122-123.

[5] D. R. Shackleton Bailey, « Albanius or Albinius? A Palinode resung », HSPh, 92, 1989, p. 212-213, Id., Two Studies in Roman Nomenclature, New York, 1991, p. 5 et T. R. S. Broughton, MRR, 3, p. 13-14. Seuls des Albanii sont attestés par l’épigraphie. Cf. CIL, I2, 26 (= VI, 30842 = ILS, 3833 = ILLRP, 36), 383 (= IX, 5351 = ILS, 6132 = ILLRP, 593) et 933 (= ILLRP, 1051).

[6] CIL, X, 4750.

[7] Plin., Ep., 3, 9, 7.

[8] L’anecdote se trouve chez Flor., epit., 1, 7, 13 ; Liv., 5, 40, 9 ; Plut., Cam., 21 ; Str., 5, 2, 3 (sans mention d’Albinius) ; Val. Max., 1, 1, 10 et ses abréviateurs Paris, 1, 1, 10 et Nepotian, 1, 1, 10. Cet épisode était célébré au forum d’Auguste mais sans le nom de Lucius Albinius. Voir là-dessus : CIL, I², 1, p. 191 et A. Degrassi, InscrIt, XIII, 3, p. 18-19, n° 11 mais aussi E. Pais, Ricerche sulla storia e sul diritto pubblico di Roma, Rome : P. Maglione & C. Strini, 3, 1918, p. 17.

[9] Voir M. Sordi, I Rapporti romano-ceriti e l’origine della ciuitas sine suffragio, Rome : « L’Erma » di Bretschneider, 1960, p. 49-52 ; J. Gagé, « Le chariot d’Albinius et le transfert des sacra au temps de l’invasion gauloise à Rome », dans M. Renard et R. Schilling, Hommages à Jean Bayet, Bruxelles : Latomus, 1964, p. 214-241 ; W. V. Harris, Rome in Etruria and Umbria, Oxford : Clarendon Press, 1971, p. 45 et T. J. Cornell, The Beginnings of Rome, Italy and Rome from the Bronze Age to the Punic Wars (c. 1000-264 BC), Londres et New York : Routledge,1995, p. 316-317. Notons aussi que Schol. Cruq sur Hor., Ep., 1, 6, 62 (Keller, 2, p. 235) rapporte l’histoire de ce personnage auquel Arist., frgt 568 Rose fait peut-être également allusion. Cf. M. Humm, Appius Claudius Caecus. La République accomplie, Rome : EFR, 2005, p. 70, n. 127. Mettons à part l’hypothèse de R. E. A. Palmer, The Archaic Community of the Romans, Cambridge : CUP, 1970, p. 162-164 qui propose de voir dans ce personnage un flamen de Quirinus.