M. Menenius

RE, XV 1, 840, n° 9 (auteur : Fr. Münzer), BNP, 8, 683, n° 4 (auteur : Chr. Müller) et G. Niccolini, FTP, p. 54.

Sources

App., Ital., 9 ; D.S., 15, 35, 3 (situant l’événement en 385) ; D.C., 7, frgt 26, 1-3 Boissevain ; Gell., 17, 2, 14 et 17, 21, 24 ; Liv., 6, 19, 5-7 et 6, 20, 1-14 ; Paris, 6, 3, 1a ; Plut., Cam., 36, 2-9 ; Val. Max., 6, 3, 1a ; Vir. ill., 24 et Zonar., 7, 23.

Notice

M. Menenius fut tribun de la plèbe en 384. Si ce personnage est très mal connu, il est cependant faux d’affirmer, comme le fait Oakley, qu’aucun autre Menenius plébéien n’est connu. Ranouil a, au contraire, fort justement montré la coexistence d’une stirps patricienne et d’une stirps plébéienne de cette famille à cette époque[1]. Il ne faut ainsi pas retenir la proposition de correction de Sigonius qui transformait le nom de Menenius en Maenius, mais bien rattacher ce Menenius à l’importante famille des Menenii. En tant que tribun, M. Menenius aurait, avec son collègue Q. Publilius, et en accord avec le Sénat, accusé devant le peuple M. Manlius Capitolinus pour trahison[2]. Le procès de M. Manlius Capitolinus est particulièrement complexe car il a fait l’objet de multiples réécritures historiographiques. Il existe en effet au moins trois versions différentes de l’affaire, à partir d’un noyau primordial correspondant à la mise à mort de Manlius : une simple exécution extrajudiciaire, une procédure conduite par des duumvirs et une version mettant en scène les tribuns de la plèbe. Les historiens antiques ont donc particulièrement retravaillé cette histoire en s’inspirant de ce qu’ils savaient des processus en cours à l’époque archaïque. Pour toutes ces raisons, il nous semble que l’authenticité de ces tribuns ne peut pas être acceptée même s’ils nous apprennent beaucoup des évolutions de la société romaine au tournant des IVe et Vesiècles. En particulier, la version tribunitienne du procès permet d’intéressantes conclusions quant aux rapports plèbe/patriciat et quant au sens de la procédure tribunitienne[3].

Notes

[1] St. P. Oakley, A Commentary on Livy, Books VI-X, 1, Introduction and Book VI, Oxford : Clarendon Press, 1997, p. 555-556 et P.-Ch. Ranouil, Recherches sur le patriciat (509-366 av. J.-C.), Paris : Les Belles Lettres, 1975, p. 171-175.

[2] La sédition de M. Manlius Capitolinus a suscité une abondante bibliographie depuis l’étude fondatrice de Th. Mommsen, « Sp. Cassius, M. Manlius, Sp. Maelius, die drei Demagogen der älteren republikanischen Zeit », Hermes, 5, 1871, p. 228-271 (= Römische Forschungen, 2, Berlin : Weidmann, 1879, p. 153-220). Outre des ouvrages anciens comme B. G. Niebuhr, Histoire romaine, traduit de l’allemand sur la 3e édition par P.-A. de Golbéry, Bruxelles : Société belge de librairie, 1842, p. 582-592, mentionnons les études les plus importantes qui sont revenues sur cette question, et en particulier C. Barbagallo, « Critica e storia tradizionale a proposito della sedizione e del processo di M. Manlio Capitolino », RFIC, 40, 1912, p. 216-245 et p. 411-437 ; J. Gagé, « La rogatio petillia et le procès de P. Scipion. Sur une procédure latine archaïque contre l’hostis Capitolinus », RPh., 27, 1, 1953, p. 45-55 ; Tite-Live, Histoire romaine, VI, texte ét. et tr. par J. Bayet, appendice, 1966, p. 107-126 ; R. A. Bauman, The duumviri in the Roman criminal law and in the Horatius Legend, Wiesbaden : Fr. Steiner Verlag, 1969 ; A. W. Lintott, « The Tradition of Violence in the Annals of the Early Republic », Historia, 19, 1, 1970, p. 12-29 ; R. J. Seager, « Populares in Livy and the Livian tradition », CQ, 27, 1977, p. 377-390 ; T. P. Wiseman, « Topography and Rhetoric: the Trial of Manlius », Historia, 28, 1979, p. 32-50 ; J. Lipovsky, A Historiographical Study of Livy Books VI-X, New York : Arno Press, 1981, p. 33-38 ; P.-M. Martin, L’Idée de royauté à Rome, 1, Des origines au consensus républicain, Clermond-Ferrand : Adosa, 1982 et 1994, p. 339-344, p. 351-354 et p. 367-372 ; A. Valvo, « Ricerche sulla tradizione intorno a M. Manlio Capitolino », 1, 2 et 3, MGR, 1980, 7, p. 311-324, p. 325-348 et MGR, 8, 1982, p. 189-225 ; Id., « La Sedizione di Manlio Capitolino in Tito Livio », MIL, 38/1, 1983, p. 5-64 ; Id., « Il cognomen Capitolinus in età repubblicana e il sorgere dell’area sacra sull’arce e il Campidoglio », dans M. Sordi (éd.), Contributi dell’Istituto di storia antiqua, 10, I santuari e la guerra nel mondo classico, Milan : Vita e pensiero, 1984, p. 92-106 ; M. K. Jaeger, « Custodia fidelis memoriae: Livy’s story of M. Manlius Capitolinus », Latomus, 52, 1993, p. 350-363 ; J. Cels-Saint-Hilaire, La République des Tribus : du droit de vote et de ses enjeux aux débuts de la République Romaine (495-300 av. J.-C.), Toulouse : PUM, 1995, p. 242-247 avec la bibliographie et St. P. Oakley, A Commentary on Livy, Books VI-X, 1, Introduction and Book VI, Oxford : Clarendon Press, 1997, p. 476-493 qui fait un point très complet sur l’affaire, ses sources et la bibliographie même s’il oublie l’ouvrage de J. Cels-Saint-Hilaire.

[3] Cf. le volume publié pour le chapitre sur les procès tribunitiens.