Caedicii

Cette famille plébéienne fut surtout importante au IIIe siècle, avant de connaître une éclipse à la fin de la République. Peu d’inscriptions mentionnent des Caedicii. La plus ancienne, en caractères grecs, date d’environ 300 et provient d’Italie méridionale[1]. Parmi les inscriptions latines, une du Latium datant du IIe siècle porte la simple mention Caedicia[2] tandis qu’un cippe prénestin de datation difficile (peut-être le IIIe siècle) mentionne un L. Caedicius[3]. Deux autres inscriptions, plus tardives, proviennent de Cumes[4] et de Pitinum Mergens[5]. Ce gentilice pourrait être étrusque mais a également été rapproché d’éléments linguistiques samnites. De fait, les Caedicii sont souvent dits originaires de Campanie et peut-être de Suessa Aurunca[6] ou de Sinuessa, ville près de laquelle Pline l’Ancien mentionne un Vicus Caedicius[7]. On notera que Suolahti changea d’avis quant à leur origine puisqu’il proposa par la suite une origine latiale voire étrusque alors que le dossier épigraphique ne fournit pas d’indications sûres[8]. Pour la période républicaine, peu de Caedicii ayant occupé des fonctions officielles sont connus et les plus tardifs ne le sont que par les inscriptions :

  • L. Caedicius (3), tribun de la plèbe en 475 ;
  • M. Caedicius (5), qui est simplement dit être de plebe en 391 ;
  • Q. Caedicius (6), centurion en 390 ;
  • C. Caedicius (2), légat à Aquilonia en 293[9] ;
  • Q. Caedicius Noctua (10), consul en 289, censeur en 283 ;
  • Q. Caedicius (7), tribun militaire en 258 ;
  • Q. Caedicius (8), consul en 256 ;

Sur cette base, on peut proposer la reconstitution généalogique suivante :

Caedicius

Pour les Caedicii plus anciens, le centurion de 390 et le plébéien qui entendit une voix près du temple des vestales en 391 étaient sans doute apparentés. Peut-être descendaient-ils du tribun de 475 mais rien ne permet de l’affirmer. Ils sont le support de récits légendaires qui peuvent faire douter de leur authenticité et dans lesquels l’aspect militaire joue un rôle central, donnant à voir un bel exemple de tradition familiale[10]. Les Caedicii ne disparurent cependant pas complètement par la suite puisque la lignée persista sous l’Empire où l’on connaît par exemple un C. Caedicius Agrippa, curator riparum et aluei Tiberis sous le règne de Tibère et une Caedicia[11].

Notes

[1] Imag. Ital., 3, p. 1475-1477 Petelia 2.

[2] CIL, I2, 97.

[3] Cippi prenestini, p. 77, n° 21, 1.

[4] CIL, I2, 1614.

[5] CIL, I2, 2122 (= VI, 28389 = XI, 5981).

[6] W. Schulze, Zur Geschichte lateinischer Eigennamen, Zürich et Hildesheim : Weidmannsche Buchhandlung, 1904, p. 522 ; J. Suolahti, The Junior Officers of the Roman Army in the Republican Period. A study on Social Structure, Helsinki : Weilin & Göös, 1955, p. 155 et p. 349 ; A. Carnoy, « Étymologie des noms romains d’origine étrusque », Ant. Class., 25, 1956, p. 391 et Epigrafia e ordine senatorio. Atti del Colloquio Internazionale AIEGL (Roma, 14-20 maggio 1981), Rome : Edizioni di storia e letteratura, 2, 1982, p. 34, p. 52, et p. 85 pour des inscriptions du début de l’Empire.

[7] Plin., nat., 14, 62. Cf. M. Cébeillac-Gervasoni, Les Magistrats des cités italiennes de la seconde guerre punique à Auguste. Le Latium et la Campanie, Rome : EFR, 1998, p. 142, p. 149, p. 161, p. 164-165, et p. 254.

[8] J. Suolahti, The Roman Censors. A Study on Social Structure, Helsinki : Weilin & Göös, 1963, p. 537 et p. 707.

[9] T. R. S. Broughton, MRR, 2, p. 540 et V. Basanoff, « Les Caedicius dans la tradition romaine (Tradition mythologique des annales, 3) », Latomus, IX, 1950, p. 263-264.

[10] Cf. V. Basanoff, « M. Caedicius de plebe… et… Q. Caedicius centurio. Tradition mythologique des annales, 1 », Latomus, IX, 1950, p. 13-26 ; Id., « Q. Caedicius, tribunus militum. Tradition mythologique des annales, 2 », Latomus, IX, 1950, p. 257-262 ; Id., « Les Caedicius dans la tradition romaine (tradition mythologique des annales, 3) », Latomus, IX, 1950, p. 263-264 ; Id., « Caius Caedicius, legatus à Aquilonia (tradition mythologique des annales, 4) », Latomus, IX, 1950, p. 265-272 ; J. Gagé, « Énée, Faunus et le culte de Silvain “pélasge”. À propos de quelques traditions de l’Italie méridionale », MEFR, 73, 1961, p. 89-101 ; Id., « Comment Énée est devenu l’ancêtre des Silvii albains », MEFRA, 88/1, 1976, p. 20-21 et Id., « Les superstitions de l’écorce et le rôle rituel de futs ou de troncs d’arbres dans l’Italie primitive », MEFRA, 91/2, 1979, p. 554-559 et p. 562, qui propose aussi de rapprocher le nom de Caedicius de celui de Cethegus. Voir aussi St. P. Oakley, A Commentary on Livy, Books VI-X, 4, Book X, Oxford : Clarendon Press, 2005, p. 421 et volume I p. 703-705.

[11] R. M. Ogilvie, A Commentary on Livy : Books 1-5, Oxford : Clarendon Press, 1984, p. 370 et V. Basanof, « Les Caedicius dans la tradition romaine (tradition mythologique des annales, 3) », Latomus, IX, 1950, p. 263-264.